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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/26

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à ceux qui sont encore soumis à l’empire du démon ? Vous le savez, vous tous qui avez été baptisés. Rappelez a votre mémoire ces paroles que vous, prononçâtes en renonçant à le servir, à genoux devant celui que vous preniez pour votre roi : paroles redoutables qui nous disent assez que nous ne devons plus obéir au démon en quoi que ce soit.
Le démon, le diacre l’appelle un adversaire : car il ne cesse de calomnier Dieu auprès des hommes, et les hommes auprès de Dieu. Autrefois ne calomniait-il pas Job auprès du Seigneur, quand il disait : « Job n’a-t-il pas intérêt à servir Dieu ? » (Job. 1,9-16) Ne calomnie-t-il pas Dieu auprès de Job, quand il lui dit : « Le feu est descendu du ciel ? » N’en agit-il pas de même auprès d’Adam et d’Eve, en lui affirmant que leurs yeux seront ouverts ? Et quand il dit aux hommes : « Dieu ne s’occupe point de ce monde visible ; c’est aux démons qu’il abandonne le soin de vos affaires » ; n’est-ce pas encore là calomnier le Seigneur ? Que de Juifs prêtèrent l’oreille à ses calomnies contre le Christ, qu’il appelait imposteur et magicien ! Maintenant voulez-vous savoir comment il s’y prend ? S’il rencontre une âme que n’inspire point la divine sagesse, qui met en oubli les commandements de Dieu, qui n’observe point ses justices, il s’en empare et l’entraîne à sa suite. Si Adam s’était rappelé l’ordre de son Dieu : « Mange des fruits de tous les arbres, etc. » ; s’il eût tenu compte de cette menace : « Du jour où vous en mangerez, vous mourrez de mort » (Gen. 2,17), eût-il subi la peine qu’il a subie ?
« Que Dieu leur accorde au temps favorable le bain de la régénération et la rémission de leurs péchés ». Nos demandes se rapportent, les unes au présent, les autres, à l’avenir. Nous exprimons les effets du baptême, et leur apprenons tout ce qu’il a de salutaire. Nous les habituons, à regarder le baptême comme une seconde naissance, à comprendre que ces eaux sacrées nous donnent la vie surnaturelle, comme nos mères nous ont donné la vie temporelle. Nous ne voulons pas qu’ils disent avec Nicodème « Comment un homme déjà vieux peut-il naître ? Peut-il entrer dans le sein de sa mère, et naître une seconde fois ? » (Jn. 3,4) Cette rémission des péchés dont il vient de parler, il y revient encore : « Qu’il leur accorde le vêtement de l’immortalité ». Le baptisé est élevé à la dignité de Fils de Dieu ; désormais il est donc immortel. Que signifient ces mots : « En temps favorable » ? Recevoir le baptême en temps opportun, c’est le recevoir dans de bonnes dispositions, avec une âme remplie d’ardeur et de foi : voilà le temps véritablement opportun.
« Qu’il bénisse leur entrée et leur sortie, qu’il bénisse leur vie tout entière ». Ici on nous prescrit de demander pour eux des bénédictions temporelles ; et cela, parce qu’ils sont encore trop faibles. « Qu’il bénisse leurs maisons et leurs familles ». C’est-à-dire, leurs serviteurs, ou leurs proches, ou leurs amis. Telles étaient les récompenses de l’ancienne Loi ; et rien alors n’était pénible comme le veuvage, la stérilité, une mort prématurée, la famine, les revers. Le diacre leur permet donc de se complaire encore dans ces demandes des biens temporels, et peu à peu il les fait monter plus haut. N’est-ce pas aussi ce que fait Jésus-Christ, ce que fait saint Paul ? Ne rappellent-ils pas eux-mêmes les antiques bénédictions ? Jésus-Christ dans ces paroles : « Bienheureux ceux qui sont doux ! car ils posséderont la terre ». Et saint Paul, quand il dit : « Honore ton père et ta mère, afin que tu vives longtemps sur la terre ».
8. « Qu’il bénisse leurs enfants, qu’il les conduise à la perfection de l’âge et les forme à la sagesse ». Ici encore il sollicite pour eux des bienfaits temporels et spirituels. Mais ensuite il n’a plus en vue que les dons spirituels. « Qu’il dirige toutes leurs entreprises selon leur utilité » ; non pas seulement leurs entreprises, mais selon leur avantage. Souvent en effet on se propose un voyage, mais ce voyage n’est pas utile ; on se – propose autre chose qui n’offre elle-même aucune utilité. Ainsi nos catéchumènes peuvent apprendre qu’en toute circonstance il faut louer Dieu, qui ne perd jamais de vue notre intérêt. Cette prière achevée, le diacre leur ordonne de se lever. Jusque-là ils étaient prosternés ; maintenant qu’ils ont prié et que la confiance remplit leurs âmes, on les invite à se lever et à prier Dieu par eux-mêmes. Nous prions d’abord nous-mêmes ; nous leur ouvrons, pour ainsi dire, les portes de la prière, et ensuite nous leur abandonnons le soin de prier à leur tour. Ce sont, pour ainsi dire, des enfants que nous instruisons, et qui doivent ensuite prendre eux-mêmes la parole. Nous leur disons donc :