Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/628

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

métier : de même pour celui qui se fait inscrire sur le registre de la nouvelle alliance qu’il ait ou n’ait point ces marques physiques, il n’y gagne pas plus qu’il n’y perd. Quel est le sens de ces mots : « La foi animée par l’amour ? » En leur parlant ainsi il leur porte un coup bien sensible, car il leur montre que c’est parce que l’amour du Christ n’était pas enraciné dans leur cœur, que le mal a pu s’y introduire ; car ce que l’on exigeait d’eux ce n’était pas seulement d’avoir la foi, mais d’avoir aussi l’amour. C’est comme s’il leur disait : Si vous aviez aimé le Christ comme vous le deviez, vous n’auriez pas passé comme des transfuges du côté de la servitude, vous n’auriez pas renié celui qui vous a rachetés, vous n’auriez pas insulté celui qui vous a mis en liberté. Du même coup il désigne ceux qui avaient comploté leur perte, en montrant qu’eux aussi, s’ils les avaient aimés, n’auraient pas osé agir de la sorte. Il veut de plus les ramener dans le droit chemin par cette parole : « Vous couriez si bien ; qui vous arrête brusquement (7) ? » Ce ne sont pas là les paroles d’un homme qui interroge, mais d’un homme qui ne sait comment s’expliquer ce qui est arrivé, et qui en est désespéré. Comment une si belle course a-t-elle pu s’interrompre ? Qui a été assez puissant pour cela ? Vous qui étiez au-dessus de tous les hommes et occupiez le rang de docteurs de la foi, vous n’êtes plus même au rang des disciples. Que s’est-il passé ? Qui a été assez fort pour faire cela ? Ces exclamations sont bien celles d’un homme qui se plaint et qui gémit ; c’est comme un écho de ses premières paroles : « Quel œil jaloux a détruit votre bonheur ? » (Gal. 3,1) – « Ce sentiment dont vous vous êtes laissé persuader ne vient pas de celui qui vous a appelés (8) ». Ce n’était pas pour vous exposer aux tempêtes qu’il vous avait appelés, et s’il vous avait donné une loi, ce n’était pas pour que vous suivissiez celle des Juifs. Ensuite, pour qu’on ne lui dise pas : Pourquoi tant grossir et tant exagérer cette affaire ? Nous n’avons observé qu’une seule des prescriptions de la loi, et tu fais tant de bruit ?. Écoutez comme il les effraie en leur signalant, non les conséquences immédiates, mais les conséquences futures : « Un peu de levain aigrit toute la pâte (9) ». C’est ainsi, dit-il, que ce petit manquement, s’il n’y est pas porté remède, vous engagera entièrement dans le judaïsme, de la même manière que le levain agit sur la pâte.
« Je crois et j’espère de la bonté du Seigneur, « que vous n’aurez point à l’avenir d’autres « sentiments que les miens (10) ». Il n’a pas dit : J’espère que vous n’avez pas, mais j’espère que vous n’aurez point à l’avenir d’autres sentiments, c’est-à-dire que vous vous corrigerez. : D’où le savez-vous, ô Paul ? Il n’a pas dit : Je sais, mais : Je crois. J’ai confiance en Dieu, dit-il, et j’invoque son intervention en toute assurance, pour qu’il vous rende meilleurs. Il n’a pas dit simplement : « Je crois et j’espère », il a ajouté : « De la bonté de Dieu ». En toute circonstance il mêle le blâme à l’éloge. C’est comme s’il disait : Je connais mes disciples, je sais que vous vous corrigerez. Je l’espère fermement, parce que le Seigneur ne laisse périr personne, pas même le premier venu, et parce que vous pouvez par vous-mêmes revenir à votre premier état. En même temps, il les exhorte à faire eux-mêmes des efforts, parce qu’il n’est pas possible d’obtenir les faveurs de Dieu, sans y mettre du sien. « Celui qui vous trouble en portera la peine, quel qu’il soit ». Il emploie deux moyens pour les retenir : les encouragements pour eux, et les malédictions pour les faux apôtres, ou plutôt la prédiction des malheurs qui doivent les frapper. Voyez comme il évite de prononcer le nom de ceux qui avaient conspiré contre ses disciples, afin de ne pas augmenter leur confusion. Voici le sens de ses paroles : Parce que vous n’aurez plus d’autres sentiments que les miens, ce n’est pas une raison pour que ceux qui ont été la cause de votre erreur échappent au châtiment. Ils seront punis, car il ne convient pas que le zèle des uns soit la sauvegarde de la méchanceté des autres. Il en est ainsi, pour qu’ils n’entreprennent plus rien contre les autres hommes. Il n’a pas dit simplement : ceux qui troublent, mais il a parlé d’une manière plus générale : « Quel qu’il soit ».
« Et pour moi, mes frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi est-ce que je souffre tant de persécutions (11) ? » Comme on l’accusait de judaïser encore sur bien des points, et de ne pas prêcher sincèrement l’Évangile, voyez comme il se justifie pleinement, en les prenant eux-mêmes à témoin. Car vous savez, vous aussi, leur dit-il, que pour me persécuter on prétexte que je recommande