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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/27

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« Demandez l’ange de la paix, ô catéchumènes ! » N’y a-t-il pas en effet l’ange du tourment, comme il est dit dans le psaume : « Les troubles suscités par les mauvais anges ? » Il y a un ange exterminateur. Aussi leur enjoignons-nous de demander l’ange de la paix, et leur apprenons-nous ainsi à demander le bien qui résume tous les autres, cette paix qui les préserve de tout combat, de toute guerre, de toute dissension.
« Ne vous proposez rien que de pacifique ». – Ayez la paix, et tout fardeau, même le plus lourd ; vous devient léger. Et c’est pourquoi le Christ disait : « Je vous donne ma paix ». Le démon n’a point d’arme plus puissante et plus terrible que la lutte, la guerre, les dissensions. « Demandez la paix pour cette journée, et pour tous les jours de votre vie ». Voyez-vous comme il leur enjoint encore de pratiquer la vertu toute leur vie ? « Demandez, que votre fin soit chrétienne ; demandez en un mot tout ce qui est bien, tout ce qui est utile ». Ce qui n’est pas honnête, en effet, ne saurait être utile. Nous avons de l’utile une toute autre opinion que le vulgaire. « Recommandez-vous au Dieu vivant et à son Christ ». Nous ne les exhortons pas encore à prier pour le prochain ; c’est assez qu’ils puissent déjà prier pour eux-mêmes. Qu’elle est belle ; qu’elle est parfaite cette prière ! Quelle doctrine et quelle règle de conduite ! Nommer l’Évangile, rappeler ce vêtement d’immortalité, ce bain de la régénération, n’est-ce pas en peu de paroles comprendre tous les dogmes chrétiens ? Quant à la vie chrétienne, n’en traçons-nous pas le modèle dans ces expressions, : « Une âme toute divine ; de sages pensées » ; et le reste. Nous leur ordonnons ensuite d’incliner la tête, pour recevoir les bénédictions de Dieu, gage certain que les prières ont été exaucées. Ce n’est point l’homme en effet qui bénit, mais par les mains et par la voix du prêtre nous offrons leurs têtes au Roi suprême. Et tous s’écrient alors : «  Amen ».
Pourquoi ce discours ? Pour vous montrer que nous devons nous intéresser au bonheur de nos – frères ; et pour rappeler aux fidèles que toutes ces prières récitées pour les catéchumènes, ils doivent y prendre part. Ce n’est pas aux murs que s’adresse le diacre, quand il dit : « Prions pour les catéchumènes. » Mais il en est d’assez insensés, d’assez lâches, d’assez dissolus pour se tenir mal, pour lier des conversations, non seulement au moment de la prière pour les catéchumènes, mais encore pendant la prière pour les fidèles. Aussi on se corrompt, on se perd ; et comment en serait-il autrement ? C’est au moment même où nous pourrions nous rendre Dieu propice que nous excitons sa colère en nous retirant. On nous enjoint de prier pour les évêques ; pour les prêtres, pour les empereurs, pour les princes, pour la terre et pour la mer, pour la sérénité de l’air, pour l’univers tout entier, et d’implorer sur tous la divine miséricorde. Nous devrions avoir assez de crédit auprès de Dieu pour intercéder en « faveur des autres, et nous mettons de la négligence à prier même pour nous ! Comment serions-nous donc excusables ? Ah ! je vous en conjure, rappelez-vous mes paroles, saisissez avec bonheur le temps de la prière, élevez vos âmes, abandonnez la terre, montez jusqu’au ciel, afin de vous rendre Dieu propice et d’obtenir les biens qu’il vous promet. Puissions-nous y arriver un jour par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.