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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/342

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le nom du Seigneur, sera sauvé (11-13) ». Le voyez-vous produire des témoignages en faveur de la foi et de la confession ? En effet, ces mots : « Quiconque croit », désignent la foi ; et ceux-ci : « Quiconque invoquera », se rapportent à la confession. Ensuite, pour indiquer que la foi est commune à tous, et pour réprimer leur orgueil, il rappelle brièvement ce qu’il a longuement expliqué plus haut, à savoir qu’il n’y a point de différence entre le Juif et l’incirconcis. « Car », dit-il, « il n’y a point de distinction de Juif et de Grec ». Et ce qu’il avait dit du Père ; en en donnant la preuve, il le répète ici du Fils. En effet, comme il avait dit plus haut dans sa démonstration : « Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui certes, des Gentils aussi, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu » ; de même il dit ici : « Parce que c’est le même Seigneur de tous, riche pour tous ceux qui l’invoquent ». Voyez-vous comme il nous montre le désir ardent que Dieu a de notre salut, puisqu’il le regarde comme sa richesse propre ; en sorte qu’ils ne doivent ni désespérer, ni se regarder comme exclus du pardon, pourvu qu’ils veuillent se repentir ? En effet, celui qui regarde notre salut comme sa propre richesse, ne cessera pas d’être riche, puisque cette richesse consiste précisément à répandre ces dons sur tous. Et comme ce qui les troublait le plus, c’était, après avoir occupé le premier rang sur la terre, de descendre de ce trône de gloire, en vertu de la foi, et de n’avoir rien de plus que les autres, souvent il leur cite les prophètes qui célèbrent cette égalité d’honneur. « Quiconque croit en lui », dit-il, « ne sera point confondu » ; et encore : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ». Toujours : « Quiconque », afin qu’ils ne puissent rien objecter.
Mais il n’y a rien de pire que la vaine gloire ; c’est là, c’est là surtout ce qui les a perdus. C’est pourquoi le Christ leur disait : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire l’un de l’autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? » (Jn. 5,44) Outre la ruine, cette passion entraîne encore un immense ridicule, et, même avant le châtiment à venir, elle nous jette ici-bas dans une multitude de maux. Pour vous en convaincre, laissons un moment de côté le ciel dont elle nous exclut, l’enfer où elle nous précipite, et examinons, si vous le voulez, la question au point de vue terrestre. Qu’y a-t-il de plus coûteux ? Qu’y a-t-il de plus honteux et de plus difficile ? Que cette maladie soit coûteuse, on le voit par les dépenses inutiles et stériles qui se font pour les théâtres, les hippodromes et autres largesses déplacées, par la construction de maisons splendides et magnifiques, et tant d’autres prodigalités superflues qu’il n’est pas possible d’énumérer. Il est évident pour tout le monde qu’un malade aussi dépensier, aussi ami du luxe, doit nécessairement être voleur et ambitieux. Pour nourrir le monstre, il jette la main sur le bien d’autrui. Que dis-je, sur le bien ? Ce feu ne dévore pas seulement les biens, mais aussi les âmes ; il ne tue pas seulement pour le temps, mais aussi pour l’éternité. La vaine gloire est la mère de l’enfer ; c’est elle qui allume cette flamme violente et crée te ver empoisonneur. Ne la voit-on pas étendre son empire jusque chez les morts ? Et y a-t-il quelque chose de pire ? Toutes les autres passions s’éteignent à la mort ; celle-là exerce encore des violences même après la mort, et s’efforce de montrer sa nature jusque dans un cadavre. Quand des mourants ordonnent qu’on leur dresse des tombeaux magnifiques où toute leur fortune doit s’absorber, quand ils veillent à ce qu’on déploie à leurs funérailles un luxe extravagant, tandis que pendant leur vie ils répondent par des injures aux pauvres qui leur demandent une obole ou un morceau de pain, pour fournir après leur mort une curée abondante aux vers du sépulcre : est-il besoin de chercher d’autres traits pour peindre cette tyrannique maladie ? C’est d’elle que naissent les amours illicites : car ce n’est pas la beauté de la figure, ni la jouissance de l’union charnelle qui en entraîne un grand nombre dans l’adultère, mais le désir de pouvoir dire : J’ai séduit une telle.
4. A quoi bon passer en revue les autres maux qui pullulent de cette racine ? J’aimerais mieux être l’esclave de mille barbares que de la vaine gloire : car les barbares n’exigent pas de leurs prisonniers ce qu’elle exige de ses sujets. Sois, dit-elle, l’esclave de tous, qu’ils soient au-dessus ou au-dessous de toi ; méprise ton âme, néglige la vertu, ris de la liberté, sacrifie ton salut ; si tu fais quelque bien, que ce ne soit pas pour plaire à Dieu, mais par ostentation, afin d’en perdre la récompense ;