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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/504

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HOMÉLIE XI.


SOYEZ UN SEUL CORPS ET UN SEUL ESPRIT, COMME VOUS AVEZ ÉTÉ APPELÉS A UNE SEULE ESPÉRANCE DANS VOTRE VOCATION. IL Y A UN SEUL SEIGNEUR, UNE SEULE FOI, UN SEUL BAPTÊME, UN SEUL DIEU ET PÈRE DE TOUS, QUI EST AU-DESSUS DE TOUS, ET AU MILIEU DE TOUTES CHOSES, ET EN NOUS TOUS. OR, A CHACUN DE NOUS A ÉTÉ DONNÉE LA GRACE, SELON LA MESURE DU DON DE JÉSUS-CHRIST. (IV, 4-7, JUSQU’À 16)

Analyse.


  • 1-3. Grâces communes à tous et grâces spéciales.
  • 4-6. De l’humilité et de l’unité. – Tableau d’un schisme. – Que le schisme est aussi abominable que l’hérésie. – Renseignements précieux pour l’histoire de l’Église et la biographie de saint Jean Chrysostome.

1. La charité que Paul exige de nous n’est point une charité vulgaire, mais une charité capable de nous unir, de nous attacher indissolublement les uns aux autres, et de mettre entre nous une harmonie comparable à celle qui existe entre les membres d’un même corps. Voilà quelle est cette charité féconde en grandes choses. De là cette expression : Un seul corps, pour marquer la sympathie, l’absence de toute jalousie mutuelle, la part prise par chacun au bonheur d’autrui. Après avoir indiqué par là toutes ces choses à la fois, il ajoute fort à propos : « Et un seul esprit », marquant que de ce corps unique résultera un seul esprit, ou bien que le corps peut être un sans que l’esprit le soit : ce qui arrive par exemple, pour les amis des hérétiques. Ou encore il part de là pour ramener par la honte les fidèles à la concorde ; c’est à peu près comme s’il disait : Vous qui avez reçu un seul esprit, qui avez été abreuvés à la même source, vous ne devez point être en dissension. Ou bien enfin par esprit, il entend ici le zèle. Il ajoute : « Comme vous avez été appelés à une seule espérance dans votre vocation ». En d’autres termes Dieu vous a appelés tous aux mêmes conditions ; il n’a donné à l’un aucun avantage sur l’autre ; à tous il a octroyé l’immortalité, à tous la vie éternelle, à tous une gloire impérissable, à tous la fraternité, à tous l’héritage. Il est devenu notre chef commun, il nous a tous ressuscités et fait asseoir avec lui. Vous donc qui participez si également aux biens spirituels, d’où vous vient votre orgueil ? A l’un, de sa fortune, à l’autre de sa puissance ? Quelle dérision ! Dites-moi, si l’empereur faisant choix de dix personnes, les revêtait toutes de la pourpre, les faisait asseoir sur son trône, et leur décernait à toutes les mêmes honneurs, qui d’entre elles oserait reprocher à telle autre l’infériorité de sa fortune ou de son nom ? Aucune assurément. Et je n’ai pas tout dit : car la distance n’est pas si grande. Ainsi donc, égaux dans les cieux, nous serons distingués ici-bas ?

« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ». Voilà l’espérance de la vocation. « Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et au milieu de toutes choses et en nous tous ». Est-ce que vous invoquez un plus grand Dieu, tel autre un Dieu plus petit ? Est-ce que vous êtes sauvé par la foi, et cet autre par les œuvres ? Est-ce que le baptême vous a purifié, et lui a laissé sa souillure ? Qu’osé-je dire ! « Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et au milieu de toutes choses, et en vous tous ». – « Au-dessus de toutes closes », c’est-à-dire, supérieur à tout. « Au milieu de toutes choses » pour les diriger, les gouverner.