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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/47

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ce que disait saint Paul, afin de montrer la puissance de la prédication évangélique. Dresser des embûches aux apôtres, c’est donner tan nouvel éclat à leur gloire ; en les persécutant, on rend l’univers entier témoin de leurs victoires, et on répand partout la suavité de leurs parfums. Ce que se proposait encore l’apôtre, c’était d’encourager les Corinthiens à supporter généreusement toutes les afflictions, toutes les tribulations, en leur montrant la gloire ineffable dont ils seraient environnés, même avant de recevoir les récompenses célestes.
« Nous sommes la bonne odeur du Christ pour Dieu dans tous ceux qui sont sauvés et dans ceux qui périssent (45) ». – Oui, dit-il, qu’un homme soit sauvé, ou qu’il périsse, l’Évangile n’en manifeste pas moins cette énergie qui lui est propre : si les yeux sont malades, le soleil les offusque ; en est-il pour cela moins lumineux ? Le miel est amer pour les infirmes ; mais cependant n’est-il pas doux de sa nature ? Ainsi l’Évangile exhale le parfum le plus suave ; bien que plusieurs refusent de croire et, périssent. Ce n’est pas l’Évangile qui 'est cause de leur perte, mais bien la perversité de leurs cœurs. Au contraire la perte des hommes méchants et corrompus fait ressortir la douceur de l’Évangile. Et de la sorte les méchants qui se damnent comme les bons qui se sauvent, révèlent sa vertu. N’est-ce point par son éclat même que le soleil blesse les yeux des malades ? Le Sauveur n’est-il point venu pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre ? Il n’en demeure, pas moins le Sauveur, quel que soit le nombre de ceux qui se perdent.: il a été présent au milieu des hommes, et il a puni d’autant plus sévèrement ceux qui ont refusé d’obéir ; mais sa présence dans le monde n’en a pas été moins salutaire. Aussi l’apôtre dit-il : « Nous sommes une bonne odeur pour Dieu ». C’est-à-dire, bien que plusieurs périssent, nous demeurons néanmoins ce que nous étions. Il ne dit pas d’une manière absolue : « Nous sommes une bonne odeur » mais « pour Dieu ». C’est vers Dieu que s’élève cette odeur ; il l’a pour agréable. Qui pourrait donc soulever la moindre objection. Ces paroles : « Nous sommes la bonne odeur du Christ », me semblent pouvoir s’entendre de deux manières. Les apôtres, en mourant pour Jésus-Christ, s’offrent eux-mêmes comme victimes ; ou bien encore, ils sont la bonne odeur de Jésus-Christ immolé ; comme si l’on disait : Le parfum que les apôtres exhalent est la bonne odeur de cette victime sainte. Tel est peut-être le sens de ce passage, ou bien, comme je l’ai dit plus haut, il signifie que chaque jour ils sont immolés pour le Christ. Voyez-vous comme saint Paul exalte les tribulations, en les nommant un triomphe, une bonne odeur, un sacrifice offert à Dieu.
Puis, après avoir dit : « Nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ dans ceux qui périssent » ; pour empêcher que vous ne regardez ceux-ci comme agréables à Dieu, il ajoute : « Aux uns nous sommes une odeur de mort pour la mort ; aux autres une odeur de vie pour la vie (46) ». Cette odeur, les uns la respirent pour être sauvés ; d’autres, pour périt. Il en est donc qui trouvent la mort dans cette odeur, mais c’est leur faute. Les parfums, dit-on, suffoquent les porcs, et l’éclat de la lumière, comme je l’ai dit, plonge dans les ténèbres les yeux malades. C’est ainsi que les Substances les meilleures non seulement guérissent les substances auxquelles elles conviennent, mais aussi font périr celles à qui elles ne conviennent pas : c’est en cela surtout que se montre leur énergie. Voyez le feu ! Ce n’est pas seulement quand il éclaire, quand il purifie l’air qu’il manifeste sa force ; mais encore lorsqu’il ravage les épines. De même le Christ fait éclater sa grandeur ; quand de son souffle il terrasse l’antéchrist, et l’écrase par la splendeur de son visage. « Et qui est capable de ces choses ? » L’apôtre vient de tenir un langage magnifique, en disant : Nous sommes immolés pour le Christ, nous sommes une bonne odeur, partout nous triomphons ; maintenant pour tempérer cette magnificence, il renvoie à Dieu toute la gloire : « Et qui est capable de ces choses ? » Tout cela appartient au Christ ; nous ne devons rien nous attribuer à nous-mêmes. Quelle différence entre ce langage et celui des faux apôtres ! Ceux-ci se glorifiaient en effet comme si, dans la prédication de l’Évangile, ils avaient eu quelque mérite propre ; mais saint Paul ne se glorifie que d’une chose, c’est de ne rien avoir en propre « Notre gloire dit-il, c’est ce témoignage de notre conscience que nous avons vécu dans le monde non pas selon la sagesse de la chair, mais selon les mouvements de la grâce de Dieu ». (2Cor. 1,12) Cette sagesse extérieure que les faux apôtres se glorifiaient de