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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/620

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réclamer notre adoption ». Il a raison de dire : « Pour que nous pussions réclamer », c’est bien la preuve que cette adoption nous était due. Car dès le début, ainsi que Paul nous l’a fait remarquer plus d’une fois, Dieu avait fait à Abraham en leur faveur des promesses qui se sont réalisées. Et à quoi reconnaître, dira-t-on, que nous sommes devenus les enfants de Dieu ? Aune chose, dit-il, c’est que nous avons été revêtus de Jésus-Christ le vrai Fils de Dieu. Il en donne une seconde preuve, c’est que nous avons reçu l’Esprit d’adoption.
« Et parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba, mon père. Aucun de vous n’est donc point maintenant serviteur, mais enfant. Que s’il est enfant, il est aussi héritier de Dieu par Jésus-Christ (6,7) ». Car nous ne pourrions l’appeler notre Père, s’il ne nous avait d’abord reconnus pour ses fils. Si donc par l’effet de la grâce nous avons cessé d’être esclaves pour devenir libres, d’être enfants pour devenir hommes faits, d’être étrangers à Dieu pour devenir ses héritiers et ses enfants, ne serait-il pas absurde, ne serait-ce pas le comble de l’ingratitude que dû l’abandonner et de revenir sur nos pas ? « Autrefois, lorsque vous ne connaissiez point Dieu, vous étiez assujettis à ceux qui n’étaient point véritablement dieux. Mais après que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous-avez été connus de lui, comment vous tournez-vous vers ces observations légales, défectueuses et impuissantes, auxquelles vous voulez vous assujettir par une nouvelle servitude (8, 9) ». Ici Paul s’adresse à ceux d’entre les gentils qui s’étaient convertis à la foi, et leur dit que c’est une espèce d’idolâtrie que de s’assujettir à observer les jours, et que cette coutume les expose maintenant à des châtiments plus terribles. Il dit : Des éléments qui ne sont point véritablement des dieux, afin de leur faire partager son opinion, et de les mettre dans une perplexité plus grande. Voici le sens de ses paroles : Vous étiez alors dans les ténèbres, vous viviez dans l’erreur, et vous rampiez à terre ; aujourd’hui que vous connaissez Dieu, ou plutôt que vous êtes connus de lui, ne vous exposerez-vous pas à un plus grand et plus terrible châtiment, en retombant dans votre ancienne maladie malgré les soins dont vous avez été comblés ? Si vous avez trouvé Dieu, ce lest pas à vos efforts que vous le devez ; mais c’est lui-même qui vous a retirés de l’erreur où vous croupissiez. Il dit de la loi qu’elle est défectueuse et impuissante, parce qu’elle n’a aucune influence pour nous procurer les biens dont il est question.
« Vous observez les jours et les mois, les saisons et les années (10) ». D’après ce passage, il est évident que les faux apôtres ne leur prêchaient pas seulement l’observation de la circoncision, mais encore celle des fêtes et des néoménies. « J’appréhende pour vous, que je n’aie peut-être travaillé en vain parmi vous (11) ». Voyez-vous cette bonté apostolique ? Les Galates étaient assaillis par la tempête, il tremble, il craint pour eux. De là cette expression si bien faite pour les ramener à de meilleurs sentiments : « J’ai peut-être travaillé en vain parmi vous », c’est-à-dire, ne me faites pas perdre le fruit de tant de sueurs. En disant « J’appréhende », et en ajoutant ces mots : « Que peut-être », il excite leur inquiétude et fait naître en même temps chez eux une meilleure espérance. Car il n’a pas dit : « J’ai travaillé en vain », mais : « Peut-être ai-je travaille en vain ». Vous n’avez pas encore, leur dit-il, fait complètement naufrage, mais je prévois que la tempête qui gronde sur vous amènera ce résultat. Aussi, je crains, mais je ne désespère pas : car il dépend de vous que tout aille bien, et que vous retrouviez le beau temps d’autrefois. Ensuite, tendant pour ainsi dire la main à ces naufragés, il leur dit : « Soyez comme moi, parce que j’ai été comme vous (12) ». Il s’adresse à ceux qui appartenaient à la nation juive. Il se met en avant, afin de les décider par son exemple à renoncer à leurs anciens errements. Si vous n’aviez personne autre pour vous servir d’exemple, il vous suffirait, pour vous raffermir dans votre conversion, de jeter les yeux sur moi seul. Regardez-moi donc, car moi aussi j’ai eu les mêmes sentiments que vous, et j’ai été un chaud partisan de la loi, et cependant plus tard je n’ai pas craint de l’abandonner, pour me ranger sous le drapeau de la foi. Et vous le savez bien, avec quelle ardeur je me cramponnais au judaïsme, et avec quel empressement plus grand encore je l’ai quitté ensuite. Ce raisonnement, il a bien fait de ne le présenter qu’après les autres. Car la plupart, des hommes, même quand ils ont trouvé toutes sortes de bonnes raisons pour se décider,