Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/618

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

laquelle son action tout entière soit subordonnée, en quoi est-elle contraire aux promesses de Dieu ? Sans elle, tous les hommes auraient abouti au vice, et parmi les Juifs il n’y en aurait pas eu un seul qui eût voulu écouter le Christ ; tandis que, du jour où elle leur a été donnée, elle a produit un double résultat : elle a développé chez ceux qui l’observaient des germes suffisants de vertu, elle leur a donné conscience de leurs péchés, ce qui était le meilleur moyen de leur faire désirer la venue du Fils de Dieu. Aussi ceux qui n’ont pas cru en lui, n’ont pas cru, parce qu’ils ignoraient leurs propres péchés. Et voilà pourquoi Paul disait : « Parce que ne connaissant point la justification qui vient de Dieu, et s’efforçant d’établir leur propre justification, ils ne se sont point soumis à Dieu pour recevoir cette justification qui vient de lui ». (Rom. 10,3)
« Or, avant que la foi fût venue, nous étions sous la garde de la loi, qui nous tenait renfermés pour nous disposer à cette foi qui devait nous être révélée un jour (23) ». Voyez-vous avec quelle clarté il résume nos explications ? S’il se sert de ces expressions : « Nous étions sous la garde…, qui nous tenait renfermés », c’est qu’il ne veut pas prouver autre chose que ceci, à savoir qu’en observant les prescriptions de la loi on était en sûreté. Car la loi, en retenant les Juifs derrière la crainte, comme derrière un rempart, et en leur imposant un genre de vie en rapport avec elle-même, les conservait pour la foi. « Ainsi la loi nous a servi de conducteur, pour nous mener comme des enfants à Jésus-Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi (24) ». Celui qui conduit les enfants n’est pas le rival de celui qui les instruit, mais son coopérateur, car il préserve de tous les vices le jeune homme qui lui est confié, et fait tous ses efforts pour le rendre apte à profiter des leçons du maître. Mais quand le jeune homme est arrivé en pleine possession de lui-même, celui qui le conduisait s’éloigne pour toujours. Ce qui fait dire à Paul : « Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur comme des enfants ; puisque vous êtes tous enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ (25, 26) ». Si donc la loi remplissait l’office de pédagogue, et si elle nous a gardés et contenus, elle n’a pas été l’ennemie de la grâce, elle l’a aidée au contraire, mais si, après la venue de la grâce, elle persistait à nous garder sous sa direction, c’est alors qu’elle serait son ennemie. Si elle nous tenait enfermés, quand nous devons nous éloigner d’elle, c’est alors qu’elle nuirait à notre salut. Qu’une lampe, après nous avoir éclairés pendant la nuit, continue de briller pendant le jour de manière à nous empêcher de voir le soleil, elle nous importunera au lieu de nous rendre service ; il en serait de même de la loi, si elle nous empêchait d’acquérir des biens plus grands. Par conséquent ceux qui l’observent aujourd’hui sont ceux qui la déprécient le plus. En effet, le pédagogue rend son élève ridicule quand il s’obstine, hors de propos, à le retenir près de lui. C’est pourquoi Paul a dit : « Mais la foi étant venue, vous n’êtes plus sous un conducteur comme des enfants ». Ainsi donc nous ne sommes plus sous un conducteur comme des enfants. « Car vous êtes tous enfants de Dieu ». Oh ! combien est grande la puissance de la foi, et comme il l’a fait ressortir à mesure qu’il avance ! D’abord il a prouvé aux Galates que la foi les rendait enfants d’Abraham : « Vous savez », leur dit-il, « que ceux qui observent la foi sont les fils d’Abraham ». Et maintenant il leur déclare qu’ils sont aussi les enfants de Dieu : « Car tous vous êtes enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ », par la foi et non par la loi. Ensuite, après avoir prononcé cette grande et admirable parole, il expose de quelle manière ils sont devenus les enfants de Dieu.
Car vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez été revêtus de Jésus-Christ (27) ». Pourquoi n’a-t-il pas dit Vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous êtes nés de Dieu ? Car il semble que cela eût dû faire suite aux raisonnements par lesquels il leur prouve qu’ils sont enfants de Dieu. – Parce qu’il veut faire sur eux une impression plus forte. Car si Jésus-Christ est le Fils de Dieu, et que vous, vous soyez revêtus de Jésus-Christ, vous le possédez en vous-mêmes, vous devenez semblables à lui, vous êtes réunis dans une seule et même parenté, sous une seule et même forme. « Il n’y a plus maintenant ni Juif ni gentil, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme ; mais vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ (28) ». Voyez-vous l’inépuisable ambition de ce grand cœur ? Il a dit : « Nous sommes les enfants de