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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/624

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suite d’une infirmité naturelle. Celui qui procréa Isaac, c’est le Verbe de Dieu. Il n’en fut pas ainsi du fils de l’esclave : celui-là était bien le produit des lois de la nature, le produit des relations que crée le mariage. Et cependant, de ces deux enfants, c’est celui qui n’était pas né selon la chair qui l’emportait sur l’autre. Que cette idée, que vous n’êtes pas enfants d’Abraham selon la chair, ne vous trouble donc pas, car c’est à cause de cela, c’est précisément parce que vous n’êtes pas ses enfants selon la chair, que vous lui êtes unis de plus près. Le fait d’être ses descendants selon la chair est une tache plutôt qu’un honneur, car la naissance, qui ne procède pas de la chair, est plus merveilleuse et montre encore plus l’action du Saint-Esprit, et la preuve se voit dans la destinée différente de ces deux enfants nés dans les temps anciens. En effet, Ismaël était né selon la chair, et pourtant il était esclave : ce n’était pas tout, car il fut aussi chassé de la maison paternelle, tandis qu’Isaac, parce qu’il était né par suite de la promesse, et en sa qualité de fils et d’homme libre, était le maître de tout le patrimoine.
« Tout ceci est une allégorie (24) ». Il force le sens du mot quand il appelle allégorie ce qui est une figure. Ce qu’il veut dire, le voici : Cette histoire n’a pas seulement la signification qu’on lui reconnaît tout d’abord, elle en a encore une autre, et c’est pour cela qu’il dit que c’est une allégorie. Qu’y a-t-il donc dans cette seconde signification ? Pas autre chose que ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux. « Car ces deux femmes sont les deux alliances, dont la première, qui a été établie sur le mont Sinaï, et qui n’engendre que des esclaves, est figurée par Agar ». – « Ces deux femmes », quelles femmes ? Les mères de ces deux enfants, Sara et Agar. « Quelles sont ces deux alliances ? » Les deux lois. Comme des noms de femmes figurent dans cette histoire, il les laisse subsister pour désigner leur race, et ces noms lui servent à indiquer la filiation des événements. Comment ces noms peuvent-ils lui servir à cet usage (25) ? « Agar en effet, dit-il, est le mont Sinaï en Arabie ». On disait qu’Agar était esclave : c’est aussi le nom du mont Sinaï dans la langue de ce pays.
4. Ainsi donc, tous ceux qui sont issus de l’ancienne alliance sont nécessairement esclaves. Car cette montagne, où fut donnée l’ancienne alliance, et qui porte le même nom que la femme esclave, contient aussi Jérusalem. Car tel est le sens de ces paroles : « Le Sinaï correspond à la Jérusalem actuelle », c’est-à-dire, qu’il l’avoisine, qu’il la touche. « Elle est esclave avec ses enfants ». Que résulte-t-il delà ? Que non seulement Agar était esclave, et engendrait des esclaves, mais qu’il en était de même de celle-ci, c’est-à-dire de l’ancienne alliance, dont la femme esclave est le type. Or, Jérusalem est voisine de la montagne qui porte le même nom que l’esclave, montagne sur laquelle l’ancienne alliance a été formée. Où donc se retrouve le type de Sara ? « Au lieu que la Jérusalem d’en haut est vraiment libre (26) ». Par conséquent ceux qui sont issus d’elle ne sont pas esclaves. La figure de la Jérusalem terrestre était Agar, et la preuve, c’est que cette montagne portait le même nom, et la figure de la Jérusalem céleste est Sara. Cependant il ne lui suffit pas dé signaler ces figures, il cite encore le témoignage d’Isaïe à l’appui de ses paroles : car après avoir dit : La Jérusalem céleste est notre mère, en désignant ainsi l’Église, il nous fait voir que le prophète est d’accord avec lui. « Car il est écrit : Réjouissez-vous, stérile, qui n’enfantiez point ; poussez des cris de joie, vous qui ne deveniez point mère ; parce que celle qui était délaissée a plus d’enfants que celle qui a un mari (2, 8) ». (Is. 54,1) Quelle est donc cette veuve, cette femme délaissée jusqu’alors ? N’est-il pas évident que c’est l’Église des gentils, quand elle était privée de la connaissance de Dieu ? Quelle est cette_ femme qui avait un mari ? N’est-il pas évident que c’est la synagogue ? Cependant celle qui était, stérile l’a emporté sur l’autre par le nombre de ses enfants. La première ne comprenait qu’une seule nation, tandis que les enfants de l’Église pullulent en grâce chez les barbares, sur la terre, sur la mer, sur le globe tout entier. Voyez-vous comme Sara, par ce qui lui est arrivé, le prophète, parce qu’il nous a dit, nous ont peint à l’avance ce qui devait avoir lieu ? Rendez-vous compte de tout : Isaïe avait parié de la femme stérile, et l’avait représentée comme devenant extrêmement féconde. Nous voyons le type de cet événement dans Sara, qui, après avoir été stérile, est devenue la mère d’une race très-nombreuse. Cela ne suffit – pas à Paul, il cherche aussi minutieusement comment la femme stérile est devenue mère, afin de trouver ainsi