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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/420

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pensées, pour leur montrer qu’ils étaient eux-mêmes l’offrande, et pour se justifier en se fondant sur l’ordre qu’il avait reçu d’en haut. Mon glaive, à moi, dit-il, c’est l’Évangile, c’est la parole de la prédication ; et ce qui me fait agir, ce n’est pas un désir de gloire, un amour de briller, mais je veux, écoutez la suite : « Que « l’oblation des gentils lui soit agréable, étant « sanctifiée par le Saint-Esprit ». C’est-à-dire, il faut que les âmes des disciples soient agréables à Dieu. Car ce n’est pas tant pour me faire honneur que Dieu m’a appelé à ce ministère, que pour assurer votre salut.
2. Or, comment l’oblation pourra-t-elle devenir agréable ? Par l’Esprit-Saint. C’est qu’en effet la foi ne suffit pas, il faut de plus la vie spirituelle, si nous voulons conserver l’Esprit-Saint, une fois que nous l’aurons reçu. Car ni le bois, ni le feu, ni l’autel, ni le glaive ne sont rien, c’est l’Esprit qui est toutes choses en nous. Aussi je fais tout, pour empêcher ce feu de s’éteindre : c’est là la mission qui m’a été donnée. Pourquoi donc vous adressez-vous à ceux qui n’ont pas besoin d’être instruits ? C’est précisément pour cela, dit-il ; je n’instruis pas, je ne fais qu’avertir : comme le prêtre allume le feu, ainsi je réveille votre ardeur. Et voyez, il ne dit pas : afin que votre oblation, mais : « afin que l’oblation des gentils lui soit agréable ». – « Des gentils », cela veut dire, le monde habité, la terre, toutes les mers ; c’est pour rabaisser leur orgueil ; on ne doit pas dédaigner le maître, qui veut faire entendre sa voix aux extrémités de la terre. C’est encore ce qu’il disait au commencement : « Je suis redevable aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux simples. Je mets donc ma gloire en Jésus-Christ, pour le service de Dieu ». Après s’être fort humilié, il se relève, il reprend sa fierté, et cela même dans leur intérêt, afin de ne pas paraître un objet de mépris. Mais tout en paraissant s’élever, il n’oublie pas son caractère propre, il dit : « Je mets donc ma gloire ». Je me glorifie, dit-il, non de moi-même, non de l’ardeur qui est en moi, mais de la grâce de Dieu.
« Car je n’oserais vous parler de ce que Jésus-Christ a fait pour moi, pour amener les gentils à l’obéissance de la foi, par la parole et par les œuvres (18) ; par la vertu des miracles et des prodiges, et par la puissance du Saint-Esprit (19) ». Vous ne m’objecterez pas, dit l’apôtre, que la vanité inspire mes paroles ; je ne vous parle que des marques de mon sacerdoce, et je ne suis pas en peine pour vous fournir les signes de la mission qui m’est conférée ; ce ne sont pas des robes traînantes, ni une mitre ou une tiare, ni une parure pour le front, mais des signes beaucoup plus redoutables, des miracles. Et l’on ne peut pas dire non – plus que j’ai reçu une mission, mais que je n’ai rien fait : je me trompe, ce n’est pas moi qui ai fait quelque chose, mais le Christ. Voilà pourquoi je me glorifie en lui, non pour des œuvres vulgaires, mais pour des œuvres spirituelles. Car c’est là ce que signifie : « pour le service de Dieu ». Ce qui prouve que j’ai exécuté ma mission, et que mes paroles ne sont pas de la jactance, ce sont les miracles accomplis et la soumission des nations. « Car je n’oserais vous parler de ce que Jésus-Christ a fait par moi, pour amener les gentils à l’obéissance de la foi, par la parole et par les œuvres ; par la vertu des miracles et des prodiges, et par la puissance du Saint-Esprit ». Voyez ses efforts, son insistance pour montrer que tout est l’œuvre de Dieu, que lui, Paul, n’y est pour rien. Soit que je dise, soit que je fasse, soit que j’opère des miracles, c’est Dieu qui fait tout, l’auteur de tout, c’est l’Esprit-Saint. Ces paroles ont pour but de montrer aussi la vertu de l’Esprit. Comprenez-vous combien ce sacrifice, cette oblation, ces marques sont bien plus admirables, redoutables que ce qui avait paru anciennement ? Quand l’apôtre dit : « Par la parole « et par les œuvres, par la vertu des miracles « et des prodiges », il entend par là, la doctrine, la sagesse du royaume de Dieu, l’établissement d’une vie et d’une conduite toute nouvelle, les morts ressuscités, les démons chassés, les aveugles guéris, les boiteux se mettant à marcher, tous les autres prodiges accomplis en nous par le Saint-Esprit.
Mais ceci n’est encore qu’une assertion dont voici la preuve : le grand nombre des disciples. Voilà pourquoi il ajoute : de sorte que, « depuis Jérusalem, en faisant le tour, jusqu’en Illyrie, j’ai tout rempli de l’Évangile du Christ ». Il fait donc l’énumération, et des villes, et des contrées, et des nations, et des peuples, non seulement de ceux qui obéissent aux Romains, mais encore des tribus soumises aux barbares. Ne vous bornez donc pas, dit-il, à la Phénicie, à la Syrie, à la Cilicie, à la Cappadoce, considérez encore tous les pays plus