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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/425

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HOMÉLIE XXX.== MAINTENANT JE M’EN VAIS A JÉRUSALEM POUR SERVIR AUX SAINTS QUELQUES AUMÔNES, CAR LA MACÉDOINE ET L’ACHAÏE ONT RÉSOLU AFFECTUEUSEMENT DE FAIRE QUELQUE PART DE LEURS BIENS A CEUX D’ENTRE LES SAINTS DE JÉRUSALEM QUI SONT PAUVRES. ILS L’ONT RÉSOLU AFFECTUEUSEMENT, ET, EN EFFET, ILS LEUR SONT REDEVABLES. (XV, 25, 26, 27, JUSQU’À XVI, 4)

Analyse.

  • 1-3. Sur les aumônes que saint Paul allait porter à Jérusalem. – S’il en parle aux Romains, c’est pour les exhorter, avec ménagement, à la charité. – Le mot bénédiction, synonyme d’aumône.- Des saints personnages particulièrement recommandables à cette époque par leur' charité ; de la diaconesse Phébé, de Priscilla et d’Aquilas, faiseurs de tentes, chez qui saint Paul avait logé et travaillé de ses mains.
  • 4. Èloge de Priscilla. – De la lecture des épîtres de saint Paul, et des autres livres de l’Écriture. – Contre le faste, l’orgueil, l’attachement aux richesses.


1. Il a dit, plus haut : « N’ayant plus maintenant aucun sujet de demeurer davantage dans ce pays-ci, et désirant, depuis plusieurs années, de vous aller voir », et cependant il ne peut pas encore se rendre auprès d’eux ; pour éviter d’avoir l’air de s’être joué d’eux, il leur dit la cause de son retard, et de là ces mots : « Je m’en vais à Jérusalem ». On pourrait croire qu’il ne fait qu’expliquer son retard, mais il a encore un autre but, c’est de les disposer à l’aumône, c’est d’exciter leur charité. Si son zèle ne l’eût pas porté à les exciter à cette vertu, il lui suffisait de leur dire : « Je m’en vais à Jérusalem » ; il fait plus, il leur dit maintenant la cause de son voyage « Je m’en vais », dit-il, « pour servir aux saints quelques aumônes ». Et il insiste, et il raisonne : « Ils leur sont redevables », dit-il, et encore : « Car, si les gentils ont participé aux richesses spirituelles des Juifs, ils doivent aussi faire part de leurs biens temporels ». C’est pour apprendre aux Romains à imiter ceux de la Macédoine et de l’Achaïe. Aussi ne peut-on trop admirer cette habileté de l’apôtre, dans sa minière de conseiller ; il se faisait bien mieux écouter que s’il leur eût donné un conseil direct. Les Romains auraient pu regarder comme un outrage qu’on se fût servi de Corinthiens et de Macédoniens, comme de modèles à leur adresse. L’apôtre ne fait aucune difficulté d’écrire aux Corinthiens : « Il faut que je vous fasse savoir la grâce que Dieu a faite aux Églises de la Macédoine » (2Cor. 8,1) ; d’exciter les Macédoniens, par l’exemple des Corinthiens : « Votre zèle en a excité plusieurs autres ». (Id. 9,2) Les Galates lui servent aussi de terme de comparaison : « Ce que j’ai ordonné aux Églises de Galatie, faites-le de votre côté » (1Cor. 16,1) ; mais, quand il s’adresse aux Romains, ce n’est pas du tout le même style ; l’apôtre a beaucoup plus de ménagements. En ce qui concerne la prédication, même manière de procéder, comme lorsqu’il lui arrive de dire : « Est-ce de vous que la parole de Dieu est sortie ? ou n’est-elle venue qu’à vous seuls ? » (Id. 14,36) C’est que rien n’a autant de force que le zèle de l’émulation. Voilà pourquoi il y revient souvent ; ailleurs encore il dit : « C’est ce que j’ordonne dans toutes les Églises » ; et encore : « C’est ce que j’enseigne dans toute Église ». (Id. 7,17 ; 4, 17) Aux Colossiens, il disait : « L’Évangile de Dieu fructifie et grandit dans le monde entier ». (Col. 1,6) C’est toujours le même système qu’il suit en ce moment, à propos de l’aumône.