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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/480

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les gentils. En effet, celui à qui revint la plus grande tâche dans la prédication de l’Évangile, celui-là est grand par ce côté. — « D’annoncer parmi les gentils les richesses incompréhensibles du Christ ». Si ces richesses sont incompréhensibles, même après sa venue, à plus forte raison son essence. Si c’est encore un mystère, à bien plus forte raison en était-ce un avant la révélation. S’il emploie ce mot « Mystère », c’est que les anges mêmes étaient dans l’ignorance, et que personne ne connaissait le secret. « Et d’éclairer tous les hommes touchant la dispensation du mystère caché, dès l’origine des siècles, en Dieu qui a créé toutes choses par Jésus-Christ ». Les anges savaient seulement « Que son peuple était devenu la portion du Seigneur ». (Deu. 32,9) Un ange dit encore : « Le chef des Perses m’a résisté ». (Dan. 10,13) Ainsi, rien d’étonnant que cela leur fût inconnu également. S’ils ignoraient le retour de la captivité, à plus forte raison ces choses, qui sont l’Évangile même. Il est écrit : « Celui qui sauvera son peuple, Israël ». Rien des gentils ; mais ce qui concerne ceux-ci, c’est l’Esprit qui le révèle. Ils savaient que les gentils avaient été appelés ; mais que c’était au même partage, et pour s’asseoir sur le trône de Dieu ; qui aurait pu s’y attendre ? qui aurait pu y ajouter foi ? — « Caché en Dieu ». Il explique plus clairement ce conseil de la Providence dans l’épître aux Romains. « En Dieu qui a créé toutes choses par Jésus-Christ ». C’est à propos qu’il dit, en parlant de la création : « Par Jésus-Christ ». Celui qui a tout créé par lui, révèle par lui ce mystère : car, il n’a rien fait sans lui. « Sans lui », est-il écrit, « rien n’est arrivé ». En nommant les principautés et les puissances, il a nommé, les supérieurs et les inférieurs. « Selon le décret éternel ». C’est maintenant qu’il est accompli ; mais il ne date pas d’aujourd’hui : il était rendu à l’avance. « Selon le décret éternel qu’il a accompli dans « le Christ Jésus Notre-Seigneur », c’est-à-dire, selon sa prescience des siècles, sa connaissance de l’avenir ; il savait les événements futurs, et il les régla ainsi : « Selon le décret éternel », le décret concernant les choses qu’il a accomplies en Jésus-Christ, puisque tout se fait par Jésus-Christ. « En qui nous avons le crédit et l’accès, avec confiance par la foi en lui (12) ».

Ce n’est pas comme des prisonniers, veut-il dire, que nous avons été amenés, ni comme des graciés, ni comme des pécheurs. « Nous avons le crédit avec confiance », ou assurance. D’où vient cela ? De la foi en lui. — « Aussi je vous demande de ne point vous laisser abattre à cause de mes tribulations pour vous, car c’est votre gloire (13) ». Comment, pour eux ? Comment, leur gloire ? Parce que Dieu les a chéris au point de donner pour eux jusqu’à son Fils, et de faire souffrir ses serviteurs. C’est pour leur procurer tant de biens, que Paul était dans les fers. C’est donc une grande preuve de l’amour de Dieu pour eux. Dieu dit pareillement des prophètes : « Je les tuais avec une parole de ma bouche ». (Ose. 6,5) Mais comment les tribulations d’autrui pouvaient-elles les abattre ? C’est qu’ils étaient émus, troublés. Paul écrit la même chose aux Thessaloniciens : « Afin que personne ne fût ébranlé dans ces tribulations ». (1Th. 3,3) Car il ne suffit pas de ne point se plaindre ; il faut encore se réjouir. En effet, si cette prédiction doit vous consoler, nous vous prédisons que nous devons être en butte aux tribulations ici-bas. Pourquoi cela ? Parce que le Maître l’a ordonné ainsi. — C’est pour cela « que je fléchis les genoux devant le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de qui toute tribu tire son nom au ciel et sur la terre (14) ». Il montre la ferveur de la prière qu’il adresse pour eux. Il ne se borne pas à dire : « Je prie » ; il indique encore la componction qui a inspiré sa prière, par cette expression : « Fléchir les genoux » — « De qui toute paternité… (15) ». Je ne parle plus, dit l’apôtre, seulement des anges, ni du peuple d’Israël, mais de toutes les tribus créées, soit célestes, soit terrestres. — « Afin qu’il vous accorde, selon les richesses de sa gloire, que vous soyez puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur ; que le Christ habite par la foi dans vos cœurs (16, 17) ». Voyez avec quel zèle insatiable il leur souhaite toutes sortes de biens, afin qu’ils ne s’égarent pas. Et comment ce vœu peut-il être réalisé ? « Par le Saint-Esprit, dans l’homme intérieur, afin que le Christ habite par la foi dans vos cœurs ». Comment ? « Afin qu’enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur, et connaître aussi la charité du