Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et le glaive, il est debout devant l’autel ; vous ne pouvez mettre en doute son sacerdoce. Est-ce la victime que vous cherchez ? Voici une double victime. Il offrit son fils, il offrit une brebis, ou plutôt, et surtout, il immola sa volonté propre ; par le sang de la brebis, il sanctifia ses mains ; par l’immolation de son fils, il sanctifia son âme. Ainsi fut-il fait prêtre par l’immolation de son fils unique, et par le sang de cette brebis. Les prêtres en effet étaient sanctifiés par le sang des victimes offertes au Seigneur. Voulez-vous voir le prophète dans Abraham ? « Abraham votre père tressaillit du désir de voir mon avènement ; il le vit, et fut rempli de joie ». (Jn. 5,35) Vous aussi, le baptême vous fait rois, prêtres et prophètes ; il vous, fait rois, quand vous terrassez vos mauvaises actions, et que vous donnez la mort à vos péchés ; il vous fait prêtres, quand vous sacrifiez votre corps, vous immolant ainsi vous-mêmes. « Si en effet » ; dit saint Paul, « nous mourons avec Jésus-Christ, nous vivrons avec lui » (2Tim. 2,11) ; enfin il vous fait prophètes ; quand vous apprenez à connaître l’avenir, quand vous recevez l’inspiration divine, et que vous êtes marqués du sceau de Dieu. L’Esprit-Saint imprime aux fidèles un caractère analogue à cette marque qui fait reconnaître les soldats ; et si vous quittez les rangs, vous êtes aussitôt découverts. Les Juifs avaient la circoncision, comme marque distinctive des Chrétiens, il est le gage de l’Esprit – Saint. Pénétrés de ces pensées, persuadés de notre sublime dignité, conformons-y toujours notre vie, afin d’arriver au royaume des Cieux. Puissions-nous y parvenir tous, par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soit au Père et au Saint-Esprit la gloire, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE IV.


POUR MOI, J’EN ATTESTE LE SEIGNEUR, SI JE NE SUIS PAS ENCORE ALLÉ A CORINTHE, C’ÉTAIT POUR VOUS MÉNAGER. (I, 23, JUSQU’À II, 11)

  • 1 et 2. Prudence de saint Paul ; son affection pour les Corinthiens.
  • 3 et 4. Absolution donnée à l’incestueux : belles réflexions de saint Chrysostome à ce sujet.
  • 5 et 6. En quoi consiste la vraie pénitence.


1. Que dites-vous, bienheureux Paul ? C’est par ménagement pour les Corinthiens que vous n’êtes pas venu chez eux. N’est-ce pas une contradiction ? Pus haut vous disiez, pour vous excuser, que vous ne preniez point conseil de la chair, que vous n’étiez pas votre maître, que vous suiviez toujours les mouvements de l’Esprit-Saint ; vous mettiez en avant vos tribulations. Maintenant vous revendiquez votre liberté, et vous n’attribuez plus rien à l’autorité de l’Esprit-Saint : « C’est pour vous ménage », dites-vous, « que je ne suis pas allé vous voir ». Qu’est-ce à dire ? Saint Paul voulait-il aller à Corinthe, et l’Esprit-Saint lui a-t-il conseillé de renoncer à son dessein par ménagement pour les fidèles ? Ou bien s’agit-il d’un autre voyage, et veut-il dire, qu’avant d’écrire sa première épître, son intention était de se rendre à Corinthe, mais que la charité l’en avait détourné : car il leur eût