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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/466

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comment donc nous a-t-il fait asseoir ? C’est que « Si nous partageons les souffrances du Christ, nous partagerons aussi sa royauté ». (2Tim. 2,12) Si nous mourons, nous partagerons la vie. Il est vraiment besoin de l’Esprit et de la révélation pour sonder la profondeur de ces mystères.

Ensuite pour vous convaincre, il ajoute : « Pour manifester dans les siècles à venir les richesses abondantes de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus (7) ». Car après avoir dit ce qui concerne le Christ, comme on pouvait demander : En quoi cela nous concerne-t-il, que le Christ soit ressuscité ? il montre que cela nous concerne, en effet, puisque le Christ est uni à nous : outre qu’il fait voir ce qui nous touche en particulier, lorsqu’il dit : « Lorsque nous étions morts par nos offenses il nous a ressuscités et fait asseoir avec lui ». Ainsi donc, comme je le disais, ne conservez plus de doute, puisque vous avez pour preuves et les choses précédentes, et le chef, et la volonté que Dieu a eue de faire éclater sa bonté. En effet, comment la montrera-t-il, si cela ne se réalise point ? Et il fera voir dans les âges futurs, quoi ? que c’étaient de grands biens, et les plus sûrs de tous. Car maintenant les incrédules considèrent ce qu’on leur en dit comme des sottises : mais alors tous seront instruits. Voulez-vous savoir encore comment il nous a fait asseoir avec lui ? Écoutez le Christ qui dit à ses disciples : « Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël » ; et encore : « Mais d’être assis à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous l’accorder à vous, mais à ceux à qui mon Père l’a préparé ». (Mt. 19,28 ; 20, 23) C’est donc préparé. Et Paul dit bien : « Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus ». En effet, être assis à droite, est le signe d’une dignité qui surpasse toutes les autres, et au-dessus de laquelle il n’y a rien. Il dit donc que nous serons assis nous-mêmes. C’est vraiment une richesse suréminente, une suréminente grandeur de vertu, que de nous faire asseoir avec le Christ. Quand vous auriez des milliers de vies, ne les sacrifieriez-vous pas pour cela ? S’il fallait entrer dans le feu, ne devriez-vous pas y courir ?

Jésus lui-même dit encore : « Je veux, partout où je serai, que mes serviteurs y soient également ». (Jn. 12,26) Quand on devrait se frapper la poitrine chaque jour pour obtenir un pareil bonheur, ne faudrait-il, pas se hâter d’accepter ? Songez où il nous a fait asseoir : « Au-dessus de toute principauté et de toute puissance ». Et à côté de qui ? À côté du Maître. Qui es-tu donc ? Un mort, de sa nature enfant de colère. Et pour quelle bonne œuvre ? Aucune. En vérité, voici bien le moment de s’écrier : « O profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rom. 11,33)

« Car c’est la grâce qui vous a sauvés (8) ». De peur que la grandeur des bienfaits ne vous enfle le cœur, voyez comme il vous rabaisse : « C’est la grâce qui vous a sauvés par la foi ». Ensuite, de peur de porter atteinte au libre arbitre, il fait mention de ce qui nous appartient. Mais aussitôt il revient sur ses pas et dit : « Et cela ne vient pas de vous ». Pas même la foi ne vient de nous : car si Dieu n’était pas venu, s’il ne nous avait pas appelés, comment aurions-nous pu croire ? « Comment croiront-ils, s’ils n’entendent pas ? » (Rom. 10,14) De sorte que notre foi même ne vient pas de nous. « C’est un don de Dieu : ni des œuvres (9) ». Est-ce que la foi suffirait pour sauver ? — Afin de ne sauver ni les vaniteux, ni les nonchalants, Dieu a requis une foi agissante. Il dit que la foi sauve, mais par Dieu ; car si la foi a sauvé, c’est que Dieu a voulu. En effet, comment, dites-moi, la foi sauverait-elle sans les œuvres ? Cela même est un don de Dieu, « Afin que nul ne se glorifie », afin de nous inspirer de la reconnaissance au sujet de la grâce. Quoi donc ! dira-t-on, est-ce que Dieu a prohibé la justification par les œuvres ? Nullement : mais Paul dit : « Personne n’a été justifié par ses œuvres », afin de montrer la grâce et la bonté de Dieu. Dieu n’a pas repoussé ceux qui ont les œuvres ; mais il a sauvé par la grâce ceux qui étaient abandonnés des œuvres, afin que personne ne pût plus se glorifier.

3. Ensuite, de peur qu’en entendant dire que tout est l’effet de la foi et non des œuvres, vous ne vous abandonniez à la nonchalance, voyez ce qu’il ajoute : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous y marchions (10) ». Entendez bien ces paroles : il fait allusion ici à la régénération. En réalité, c’est une création nouvelle qui nous a fait passer du néant à l’être.