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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/611

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CHAPITRE III.

O GALATES INSENSÉS, QUI VOUS A ENSORCELÉS, VOUS A QUI ON A MIS DEVANT LES YEUX JÉSUS-CHRIST CRUCIFIÉ.

Analyse.

  • 1. Que l’apôtre laisse éclater enfin son indignation qu’il avait jusqu’ici contenue.
  • 2. Ne pas finir par la chair après avoir commencé par l’esprit.
  • 3. C’est par la foi qu’Abraham et ses vrais enfants sont justifiés. – La loi ne justifie pas : le juste vit de la foi.
  • 4. C’est par la foi que les promesses faites à Abraham seront accomplies.
  • 5. Que le Fils est vrai Dieu. – Contre les Anoméens. – Tous un eu Jésus-Christ.


1. Dès lors il passe à un autre ordre d’idées. D’abord il avait prouvé qu’il n’était apôtre ni par les hommes, ni de la part des hommes, et qu’il n’avait pas eu besoin des enseignements des autres apôtres : puis, après avoir bien établi qu’il était lui aussi digne d’enseigner, il s’exprime avec une assurance encore plus grande, compare et discute la foi et la loi. Au début il dit : « Je m’étonne que vous ayez changé si promptement » (Gal. 1,6), et maintenant il s’écrie : « O Galates insensés ! » C’est qu’alors l’indignation couvait chez lui, mais après s’être justifié, il la laisse éclater, une fois ses preuves données. S’il traite les Galates d’insensés, ne vous en étonnez pas, car en agissant ainsi il ne viole pas la loi de Jésus-Christ qui défend de traiter son frère de fou, il l’observe avec soin au contraire. Car il n’a pas été dit purement et simplement : « Celui qui appelle son frère fou », mais bien : « Celui qui sans nécessité appelle son frère « fou ». (Mt. 5,22) Or, qui, plus que les Galates, méritait cette épithète, eux qui après tant et de si grands miracles, restaient attachés à l’ancienne loi, comme si de rien n’était ? Si pour cela vous regardez Paul comme un insulteur, vous traiterez Pierre d’homicide pour ce qui est arrivé à Saphire et à Ananie. Si c’est être absurde que de parler ainsi, ce serait l’être encore bien plus que d’en dire autant de Paul. Examinez, je vous prie, comme il se garde bien de montrer cette âpreté dans son exorde. Il ne le fait qu’après avoir donné ses preuves et ses arguments, et quand le reproche qui les frappe vient non pas directement de lui, mais des preuves mêmes. Car c’est après leur avoir démontré qu’ils repoussaient la foi, et qu’ils rendaient inutile le sacrifice que Jésus-Christ avait fait de sa vie, c’est alors qu’il fait intervenir les reproches, et encore pas autant qu’ils le méritaient, car ils méritaient certes de s’entendre traiter bien plus durement. Mais voyez comme il adoucit aussitôt le coup qu’il a porté. Il n’a pas dit : Qui vous a trompés ? qui vous a abusés ? qui a troublé votre jugement ? Mais : « Qui vous a fascinés ? » Parole de blâme qui emporte en même temps une idée d’éloge, car elle montre que leur conduite antérieure était digne d’envie, et que la perte de leur bonheur était le fait du démon, qui avait déchaîné la tempête sur la sérénité de leurs âmes. Quand vous entendez ici parler de l’envie, et dans l’Évangile « De l’œil mauvais » (expressions synonymes), (Mt. 6,23), n’allez pas croire que le regard ait la propriété de nuire, car l’œil, considéré comme un organe de notre corps, ne saurait être mauvais. Mais le Christ se sert de cette expression pour désigner l’envie. Les yeux ont seulement la faculté