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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/625

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le moyen d’adapter la figure à la réalité. C’est pourquoi il ajoute : « Nous sommes donc, mes frères, les enfants de la promesse, figurée dans Isaac (28) ».
non seulement l’Église a été stérile, comme Sara, non seulement elle est devenue, très féconde, comme elle, mais encore elle a engendré de la même manière que Sara. De même que ce ne fut point la nature, mais la promesse de Dieu qui la rendit mère [car celui qui a dit : « J’arriverai dans cet instant, et Sara aura un fils » (Gen. 18,10), celui-là, en pénétrant dans son sein, a formé le fils qu’elle a enfanté], de même la nature n’a été pour rien dans l’acte de notre génération, mais ce sont les paroles que Dieu prononce par la bouche du prêtre, ces paroles que savent les fidèles ; ce sont elles qui, au moment de son immersion dans les eaux sacrées, forment et engendrent celui qui est baptisé, comme s’il était dans le sein de sa mère. Or, si nous sommes les fils de la femme stérile, nous sommes libres. Est-ce là de la liberté ? dira-t-on. Ne voyons-nous pas les Juifs emprisonner et fouetter ceux qui croient ? et ceux qui passent pour libres, ne les voyons-nous pas persécutés ? C’était en effet ce qui se passait à cette époque, où les fidèles étaient en butte aux persécutions. Mais que cela même ne vous trouble pas, dit-il, car nous retrouvons l’image de ces événements dans ce qui concerne Isaac, qui, quoique libre, était persécuté par l’esclave Ismaël. Aussi ajoute-t-il ces paroles. « Et comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit, il en arrive de même encore aujourd’hui : Mais que, dit l’Écriture ? Chassez la servante et son fils : car le fils de la servante ne sera point héritier avec le fils de la femme libre (29, 30) ».
Quoi donc ? Toute notre consolation consiste à savoir que les hommes libres sont persécutés par les esclaves ? Non, dit-il ; je ne m’en tiens pas là, écoutez encore ce qui suit, et vous y trouverez de quoi vous consoler et vous raffermir contre les persécutions. Ce qui suit, ce sont ces mots : « Chassez la servante et son fils : car le fils de la servante ne sera point héritier avec le fils de la femme libre ». Avez-vous vu quel a été le prix de cette tyrannie éphémère, de cette arrogance intempestive ? L’enfant persécuteur est exclu de l’héritage paternel, le voilà forcé de s’exiler et d’errer en compagnie de sa mère. Examinez, je vous prie, combien est habile le langage de Paul. En effet, il ne s’est pas contenté de dire : Il a été chassé parce qu’il avait persécuté, ruais aussi afin qu’il ne pût hériter. Car ce n’était pas pour le punir de cette persécution passagère que Dieu lui infligeait ce châtiment (cela eût été Peu de chose en effet, et n’eût pas, produit les conséquences que Paul faisait ressortir), mais il ne permit pas qu’il eût part aux avantages destinés au fils de la promesse, montrant par là que ces événements étaient préparés d’avance, indépendamment de la persécution subie par Isaac, et que ce qui leur avait donné naissance, ce n’était point cette persécution, mais la volonté de Dieu. Il n'a pas dit : Le fils d’Abraham ne sera pas héritier, mais : « Le fils de la servante » ; le désignant ainsi par le côté le moins noble de son origine. Mais Sara était stérile : l’Église des gentils l’était aussi. Voyez-vous comme la figure est reproduite trait pour trait par les événements qui ont suivi ? De même que Sara passa toutes les premières années de sa vie sans pouvoir enfanter, de même l’Église des gentils n’enfante que quand les temps sont accomplis. C’est la malédiction que faisaient entendre les prophètes quand ils disaient. « Réjouissez-vous, stérile, qui n’enfantiez point ; poussez des cris de joie, vous qui deveniez point mère ; parce que celle qui était délaissée a plus d’enfants que celle qui a un mari ». C’est l’Église qu’ils désignaient. Elle ne connaissait pas Dieu, mais une fois qu’elle l’eut connu, elle surpassa en fécondité la féconde synagogue.
« Ainsi, mes frères, nous ne sommes point les enfants de la servante, mais de la femme libre (31) ». S’il entre dans tous ces détails et s’il y insiste, c’est qu’il veut nous prouver que ce qui est arrivé n’est pas de date récente, mais remonte bien plus haut et était préparé depuis des siècles. Comment donc ne serait-il pas absurde que nous, qui étions tenus en réserve depuis tant de siècles, et qui jouissons de la liberté, nous allions de gaîté de cœur nous replacer sous le joug de l’esclavage ? À ces raisons il eu ajoute une autre qui devait déterminer les Galates à rester fidèles aux dogmes qu’il leur avait enseignés.