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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/564

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HOMÉLIE XXII.

SERVITEURS, OBÉISSEZ A VOS MAÎTRES SELON LA CHAIR, AVEC CRAINTE ET TREMBLEMENT, DANS LA SIMPLICITÉ DE VOTRE CŒUR, COMME AU CHRIST MÊME, LES SERVANT NON A L’ŒIL, COMME POUR PLAIRE AUX HOMMES, MAIS COMME DES SERVITEURS DU CHRIST, ACCOMPLISSANT DE CŒUR LA VOLONTÉ DE DIEU ; FAISANT VOTRE SERVICE DE BON GRÉ, COMME POUR LE SEIGNEUR, ET NON POUR LES HOMMES, SACHANT QUE CHACUN RECEVRA DU SEIGNEUR LA RÉCOMPENSE DE TOUT LE BIEN QU’IL AURA FAIT, QU’IL SOIT ESCLAVE OU LIBRE. (VI, 5-8, JUSQU’À 13)

ANALYSE.

  • 1-3. De la servitude. – Devoirs des serviteurs. – Origine de la servitude.
  • 4-5. De la lutte contre le diable.

1. Ainsi donc ce n’est pas seulement le mari, la femme, les enfants, ce sont encore les serviteurs dont les vertus importent à l’harmonie et à la bonne direction du ménage. Aussi le bienheureux Paul n’a-t-il eu garde de négliger cette partie : s’il n’y arrive qu’en dernier lieu, il ne fait que suivre l’ordre de la hiérarchie. Son discours aux serviteurs est long, et non plus sommaire, comme son exhortation aux enfants ; il est aussi d’un ordre beaucoup plus élevé : car ce n’est pas ici-bas, mais dans la vie future que Paul leur promet leur bonheur : « Sachant », dit-il, « que chacun recevra du Seigneur la récompense de tout le bien qu’il aura fait ». C’est la sagesse même qu’il enseigne à ces hommes inférieurs, à la vérité, aux enfants en ce qui regarde la condition, mais supérieurs en intelligence. « Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair ». Tout d’abord il relève l’âme affligée, tout d’abord il la console. Ne gémis pas, dit-il, de te voir au-dessous de la femme et des enfants : ta servitude est purement nominale : la domination à laquelle tu es soumis est une domination selon la chair, éphémère, de courte durée, comme tout ce qui est charnel. « Avec crainte et tremblement ». Voyez-vous la différence entre la crainte qu’il requiert chez la femme, et celle qu’il exige des serviteurs ? Pour ce qui est des femmes, il se borne à dire : « Que la femme craigne son mari » ; mais ici il insiste : « Avec crainte et tremblement ». – « Dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ-même ». Toujours la même expression. Qu’est-ce à dire, ô bienheureux Paul ? C’est notre frère, il a été comblé des mêmes biens, il fait partie du même corps que nous ; ou plutôt, il est le frère, non de son maître, mais du Fils même de Dieu ; il a sa part de tous les bienfaits et vous dites : « Obéissez à vos maîtres selon la chair avec crainte et tremblement ? » C’est justement pour cela que je le dis, répondra-t-il. Si je prescris aux hommes libres de se soumettre les uns aux autres en vue de la crainte de Dieu (« Soumis les uns aux autres dans la crainte de Dieu », dit-il plus haut) ; si je prescris à la femme de craindre son mari, bien qu’elle soit son égale en dignité ; à plus forte raison dois-je imposer la même obligation au serviteur. Ce n’est pas là une humiliation, c’est au contraire la première des noblesses, celle qui consiste à savoir s’abaisser, à rester fidèle à la modération, à céder au prochain. On a vu même des hommes libres servir leurs égaux avec crainte et tremblement. « Dans la simplicité de votre cœur ». Fort bien : car on peut servir avec crainte et