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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/627

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dit : « Le Christ ne vous servira de rien », il en donne la preuve d’une manière brève et énigmatique. « D’un autre côté », dit-il, « je déclare à tout homme qui se fera circoncire, qu’il est obligé de garder toute la loi (3) ».
Pour qu’on n’aille pas croire que c’est l’animosité qui le fait parler : Je vous dis, non seulement à vous, s’écrie-t-il, mais encore à tout homme qui se fait circoncire, qu’il est obligé d’observer toute la loi ; car les règlements dont elle se compose forment un seul corps. Et de même que celui qui s’est engagé par contrat à devenir esclave au lieu d’homme libre qu’il était, n’est plus maître de ses actions, mais doit se conformer à tous les règlements de l’esclavage ; de même, quand il s’agit de la loi, dès que vous observez quelqu’une de ses moindres prescriptions, et que vous vous êtes replacé sous son joug, vous devez subir sa domination dans toutes ses conséquences. C’est aussi ce qui se passe pour la transmission des héritages : celui qui n’en touche rien est débarrassé de toutes les charges qui peuvent peser sur la succession du mort, tandis que s’il en touche une petite partie, quand même il ne recevrait pas l’héritage entier, il est, par le fait même d’en avoir sa part, solidaire avec les autres pour le tout. Voilà ce qui a lieu également pour la loi, non pas seulement pour les raisons que je viens d’exposer, mais pour d’autres, car les règlements dont se compose la loi forment un seul corps. Prenons un exemple : La circoncision ne peut aller sans le sacrifice de rigueur et sans l’observation des jours ; le sacrifice exige un jour et un lieu déterminés, – le lieu, des purifications de mille sortes, – les purifications, certaines opérations de différents genres. Car il n’est permis à celui qui n’est pas purifié, ni de sacrifier, ni d’approcher des sanctuaires, ni d’accomplir aucune des cérémonies analogues. C’est ainsi que les rites s’accumulent et qu’il faut, pour observer une seule de ses prescriptions, passer en revue la loi tout entière. Si donc vous vous êtes fait circoncire, mais que ce ne soit pas le huitième jour, ou, si c’est le huitième jour, mais que vous n’ayez pas fait de sacrifice, ou, si vous avez fait le sacrifice, mais que ce n’ait pas été dans le lieu déterminé pour cela, ou, s’il a été fait dans le lieu déterminé, mais pas de la manière que le veut la loi, ou, si ç’a été de la manière indiquée par la loi, mais sans que vous-même fussiez purifié, ou, si vous étiez purifié, mais non d’après les formalités de rigueur, tout ce que vous aurez fait est vain et sans résultat. Voilà pourquoi Paul dit « Il est tenu d’observer la loi tout entière ». Si la loi doit régner, observez-la, non en partie, mais toute.
« Vous qui voulez être justifiés par la loi, vous n’avez plus de part à Jésus-Christ, vous êtes déchus de la grâce (4) ». Après avoir donné ses preuves, il prononce désormais ses décisions, et sa décision est qu’ils sont exposés au danger le plus terrible. Puisque celui qui se réfugie sous l’égide de la loi, ne peut être sauvé par elle, et s’exclut de la grâce, à quoi est-il destiné, sinon à un châtiment d’autant plus inévitable que l’une sera sans force pour le protéger, et que l’autre le repoussera loin d’elle !
2. Il augmente ainsi leurs craintes, porte le trouble dans leurs pensées, et leur montre dans toute son horreur le naufrage qui les attend, puis il leur ouvre tout aussitôt le port de la grâce : ce qu’il fait en toute circonstance, pour faciliter et assurer davantage le salut de ceux qui l’écoutent. C’est pourquoi il ajoute : « Mais pour nous, c’est en vertu de la foi que nous espérons recevoir du Saint-Esprit nos moyens de justification (5) ». Nous n’avons besoin, dit-il, d’aucune des prescriptions de la loi, car la foi suffit à nous procurer le Saint-Esprit, et par lui notre justification, et mille autres biens précieux. « Car en Jésus-Christ ni la circoncision, ni l’incirconcision ne servent de rien, mais la foi qui est animée par l’amour (6)». Voyez comme il parle maintenant avec plus de liberté : Celui qui s’est revêtu du Christ, n’a plus souci de ces inutilités, dit-il. Et pourtant il disait que la circoncision est nuisible ; comment se fait-il donc qu’il la présente maintenant comme indifférente ? Elle est indifférente pour ceux qui s’y sont déjà soumis avant de s’être convertis à la foi, mais non pour ceux qui se font circoncire après avoir connu la foi. Voyez comme il la rejette en même temps que l’incirconcision. Car ce qui fait une différence entre elles, c’est la foi. Si on dressait une liste d’athlètes et que les uns eussent le nez aquilin, d’autres camus, que les uns fussent basanés et que les autres eussent la peau blanche, ces détails ne feraient rien pour la valeur de chacun d’eux ; mais, ce dont il faudrait se préoccuper, ce serait de savoir s’ils sont forts et s’ils connaissent leur