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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/302

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et encore : « Vous avez tant souffert en vain, si toutefois c’est en vain ». (Gal. 6,4) « Or, si quelqu’un n’a pas l’esprit du Christ, celui-là n’est point à lui ». Il ne dit pas : Si vous n’avez pas, mais transporte sur d’autres une supposition pénible.
« Mais si le Christ est en vous… (10) ». De nouveau il suppose que le Christ est en eux. Ce qui pouvait attrister, il l’a dit brièvement et au milieu de son discours ; mais ce qui réjouit, il l’a dit avant et après et dans beaucoup de paroles, ale manière à tenir le reste dans l’ombre. Non qu’il confonde le Christ avec l’esprit : bien loin de là ; mais il montre que celui qui a l’esprit, non seulement est dit appartenir au Christ, mais le possède lui-même. Car il n’est pas possible que le Christ ne soit pas là où est l’esprit. En effet, là où est une, seule personne de là Trinité, se trouve la Trinité tout entière, vu qu’elle est indivisible en elle-même et forme une unité parfaite : Et qu’arrivera-t-il, si le Christ est en vous ? « Le corps, il est vrai, est mort à cause du péché ; mais l’esprit est vie par la justice ». Voyez-vous combien de maux résultent de l’absence du Saint-Esprit : la mort, la haine de Dieu, l’impossibilité d’obéir à ses lois, ne point appartenir au Christ comme on le doit, ne pas le posséder au dedans de soi ? Voyez au contraire que de biens découlent de la présence de l’esprit : appartenir au Christ, le posséder lui-même, être l’égal des anges, c’est-à-dire, avoir mortifié sa chair, vivre de la vie immortelle, posséder un gage de la résurrection, courir sans obstacle dans la voie de la vertu. Il ne dit pas que le corps cesse de pécher, mais qu’il est mort, pour indiquer une plus grande facilité à 'courir. Et on est enfin couronné sans combats et sans, peines. Voilà pourquoi il ajoute : « Au péché », pour vous apprendre que le Christ a détruit une fois la malice, mais non tir nature du corps. Si en effet le corps était détruit, beaucoup de choses qui peuvent être utiles à l’âme, disparaîtraient. Ce n’est point là ce que dit l’apôtre, mais bien que le corps vivant et subsistant doit être mort. Car c’est là le signe que nous possédons le Fils, que l’Esprit habite en nous, lorsque nos corps ne diffèrent point, quant à leur action propre, de ceux qui sont couchés dans le cercueil. Cependant ne vous épouvantez pas en entendant parler de mortification : car vous avez une vie qu’aucune mort ne peut atteindre. Telle est la vie de l’esprit ; elle ne cède plus à la mort, mais elle l’absorbe et la consume, et rend immortel tout ce qui la reçoit. Aussi après avoir dit que le corps est mort, il n’ajoute pas : L’esprit est vivant, mais : « Est vie », pour montrer qu’il peut aussi procurer la vie à d’autres.
Puis, serrant de près l’auditeur, il dit quel est le principe de la vie et quelle en est la preuve : c’est la justice. En effet, une fois le péché détruit, la mort disparaît ; et la mort disparaissant, la vie est indestructible. « Que si l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Seigneur, vivifiera aussi vos « corps mortels, par son esprit qui habite en vous (11) ». Il revient encore à la résurrection, percé que cette espérance tenait surtout l’auditeur en haleine et l’affermissait par la pensée de ce qui est arrivé au Christ. Ne vous effrayez – pas, leur dit-il, d’être revêtu d’un corps mortel ; ayez l’esprit, et ce corps ressuscitera certainement. Quoi donc ! Est-ce que les corps qui n’ont pas l’esprit ne ressusciteront pas ? Comment donc tous les hommes doivent-ils paraître devant le tribunal du Christ ? Comment croire alors à tout ce qu’on dit de l’enfer ? Si ceux qui n’ont pas l’esprit ne ressusciteront pas, il n’y aura point d’enfer. Que signifient donc ces paroles ? Tous ressusciteront mais non pas tous pour la vie ; les uns pour le châtiment, les autres pour la vie. Aussi l’apôtre ne dit-il pas : Ressuscitera, mais : « Vivifiera » : ce qui est plus que de ressusciter et n’est réservé qu’aux justes. Puis, pour donner la raison d’un si grand honneur, il ajoute : « Par son esprit qui habite en vous ». En sorte que si, étant sur la terre, vous repoussez la grâce de l’esprit, que vous ne la possédiez pas saine et sauve au moment du départ, vous serez perdre sans ressource, quoique vous ressuscitiez. De même que si le Christ voit briller en vous son esprit, il ne souffrira pas que vous soyez livré au supplice ; ainsi, s’il le voit éteint, il ne permettra pas que vous entriez, dans la chambre nuptiale, non plus que les vierges folles. Ne laissez donc pas vivre votre corps maintenant, afin qu’il vive alors ; faites-le mourir, pour qu’il ne meure pas ; s’il continue à vivre, il ne vivra pas ; s’il meurt, il vivra. Il en sera ainsi dans la résurrection universelle ; il faut d’abord