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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/469

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aucun soulagement, au milieu d’une telle détresse et de pareilles angoisses ? Ah ! vous aurez sans doute alors tout votre sang-froid !

Je vous en prie et vous en conjure, ne nous faisons point à nous-mêmes ces illusions, ne nous consolons point par de tels discours, mais faisons les choses qui peuvent nous sauver. Il vous est offert d’aller vous asseoir auprès du Christ, et voilà de quoi vous vous occupez ! Quand bien même vous n’auriez pas commis d’autre péché, à quel châtiment ne vous exposeriez-vous pas en proférant de telles paroles, en vous montrant nonchalants, insensés et négligents, au point de tenir ce langage quand une récompense pareille vous est proposée ? Oh ! quels ne seront pas vos gémissements, quand vous entendrez alors appeler au royaume et aux honneurs ceux qui auront fait le bien ! quand vous verrez d’anciens esclaves, des hommes de basse naissance, appelés à partager éternellement le trône royal, pour prix de quelques épreuves endurées ici-bas ! Ce spectacle ne sera-t-il pas pour vous pire que le supplice ? Si dans ce monde l’élévation de certains hommes vous semble plus douloureux que le plus cruel châtiment, bien que vous n’ayez rien à souffrir, si ce spectacle suffit pour vous torturer, vous arracher des gémissements et des larmes, et vous faire trouver mille morts douces en comparaison, quelle ne sera pas alors votre souffrance ? S’il n’y avait pas d’enfer, l’idée même du royaume ne serait-elle pas suffisante pour faire votre supplice ? Et qu’il en sera ainsi, c’est ce que l’expérience nous révèle assez. Cessons donc de nous abuser nous-mêmes avec de telles paroles, veillons, songeons à notre salut, pratiquons la vertu, et excitons-nous nous-mêmes aux bonnes œuvres, afin que nous soyons jugés dignes d’obtenir cette gloire incomparable en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

HOMÉLIE V.

C’EST POURQUOI SOUVENEZ-VOUS QU’AUTREFOIS, VOUS GENTILS SELON LA CHAIR, VOUS ÉTIEZ APPELÉS INCIRCONCISION, À CAUSE DE LA CIRCONCISION FAITE DE MAIN D’HOMME DANS LA CHAIR ; PARCE QUE VOUS ÉTIEZ EN CE TEMPS-LÀ SANS CHRIST, SÉPARÉS DE LA SOCIÉTÉ D’ISRAËL, ÉTRANGERS AUX ALLIANCES DE LA PROMESSE, N’AYANT PAS D’ESPÉRANCE, ET SANS DIEU EN CE MONDE. (II, 11, 12 JUSQU’À 16)

Analyse.

1 et 2. De la vocation des gentils et de la constitution de l’Église.

3 et 4. Des rapports de l’âme et du corps.

1. Bien des choses montrent la bonté de Dieu à notre égard : la première, c’est de nous avoir sauvés par lui-même, et cela, de la manière qu’on sait ; la seconde c’est l’état où nous nous trouvions quand il nous a sauvés ; la troisième, c’est le degré auquel il nous a élevés. Toutes ces choses, par elles-mêmes, sont la meilleure preuve de sa bonté. Et Paul les aborde toutes dans l’épître que nous lisons. Il a dit que nous étions morts par nos fautes, enfants de colère quand Dieu nous sauva : il dit maintenant à quel niveau Dieu nous a portés.