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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/306

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HOMÉLIE XIV.


AINSI, MES FRÈRES, NOUS NE SOMMES POINT REDEVABLES A LA CHAIR. CAR SI C’EST SELON LA CHAIR QUE VOUS VIVEZ, VOUS MOURREZ ; MAIS SI, PAR L’ESPRIT, VOUS MORTIFIEZ LES ŒUVRES DE LA CHAIR, VOUS VIVREZ. (VIII, 12, 13, JUSQU’À 27)

Analyse.

  • 1. Il faut mortifier la chair, mais seulement dans ses inclinations mauvaises, et non dans ses fonctions utiles.
  • 2. L’Esprit de Dieu doit tout conduire en nous, l’âme et le corps, c’est à cette condition que nous devenons enfants de Dieu, non simplement comme les Juifs, mais d’une manière plus haute.
  • 3. Commencement de la prière des catéchumènes. – Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, et c’est lui qui nous fait dire à Dieu : Notre Père. – Nous sommes donc les fils de Dieu, et non seulement ses fils, mais ses héritiers, et non seulement ses héritiers, mais les cohéritiers de Jésus-Christ.
  • 4. Cet héritage de la gloire future est tel que les peines de cette vie présente sont sans proportion avec lui.
  • 5. Cette gloire sera telle encore que toute la création soupire après elle de concert avec l’homme. – Car la création faite pour l’homme sera elle-même transformée et délivrée de l’asservissement à la corruption.
  • 6. Nous avons déjà reçu les prémices de cette gloire, les prémices de l’Esprit, comment le reste pourrait-il nous manquer ? – Vivons donc en espérance, attendons dans la patience. – L’espérance a pour objet, non ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas encore.
  • 7. A la patience qui est notre fait se joint le don de l’Esprit-Saint qui nous excite à l’espérance, et par elle adoucit nos peines. Ce n’est pas seulement dans les moments difficiles que la grâce nous assiste, c’est encore dans les circonstances ordinaires de la vie, par exemple elle nous apprend ce qu’il est utile que mous demandions à Dieu. – Explication de cette parole un peu obscure : Mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des gémissements inénarrables.
  • 8. Bonté de Dieu envers les hommes, démontrée par celle dont il a usé envers les Juifs.
  • 9-11. Longue et pathétique exhortation à la pratique de l’aumône.


1. Après avoir montré combien est grande la récompense de la vie spirituelle, qu’elle fait habiter le Christ en nous, qu’elle vivifie les corps morts, qu’elle donne des ailes pour s’élever vers le ciel, qu’elle rend plus facile le chemin de la vertu, il en déduit nécessairement un avertissement, et dit : Donc nous ne devons pas vivre selon la chair. Ce n’est cependant point ainsi qu’il s’exprime : son langage est plus vif et plus ferme : bous sommes redevables à l’Esprit ; car c’est là évidemment le sens de ces mots : « Nous ne sommes point redevables à la chair ». C’est ce qu’il démontre partout, en faisant voir que les dons de Dieu n’étaient point dus, mais sont de purs effets de la grâce ; et que ce que nous avons fait ensuite n’est point libéralité, mais simple dette. Car c’est là ce qu’il entend, quand il dit « Vous avez été achetés chèrement ; ne vous faites point esclaves des hommes ».(1Cor. 7,23) ; et : « Vous n’êtes plus à vous-mêmes ». (1Cor. 6,19). Ailleurs il s’exprime encore là-dessus en ces termes : « Parce que si un seul est mort pour tous, donc lotis sont morts ; « et le Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux ». (2Cor. 5,14-15) Ici il rend la même pensée par ces expressions : « Nous sommes redevables ». Après avoir dit : « Nous ne sommes point redevables à la chair », de peur que vous ne l’entendiez de la Rature même de la chair, il ne se fait point là-dessus, et ajoute : « Pour vivre selon la chair ». Au fait nous devons à la chair bien des choses : la nourriture, l’entretien, le repos, les remèdes dans ses maladies, le vêtement et mille autres soins encore. De peur donc que vous ne vous imaginiez que son intention est de supprimer ces devoirs, quand il dit : « Nous ne sommes point redevables à la chair », il interprète lui-même sa pensée en disant : « Pour vivre selon la chair ». Je retranche, nous dit-il, tous les