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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/481

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Christ qui surpasse toute science (18-19) ».

2. La prière qu’il a faite en commençant, il la répète en cet endroit. Que disait-il au commencement ? « Afin que le Dieu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Père de la gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation « pour le connaître ; qu’il éclaire les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle est l’espérance à laquelle il vous a appelés, quelles sont les richesses de gloire de l’héritage destiné aux saints ; et quelle est la grandeur suréminente de sa vertu en nous, qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa vertu ». Ici, il dit la même chose : « Afin que vous puissiez comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur » ; c’est-à-dire, être instruits exactement du mystère accompli en notre faveur ; voilà ce qu’il appelle largeur et longueur, hauteur et profondeur : en d’autres termes, connaître la grandeur de la charité divine, et comment elle s’étend dans tous les sens : il emploie pour cela des images matérielles et appropriées à l’humanité ; il embrasse le haut, le bas, les côtés. C’est comme s’il disait : J’ai parlé, mais il n’appartient pas à ma langue, il n’appartient qu’à l’Esprit-Saint d’enseigner ces choses. « Puissamment fortifiés » ; à savoir contre les tentations, contre les égarements : de sorte qu’il n’y a pas d’autre moyen d’être fortifié que l’Esprit et les tentations. Si vous voulez savoir maintenant comment le Christ habite dans les cœurs, écoutez ses propres paroles : « Nous viendrons, moi et mon Père, et nous ferons séjour chez lui ». (Jn. 14,23) Ce n’est point dans tous les cœurs qu’il habite, mais dans les cœurs fidèles, ceux qui sont enracinés dans son amour, et non égarés. « Pour que vous puissiez ». Donc beaucoup de force est nécessaire. Pour quel usage, c’est ce qu’il nous fait voir en ajoutant : « Comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur, et connaître aussi la charité du Christ, qui surpasse toute science, afin que nous soyons remplis de toute la plénitude de Dieu ». Voici le sens de ces paroles : Quoique la charité du Christ soit au-dessus de toute connaissance humaine, cependant vous connaîtrez, si vous avez le Christ en vous ; et non seulement vous gagnerez à cela cette connaissance, mais encore vous serez remplis de toute la plénitude de Dieu. Ou bien par plénitude de Dieu, il entend connaître que Dieu est adoré dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ou bien il les exhorte à s’efforcer d’être remplis de toutes les vertus qui sont toutes réunies en Dieu.

« Mais à celui qui est puissant pour tout faire, bien au-delà de ce que nous demandons ou concevons, selon la vertu qui opère en nous (20) ». — « Selon la vertu » est dit ici fort à propos ; car c’est grâce à elle que nous pouvons obtenir ce que nous n’avions jamais espéré. Quant à ceci, que Dieu fait bien au-delà de ce que nous demandons et concevons, cela résulte clairement des propres paroles de Paul. Moi, je prie, dit-il ; mais de lui-même, et indépendamment de ma prière il fera plus que nous ne pouvons demander, et non seulement plus, ni au-delà, mais « Bien au-delà » ; ce mot indique la grandeur du présent. Et qu’est-ce qui prouve cela ? La vertu qui opère en nous. Jamais nous n’avons demandé ces choses, jamais nous ne les avons espérées. — « À lui la gloire dans l’Église et dans le Christ Jésus, dans toutes les générations du siècle des siècles (21). Ainsi soit-il. » C’est bien à propos qu’il conclut ainsi son discours par une prière et une glorification. Car il fallait glorifier et bénir celui qui a tant fait pour nous. C’est donc encore une sorte d’hommage, que de glorifier Dieu à cause de ce qu’il a fait pour nous par Jésus-Christ. « À lui la gloire dans l’Église ». Ceci est encore très bien dit ; car l’Église seule demeure éternellement. Considérant donc cette perpétuité, il veut que nous glorifiions Dieu jusqu’à la consommation ; car c’est ce qu’il indique en disant : « Dans toutes les générations du siècle ». Qu’est-ce que les tribus ? Il est nécessaire de le dire. Ici-bas, on entend par tribus les familles, mais comment dire la même chose au ciel, où il n’y a pas de génération ? Ou bien veut-il parler des associations célestes. De même on trouve dans l’Écriture une certaine tribu « Amattarei », d’où vient le nom de pères. Mais Paul ne demande pas tout à Dieu : il demande aussi aux fidèles la foi et la charité, et non seulement la charité, mais une charité enracinée et fondée, de sorte que ni les vents ne puissent l’ébranler, ni aucune autre chose l’abattre.

3. Paul vient de dire que les afflictions sont un sujet de gloire, les siennes ; et à plus forte raison celles de ceux à qui il s’adresse. Les tribulations ne