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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/479

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HOMÉLIE VII.

À MOI, LE MOINDRE DES SAINTS, A ÉTÉ DONNÉE CETTE GRACE D’ANNONCER PARMI LES GENTILS LES RICHESSES INCOMPRÉHENSIBLES DU CHRIST, ET D’ÉCLAIRER TOUS LES HOMMES TOUCHANT LA DISPENSATION DU MYSTÈRE CACHÉ, DÈS L’ORIGINE DES SIÈCLES, EN DIEU QUI A CRÉÉ TOUTES CHOSES PAR JÉSUS-CHRIST ; AFIN QUE LES PRINCIPAUTÉS ET LES PUISSANCES, QUI SONT DANS LES CIEUX CONNUSSENT PAR L’ÉGLISE LA SAGESSE MULTIFORME DE DIEU, SELON LE DÉCRET ÉTERNEL QU’IL A ACCOMPLI DANS LE CHRIST JÉSUS NOTRE-SEIGNEUR. (III, 8-11 JUSQU’À LA FIN DU CHAP)

Analyse

  • 1 et 2. De la charité.
  • 3 et 4. Du précepte : Aimez vos ennemis.

1. Quand on entre chez un médecin, ce n’est pas sans but, c’est pour apprendre à se soigner et à employer les remèdes… Et nous, de même, parvenus à cet endroit, il ne faut pas perdre notre temps, mais étudier l’admirable humilité de Paul. Écoutez en effet de quelles paroles il se sert pour montrer la grandeur de la grâce divine : « À moi, le moindre des saints, a été donnée cette grâce ». C’était déjà de l’humilité, que de gémir sur ses péchés précédents, bien qu’effacés, d’en faire mention, de se montrer modeste, comme lorsqu’il s’appelle blasphémateur, persécuteur, téméraire ; mais rien n’égale ceci. Voilà ce que j’étais d’abord, dit-il, et il s’appelle avorton. Mais, après tant de bonnes œuvres, rester encore fidèle à la modestie, se proclamer inférieur à tous, c’est le fait d’une rare et extrême humilité. « À moi, le moindre des saints ». Il ne dit pas : Des apôtres ; donc, « Saint » est une expression qui dit moins. Car il dit ailleurs : « Je ne suis pas digne d’être nommé apôtre ». (1Co. 15,9), Ici c’est à tous les saints qu’il se déclare inférieur : « À moi, le moindre des saints, a été donnée cette grâce ». Laquelle ? Celle d’annoncer parmi les gentils les richesses incompréhensibles du Christ, et d’éclairer tous les hommes touchant la dispensation du mystère caché, dès l’origine des siècles en Dieu, qui a créé toutes choses par Jésus-Christ, afin que les principautés et les puissances qui sont dans les cieux, connussent par l’Église, la sagesse multiforme de Dieu. Soit ; cela n’a pas été révélé aux hommes ; mais tu éclaires aussi les anges et les archanges, les principautés et les puissances ? Oui, répond-il, car cela était caché en Dieu, dans le Dieu qui a tout créé par Jésus. Et tu oses tenir ce langage ? Oui, dit-il. — Mais par où la chose est-elle devenue manifeste pour les anges ? Par l’Église. Et il ne dit pas seulement : La sagesse fertile de Dieu, mais : « La sagesse multiforme ». Qu’est-ce à dire ? Les anges n’étaient pas instruits ? Nullement : si les principautés ne l’étaient pas, à bien plus forte raison les anges. Quoi donc ? Les archanges eux-mêmes étaient dans l’ignorance ? Oui, eux-mêmes ; qu’est-ce qui aurait pu les instruire ? Qui aurait été le révélateur ? C’est quand nous avons été instruits, qu’eux-mêmes ils l’ont été. Écoutez les paroles de l’ange à Joseph : « Tu appelleras son nom Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». (Mat. 1,21)

Il fut envoyé, lui, chez les gentils ; et les autres, aux hommes de la circoncision. De sorte que la tâche la plus admirable et la plus merveilleuse, elle a été donnée à moi, dit-il, qui suis le moindre. Et c’était encore un effet de la grâce, que cette grande mission confiée à un petit, je veux dire le soin d’évangéliser