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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/612

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de voir, mais le regard mauvais n’appartient qu’à la pensée dépravée qui est en nous. Comme c’est par le sens de la vue que les objets que nous regardons laissent leur empreinte dans notre âme, et que le plus souvent la richesse engendre l’envie, et que la richesse se voit par le ministère des yeux, et, qu’il en est de même de la puissance et du brillant entourage de la puissance, il disait que celui-là avait l’œil mauvais qui, non seulement regardait, mais encore regardait avec envie par suite d’une disposition mauvaise de son âme. En disant : « Quel envieux vous a « fascinés ? » il fait entendre que ceux qui ont ainsi agi n’avaient en vue ni de pourvoir à leurs intérêts, ni de compléter leur bonheur, mais voulaient au contraire le diminuer et le gâter. Car le propre de l’envie est non pas d’ajouter à ce qui manque, mais de soustraire une partie de ce qui est complet, et de gâter le tout. Il dit cela, non pour faire croire que l’envie puisse agir par elle-même, mais pour leur faire comprendre que ceux qui leur ont donné de, tels enseignements étaient poussés par l’envie. « Après que je vous ai fait voir « Jésus-Christ crucifié devant vous ». Mais il a été crucifié à Jérusalem et non dans le pays des Galates. Pourquoi donc dit-il : « Crucifié devant vous ? » Il montre la puissance de la foi qui est capable de voir même ce qui se passe au loin. Et il ne dit pas : « Qui a été crucifié », mais : « Qui a été mis sous vos a yeux crucifié », indiquant ainsi que les yeux de la foi sont de plus fidèles témoins que ceux des quelques hommes qui étaient présents à la mise en croix du Sauveur, et qui avaient vu ce spectacle. Car bon nombre d’entre eux n’en avaient retiré aucun profit, tandis que les, premiers qui n’avaient pas vu avec les yeux du corps avaient cependant mieux vu par les yeux de la foi. Ce langage contient à la fois le blâme et l’éloge : l’éloge, parce qu’ils avaient accepté avec une foi complète tout ce qui leur avait été répété à ce sujet ; le blâme, parce que, après avoir vu, mieux que les assistants, Jésus mis à nu, étendu et cloué sur la croix, sali de crachats, bafoué, forcé de boire du vinaigre, insulté par des malfaiteurs, percé d’un coup de lance (et ce spectacle, il le leur peignait par ces mots : « Que je vous ai fait voir crucifié devant vous »), ils l’avaient abandonné pour retourner à la loi, sans rougir au souvenir des souffrances qu’il avait endurées. D’un autre, côté, remarquez comment lorsqu’il publie la puissance de Jésus, Paul laisse de côté le ciel et la terre, et la mer et le reste, pour ne parler que de la croix, de cette croix le signe le plus éclatant de l’amour de Dieu pour nous.
« Je ne veux savoir de vous qu’une seule chose. Est-ce par les œuvres de la loi que vous avez reçu le Saint-Esprit, ou par l’audition de la foi. (2) ? » Puisque vous ne prêtez point votre attention à de longs discours, dit-il, et que vous ne voulez pas voir la grandeur de l’œuvre de Jésus, je veux, maintenant que je vous vois descendus au plus bas degré de l’ingratitude, vous persuader en peu de mots et par la démonstration la plus rapide. Plus haut il répétait dans ce but les observations qu’il avait fait entendre à Pierre, maintenant, il s’adresse directement à eux, et fait servir à son argumentation non ce qui s’est passé ailleurs, mais ce qui s’est passé chez eux, et non pas seulement les bienfaits dont ils avaient profité tous ensemble, mais encore ceux qu’ils avaient reçus chacun en particulier. Voilà sur quoi il s’appuie pour les persuader. Et c’est pour cela qu’il dit : « Je ne veux savoir de vous qu’une seule chose. Est-ce par les œuvres de la loi que vous avez reçu le Saint-Esprit, ou par l’audition de la foi ? » Vous avez reçu le Saint-Esprit, dit-il, vous avez fait de grandes choses, vous avez opéré des miracles en ressuscitant des morts, en guérissant des lépreux, en prophétisant, en parlant toutes les langues : sans doute vous teniez cette puissance de la loi ? Mais elle n’avait jamais rien produit de semblable auparavant. Vous la teniez donc de la foi ?
2. Eh bien, n’est-ce pas le comble de la démence que d’abandonner la foi après qu’elle a opéré en vous de tels prodiges, et de vous enfuir comme des transfuges auprès de cette loi qui n’a pu rien faire de pareil ? – « Êtes-vous si insensés qu’après avoir commencé par l’esprit vous finissiez maintenant par la chair (3) ? » Il emploie de nouveau les paroles amères et avec le même à propos. Au lieu d’augmenter, comme vous le deviez, ce précieux trésor avec le temps, non seulement, leur dit-il, vous ne l’avez pas fait, mais encore vous êtes-revenus sur vos pas. Ceux qui commencent avec peu, savent augmenter leur richesse avec le temps, tandis que vous qui avez commencé avec des trésors, vous arrivez