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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/506

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rien. Ceci regarde sa puissance et sa domination : car depuis longtemps tout était accompli. « Et c’est lui qui a fait les uns apôtres, les autres prophètes, d’autres évangélistes, d’autres pasteurs et docteurs pour la perfection des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ (11, 12) ». Il dit ailleurs : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté ». C’est la même chose ici : « Celui qui est descendu est le même qui est monté ». Être descendu dans les parties inférieures de la terre, cela ne l’a pas empêché de monter au-dessus des cieux. Ainsi, plus on a été abaissé, plus on est élevé. Plus on fait descendre l’eau, plus elle s’élève ; plus on est éloigné pour lancer un trait, plus on est sûr de son coup : il en est de même pour l’humilité. Mais quand nous parlons d’ascension divine, nous songeons nécessairement à une descente : quand il s’agit d’un homme, cela n’est plus nécessaire… Paul fait voir ensuite la providence et la sagesse de Dieu en disant : « Celui qui a opéré de telles choses, qui a manifesté un si grand pouvoir, celui qui n’a pas refusé de descendre à cause de nous jusque dans les parties inférieures de la terre, celui-là ne peut avoir distribué les grâces à la légère ». Ailleurs il attribue cet acte à l’Esprit : « Sur lequel l’Esprit-Saint vous a établis évêques pour gouverner l’Église du Seigneur ». Ici il nomme le Fils, ailleurs Dieu. Il dit encore : « C’est lui qui a donné à l’Église les uns pour apôtres, les autres pour prophètes ». Dans l’épître aux Corinthiens il dit : « J’ai planté, Apollo a arrosé : mais Dieu a donné la croissance (3, 6) ». Et encore : « Celui qui plante et celui qui arrose sont une seule chose : mais chacun recevra son propre salaire selon son propre travail ». De même ici… Qu’importe que vous donniez moins, si vous avez moins reçu ?

D’abord, « Les apôtres ». Rien ne leur manquait, à eux. Secondement, « Les prophètes » quelques-uns étaient en effet prophètes, sans être apôtres, comme Agabus. Troisièmement, « Les évangélistes ». Ceux qui évangélisaient sans voyager partout, comme Priscille et Aquila. Enfin, « Les pasteurs et les docteurs », ceux à qui tout le peuple est confié. Qu’est-ce à dire : Les pasteurs et les docteurs sont au-dessous des autres ? Oui, ceux qui voyagent et qui évangélisent, sont supérieurs à ceux qui sont sédentaires et occupés dans un seul endroit, comme Timothée et Tite… D’ailleurs, les éléments de cette hiérarchie ne se trouvent pas ici, mais dans une autre épître. « C’est lui qui les a donnés ». Ainsi, point d’objections. Ou bien encore Paul entend par évangélistes, ceux qui ont écrit l’Évangile. « Pour la perfection des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ ».

3. Voyez-vous notre dignité ? Chacun édifie, chacun perfectionne, chacun sert. « Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’un homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ (13) ». Par âge il entend ici la connaissance parfaite. Il en est des fidèles comme de l’homme fait, dont l’esprit a de la consistance, tandis que celui des enfants voltige au hasard. « Dans l’unité de la foi ». En d’autres termes, jusqu’à ce que nous paraissions tous animés d’une seule foi. En cela consiste en effet l’unité de foi, que nous ne formions qu’un corps à nous tous, que nous nous reconnaissions tous comme unis ensemble. Jusque-là il faut travailler, si vous avez reçu le don d’édifier les autres. Prenez garde de vous jeter à bas vous-mêmes, en portant envie à autrui. Dieu vous a honoré du privilège, il vous a confié la charge de perfectionner autrui. Tel était aussi l’objet de l’apôtre, celui du prophète lorsqu’il prédisait l’avenir et prêchait, celui de l’évangéliste lorsqu’il évangélisait, celui du pasteur, celui du docteur : tous étaient investis de la même tâche. Ne venez pas m’alléguer la diversité des dons : tous n’avaient qu’une fonction. Car l’unité règne quand nous croyons tous la même chose : Il est clair que tel est le sens, de ces mots : « L’état d’un homme parfait ». Ailleurs il nous appelle petits enfants et parle du temps où nous serons hommes faits : mais le sens est différent. En nous appelant petits enfants, il songe à la connaissance future en effet, après avoir dit : « Nous connaissons partiellement », il ajoute : « Par énigmes » et le reste (1Co. 13,9-12) Ici il songe à autre chose, à la facilité des chutes : de même qu’il dit ailleurs : « La nourriture solide des hommes faits ». (Heb. 5,14) Voyez-vous en quel sens, dans ce passage encore, il nous traite d’hommes faits. Voyez maintenant quelle signification il attache à ce terme dans notre