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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/355

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HOMÉLIE XIX.


QU’EST-IL DONC ARRIVÉ ? CE QUE CHERCHAIT ISRAËL, IL NE L’A POINT TROUVÉ ; MAIS CEUX QUI ONT ÉTÉ CHOISIS L’ONT TROUVÉ ; LES AUTRES ONT ÉTÉ AVEUGLÉS. (XI, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1. Réprobation de la masse de la nation juive.
  • 2. Cause de cette réprobation. – Que leur déchéance n’est pas irréparable.
  • 3. L’Évangile devait être et a été annoncé premièrement aux Juifs, mais les juifs ayant refusé de le recevoir, les Gentils sont venus les premiers, pour donner de l’émulation aux Juifs.
  • 4. Que si la déchéance des Juifs a été si utile au monde, de quelle utilité ne sera pas le retour de cette nation qui à la consommation des siècles, rentrera tout entière dans le sein de l’Église ?
  • 5. Les Juifs peuvent recouvrer la position qu’ils ont perdue, ils ne doivent donc pas désespérer ; les Gentils pourraient perdre celle qu’ils ont acquise, qu’ils ne soient donc pas trop présomptueux.
  • 6. Les Juifs entreront tous un jour dans le sein de l’Église.
  • 7. Primitivement les Juifs durent leur vocation à l’incrédulité des nations, de même aujourd’hui les nations doivent leur vocation à l’incrédulité des Juifs. – Cri sublime que pousse saint Paul à la vue des merveilles de la providence de Dieu.
  • 8. Quelles sont les vraies richesses. – Ni la vertu ni le vice des parents n’ont aucune suite pour les enfants, si ceux-ci le veulent. Éloge de l’aumône.


1. Il a affirmé que Dieu n’avait point rejeté son peuple, et pour le prouver, ils eu recours aux prophètes ; et après avoir démontré par leur témoignage que la plus grande partie d’Israël a péri, ne voulant pas les accuser encore de lui-même, les blesser par son langage et paraître animé envers eux de dispositions hostiles, il revient à David et à Isaïe, en disant : « Selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un « esprit de torpeur (8) ». Mais il nous faut reprendre les choses de plus haut. Après avoir parlé d’Élie, et montré ce que c’est que la grâce, il ajoute : « Qu’est-il donc arrivé ? Ce que, cherchait Israël, il ne l’a point trouvé. C’est autant une accusation qu’une interrogation. Le Juif, nous dit-il, est en contradiction avec lui-même, en cherchant la justice et en ne voulant pas la recevoir. Puis par l’exemple de ceux qui l’ont reçue, il leur ôte toute excuse et démontre leur ingratitude, en disant : « Mais « ceux qui ont été choisis l’ont trouvé ». Et ceux-là les condamneront. C’est aussi ce que disait le Christ : « Si je chasse les démons par Béelzébub, vos fils, par qui les chassent-ils ? « C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges ». (Luc. 11,19) Pour que personne ne s’en prenne à la nature des choses, et qu’on n’accuse que leur volonté, il fait voir qui sont ceux qui ont trouvé. Aussi parle-t-il en termes énergiques pour signaler la grâce d’en haut et le zèle de ceux-ci. Car ce n’est pas pour détruire le libre arbitre qu’il affirme qu’ils ont trouvé ; mais pour indiquer la grandeur du bienfait, et faire voir que la grâce y a eu la part principale, mais non pas tout. Nous avons aussi l’habitude de dire : Un tel a rencontré, un tel a trouvé, quand il s’agit d’un gain considérable. En effet, ce n’est pas aux efforts de l’homme, mais à la grâce de Dieu que le principal appartient.
« Les autres ont été aveuglés ». Voyez comme il ne craint pas de dire en son propre nom que les autres ont été rejetés. Il l’avait déjà dit, mais en produisant l’accusation des prophètes ; ici il le déclare lui-même. Cependant il ne se contente pas de son jugement personnel, et il invoque encore une fois le prophète Isaïe. En effet, après avoir dit : « Ont été aveuglés », il ajoute : « Selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit de torpeur ». Et