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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/626

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CHAPITRE V. APPUYEZ-VOUS, LEUR DIT-IL, SUR LA LIBERTÉ QUE VOUS A DONNÉE JÉSUS-CHRIST EN VOUS RACHETANT.

Analyse.

  • 1 et 2. Qui s’appuie sur la loi est déchu de la grâce. – C’est la foi qui nous sauve.
  • 3. Contre ceux qui se mutilaient.
  • 4 et 5. Contre les Manichéens.
  • 6. La loi consiste dans l’amour.


1. Croyez-vous vous remettre en liberté, parce que vous courez de vous-même à l’ancienne servitude ? Mais est-ce Jésus qui vous a rachetés, et un autre qui a payé le prix de votre : rançon ? Voyez-vous tous les arguments qu’il emploie pour les arracher à l’erreur des Juifs ? Il leur prouve en premier lieu que c’est le comble de la folie de vouloir redevenir esclave, quand on est sorti de l’esclavage pour recouvrer la liberté ; en second lieu, qu’ils se montreront ingrats envers leur bienfaiteur, en méprisant celui qui les a affranchis, en accordant leurs préférences à celui qui les a réduits en servitude ; en troisième lieu, que cela est impossible. Car la loi a perdu son empire sur nous, depuis qu’on nous en a affranchis. En leur disant de « S’y tenir appuyés », il fait allusion à la tempête qui est venue les assaillir. « Et ne vous mettez point de nouveau sous le « joug de la servitude ». Par ce mot de « Joug », il veut leur faire sentir le poids de la servitude, et par cet autre mot : « De nouveau », il leur fait entendre qu’ils ne sont plus dans leur bon sens. Car si vous n’aviez jamais senti le poids de la servitude, vous ne mériteriez pas tous ces reproches ; mais, puisque vous savez par expérience combien pèse ce joug, comment pourriez-vous compter qu’on vous pardonne ?
« Voici que, moi, Paul, je vous dis : Si vous vous faites circoncire, Jésus-Christ ne vous servira de rien (2) ». Quelle menace ? Et il est probable qu’il enveloppait dans l’anathème : les messagers du faux Évangile. Mais comment a-t-il pu dire que Jésus-Christ ne leur servirait de rien ? Paul ne prend pas la peine de s’expliquer, il affirme, pensant que désormais la dignité de sa personne et l’autorité de sa parole valent tous les raisonnements. C’est pour cela qu’il débute par dire : « Voici que, moi, Paul, je vous dis », assurance qui prouve qu’il est sûr de son fait. Nous, qui vous parlons, nous allons, autant qu’il nous sera possible, achever d’expliquer ses paroles. Comment Jésus-Christ ne servira-t-il de rien à celui qui se fait circoncire ? Celui qui se fait circoncire, se fait circoncire parce qu’il craint la loi, celui qui craint la loi, ne croit pas à l’efficacité de la grâce ; celui qui ne croit pas à l’efficacité de la grâce, ne tire aucun profit de la grâce à laquelle il ne croit pas. Reprenons notre raisonnement à un autre point de vue celui qui se fait circoncire, se soumet à l’empire de la loi : or, en s’y soumettant, et en la négligeant dans ses points essentiels, pour ne s’y conformer que dans des choses de moindre importance, il se place de nouveau sous le coup de la malédiction ; or, en s’exposant à la malédiction, et en renonçant à la liberté qu’il tenait de la foi, comment pourra-t-il être sauvé ? Car, pour me servir d’une image un peu étrange, l’homme qui agit ainsi ne croit ni au Christ, ni à la loi ; il se tient entre deux, pour profiter des avantages qu’il voit de chaque côté ; aussi arrive-t-il à ne recueillir aucun profit ni d’un côté ni de l’autre. Après avoir