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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/330

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ta race » (Gen. 12,7) ; et encore : « En ta race seront bénies toutes les nations (Id. 3) » ; voyons maintenant, ajoute l’apôtre, quelle est cette race : car tous ceux qui sont sortis d’Abraham ne sont pas de sa race ; c’est pourquoi il dit : « Mais tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas israélites ; ni ceux qui appartiennent à la race d’Abraham ne sont pas tous ses enfants… (7) ».
4. Or, quand vous saurez quelle est la race d’Abraham, vous verrez que c’est à elle qu’a été faite la promesse, et que cette promesse n’est point tombée à vide. Dites-moi donc quelle est cette race ? Ce n’est pas moi qui me charge de répondre, mais l’Ancien Testament lui-même, qui nous dit : « En Isaac sera ta postérité ». (Gen. 21,12) Qu’est-ce que cela veut dire : « En Isaac ? » Interprétez : « C’est-à-dire, ce ne sont pas les enfants selon la chair, qui sont enfants de Dieu ; mais ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés dans la postérité (18) ». Et voyez la prudence de Paul et sa haute sagesse ! Dans son explication il ne dit pas : Ce ne sont point les enfants de la chair qui sont enfants d’Abraham, mais : « Enfants de Dieu » ; rattachant ainsi le passé au présent, et montrant qu’Isaac n’était pas simplement l’enfant d’Abraham. Voici donc ce qu’il veut dire : Ceux qui sont engendrés à la manière d’Isaac, ceux-là sont les enfants de Dieu et la postérité d’Abraham. Aussi Dieu a-t-il dit : « En Isaac sera ta postérité », pour nous apprendre que ceux qui sont engendrés à la manière d’Isaac, sont principalement la postérité d’Abraham. Comment donc Isaac a-t-il été engendré ? Non selon la loi de nature, non selon la puissance de la chair, mais en vertu de la promesse. Qu’est-ce à dire : en vertu de la promesse ? « En ce temps, je viendrai à toi, et Sara aura un Fils ».
C’est donc la promesse et la parole de Dieu qui a formé et engendré Isaac. Qu’importe qu’il y ait eu les entrailles et le sein d’une femme ? Ce n’est pas la vertu des entrailles, mais celle de la promesse qui a enfanté Isaac. Ainsi sommes-nous aussi enfantés par la parole de Dieu : car, dans la piscine des eaux, ce sont les paroles de Dieu qui nous engendrent et nous forment : nous sommes engendrés, quand on nous baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Cette génération n’est point l’effet de la nature, mais de la promesse de Dieu. En effet, comme Dieu a accompli la génération d’Isaac, après l’avoir annoncée d’avance ; ainsi a-t-il réalisé la nôtre, après l’avoir fait prédire longtemps d’avance par tous les prophètes. Voyez-vous quelle grande chose Dieu a révélée, et avec quelle facilité il a accompli la magnifique promesse qu’il avait faite ? Si les Juifs objectent que ces paroles : « En Isaac sera ta postérité », signifient que tous ceux qui sont nés d’Isaac sont cette postérité, il faudrait alors y comprendre les Iduméens et tous ceux qui sont nés d’Esaü ; car leur père Esaü était fils d’Isaac. Or, non seulement on ne les compte point pour enfants de celui-ci, mais on les considère comme tout à fait étrangers. Voyez-vous que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, et que déjà autrefois, dans l’ordre même de la nature, était figurée la régénération par le baptême ? Si vous me parlez de sein maternel, moi je vous parlerai de l’eau. Mais comme ici tout est l’œuvre de l’Esprit, ainsi là tout était l’effet de la promesse car le sein maternel était plus glacé que l’eau à cause de la stérilité et de la vieillesse. Comprenons donc bien notre noblesse et montrons-nous en dignes par notre conduite ; car il n’y a rien, là, de charnel ni de terrestre. Ne le soyons donc point nous-mêmes. Ce n’est point le sommeil, ni la volonté de la chair, ni l’union charnelle, ni l’aiguillon de la passion, mais la bonté de Dieu qui a tout fait. Et comme là, dans un âge qui ôtait tout espoir, de même ici, dans la vétusté du péché, est tout-à-coup survenu l’homme nouveau, et nous sommes tous devenus enfants de Dieu et descendants d’Abraham. « Et non seulement elle, mais aussi Rebecca « qui eut deux fils à la fois d’Isaac, notre père ». La question était importante ; aussi emploie-t-il beaucoup de raisonnements, et cherche-t-il par tous les moyens à résoudre la difficulté. Si c’était chose inouïe, étrange, qu’après tant de promesses, les Juifs fussent privés des résultats, il est bien plus extraordinaire que noirs prenions possession de leurs biens, nous qui n’avions rien de pareil à attendre. C’est comme si le fils d’un roi, à qui la succession au trône aurait été promise, se voyait rejeté parmi les hommes obscurs, tandis que l’empire qui lui était dû, passerait aux mains d’un condamné, d’un homme rempli de vices et sorti de prison. Que pourriez-vous dire à cela ? demande Paul. Que le fils était indigne ? Mais