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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/377

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HOMÉLIE XXII.


BÉNISSEZ CEUX QUI VOUS PERSÉCUTENT ; BÉNISSEZ-LES, ET NE FAITES POINT D’IMPRÉCATION CONTRE EUX. (XII, 14, JUSQU’A LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1. Bénir ses persécuteurs. – Avantages de la persécution, et surtout de la patience dans les injures.
  • 2. Contre l’orgueil, la rancune ; la haine avide de vengeance.
  • 3. S’en remettre à Dieu du soin de punir les méchants. – Vaincre le mal par le bien.
  • 4. Exhortation chaleureuse à la patience contre les injures.


1. Après leur avoir enseigné les dispositions dans lesquelles ils doivent être à l’égard les uns des autres, après avoir cimenté avec soin l’union entre les membres de l’Église, il les range en bataille devant les ennemis du dehors, et leur discipline est devenue plus facile. Car de même que celui qui ne sait pas bien administrer les gens de sa maison, sera plus embarrassé dans sa conduite avec les étrangers, de même celui qui a su mettre le bon ordre dans son intérieur, arrangera sans peine sa manière de vivre avec les gens du dehors. Voilà pourquoi l’apôtre, marchant en avant, ajoute aux conseils qu’il a précédemment donnés ; cette exhortation nouvelle : « Bénissez ceux qui vous persécutent ». Il ne dit pas Oubliez les injures, ne vous vengez pas ; il exige une vertu bien plus haute : l’oubli des injures est le propre d’un philosophe, mais ce que demande l’apôtre n’appartient qu’aux anges. Et après avoir dit : « Bénissez », il ajoute : « Et ne faites point d’imprécation », de peur qu’après avoir béni nous ne maudissions, et afin que nous bénissions sans maudire. Car ceux qui nous persécutent, nous procurent des récompenses. Et maintenant, si vous êtes vigilant, vous gagnerez, outre la récompense de la de la persécution, une autre récompense encore. Votre persécuteur vous procure la première, c’est vous qui vous attirez la seconde, en bénissant, et en montrant ainsi le plus grand signe de l’amour envers le Christ. En effet, de même que maudire son persécuteur, c’est prouver qu’on ressent peu de joie à souffrir la persécution pour le Christ, de même bénir son ennemi, c’est faire preuve d’un grand amour. Gardez-vous donc de l’injurier, afin de vous ménager à vous-même un plus grand salaire, et de lui prouver, à lui, que votre conduite est l’effet de la vertu, et non de la nécessité, que la persécution est pour vous une pompe et une fête, et non un malheur, un sujet de découragement. Voilà pourquoi le Christ disait : « Réjouissez-vous lorsqu’on dira toute espèce de mal contre vous en mentant ». (Mt. 5,11) Voilà pourquoi les apôtres aussi se réjouissaient non seulement d’avoir été injuriés, mais battus de verges. Outre tous les fruits que nous avons énumérés, il en est encore un qui n’est pas à dédaigner, c’est que par là vous frappez d’étonnement vos adversaires, vous leur faites la leçon par vos œuvres, vous leur montrez que vous suivez la route qui mène à une autre vie. S’ils vous voient vous réjouir, s’ils voient que les souffrances vous donnent des ailes, à la lumière de vos œuvres ils reconnaîtront que vous avez d’autres espérances, plus grandes que la vie présente ; si, au contraire, vous gémissez, vous vous lamentez, comment voulez-vous qu’ils apprennent que vous attendez une autre vie ? Ce n’est pas tout, vous produirez encore un autre bien : Si l’on voit que les outrages, loin de vous causer de la douleur, ne provoquent