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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/629

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de s’écarter de la loi : or si je prêche la circoncision, pourquoi suis-je persécuté ? car ceux qui sont Juifs d’origine n’ont pas d’autre reproche à m’adresser. Et si je leur permettais de garder la foi tout en observant les coutumes de leurs pères, je n’aurais eu rien à démêler ni avec ceux qui ont la foi, ni avec ceux qui ne l’ont pas, puisque je n’aurais ébranlé aucune de leurs règles de conduite.
3. Quoi donc ? n’a-t-il pas prêché la circoncision ? n’a-t-il pas circoncis Timothée ? (Act. 16) Oui, il l’a circoncis. Comment donc dit-il : « Je ne prêche pas la circoncision ? » Et en cela même voyez son exactitude et sa véracité. II n’a pas dit. Je ne pratique pas la circoncision, mais je ne la prêche pas, c’est-à-dire je ne recommande pas d’y croire. N’allez pas vous y soumettre pour raffermir vos croyances. J’ai circoncis, mais je n’ai pas prêché la circoncision. « Le scandale de la croix est donc anéanti ? » C’est-à-dire, il n’y a plus rien qui vous arrête ou vous retienne, si ce que vous dites est vrai. Ce n’était pas tant la croix qui était un scandale pour les Juifs, que le fait de déclarer qu’il ne fallait passe conformer aux coutumes qu’ils tenaient de leurs pères. Quand ils amenèrent Étienne devant le tribunal, ils ne dirent pas : Cet homme adore le crucifié, mais « cet homme parle contre la « loi et contre le lieu saint ». (Act. 6,13) Et à Jésus ils reprochaient de détruire la loi. C’est pourquoi Paul leur dit : Si je vous accorde la circoncision, il n’y a pas de débat entre vous et moi : il n’y a plus de haine contre la croix et contre la prédication évangélique. D’un autre côté, s’ils cherchent chaque jour à nous faire périr, comment se fait-il qu’ils nous reprochent cela ? J’ai été en butte à leurs attaques, parce que j’ai introduit un incirconcis dans le temple. Il faut donc que je sois bien insensé, si je permets la circoncision, de m’exposer ainsi inutilement et de gaîté de cœur à tant de persécutions, et faire supporter un tel scandale à la croix ? Remarquez bien en effet que nos ennemis ne nous font la guerre que pour une chose : pour la circoncision. Étais-je donc insensé au point de braver les souffrances et de scandaliser les autres pour une chose de nulle importance ? Il parle du scandale de la croix, parce que la doctrine, dont la croix est le symbole, ordonnait, et c’était là ce qui scandalisait le plus les Juifs, de renoncer aux coutumes de leurs pères. « Plût à Dieu que ceux qui ont causé votre ruine fussent exterminés (12) ! » Remarquez avec quelle amertume il parle de ceux qui les ont séduits. Au début il attaquait ceux qui s’étaient laissé séduire, en les traitant, jusqu’à deux fois, d’insensés : après les avoir remis en bonne voie, il s’attaque désormais à leurs séducteurs. Nous devons profiter de cette circonstance pour nous rendre compte, de son habileté : il parle aux Galates et les, traite comme ses enfants, comme des hommes qui peuvent profiter de ses conseils et se corriger, tandis qu’il frappe sans ménagement leurs séducteurs, comme des gens qui lui sont étrangers et dont la maladie est incurable ; soit qu’il dise : « Chacun portera sa peine, quel qu’il soit » ; soit qu’il les maudisse en ces termes : « Plût à Dieu que ceux qui ont causé votre ruine fussent exterminés ! » Il a eu raison de dire : « Ceux qui ont causé votre ruine ». Car les faux apôtres les avaient dépossédés de leur patrie, de leur liberté, de leur céleste parenté, pour les forcer à en chercher une autre tout à fait étrangère ; ils les avaient chassés de la Jérusalem céleste et indépendante, pour les obliger à errer comme des captifs et des hommes sans patrie. C’est pourquoi il les maudit. Voici le sens de ses paroles : Je ne m’intéresse nullement à ces gens-là : « Quand vous avez averti l’hérétique une ou deux fois, ne vous occupez plus de lui ». (Tit. 3,10) S’ils y tiennent tant, qu’ils ne se fassent pas seulement circoncire, mais qu’on les coupe entièrement s’ils le veulent.
Où sont-ils donc ceux qui osent se mutiler eux-mêmes, qui attirent la malédiction sur eux, qui calomnient l’œuvre du Créateur, et qui adoptent les erreurs des Manichéens ? Ceux – ci prétendent que le corps est notre ennemi et composé d’une fange malsaine et corrompue : et les autres, par leur conduite, donnent une raison d’être à ces tristes doctrines, puisqu’ils se privent de leur virilité comme d’une chose ennemie et pernicieuse. D’après ce principe, il faudrait bien plus encore se priver de la vue, car c’est par elle que le désir pénètre dans l’âme. Mais le vrai, le, seul coupable, c’est la volonté corrompue et non les yeux ou quelque autre partie du corps. Si vous n’admettez point cela, pourquoi votre langue, à cause de ses blasphèmes,