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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/634

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Puisqu’il rapporte ce qui est mal à la chair, et ce qui est bien à l’Esprit, c’est que pour lui l’âme n’existe pas ? – Nullement ; car c’est l’âme qui maîtrise les passions, c’est elle que cela regarde. Elle a devant elle le bien et le mal : si elle se sert du corps comme elle le doit, elle accomplit l’œuvre de l’Esprit ; si elle s’écarte de l’Esprit et se livre à ses mauvais désirs, elle se rend elle-même plus grossière et plus vile. Voyez-vous comme tout prouve que maintenant il ne parle pas en réalité de la chair, mais des pensées mauvaises ou non. « Pourquoi dit-il : Les fruits de l’Esprit ? » Parce que les mauvaises œuvres viennent de nous seuls, et c’est pour cela qu’il les appelle des œuvres, tandis que les bonnes n’exigent pas seulement un effort de notre volonté, mais aussi la bienveillante intervention de Dieu. Ensuite, au moment de s’expliquer là-dessus, il expose en ces termes l’origine des biens : « La charité, la joie, la paix, la patience, l’humanité, la bonté, la persévérance, la douceur, la foi, la modestie, la continence. Il n’y a point de loi contre ceux qui vivent de la sorte (23) ». Quelle recommandation faire à celui qui a en lui tous les moyens de se bien conduire, qui a, pour lui enseigner la sagesse, le meilleur des maîtres, la charité ? De même que les chevaux qui sont dociles vont d’eux-mêmes comme ils doivent aller, et n’ont pas besoin du fouet, de même l’âme qui pratique la vertu par l’effet de l’Esprit, n’a pas besoin des remontrances de la loi. Par ces paroles, il a prononcé encore, et d’une manière vraiment admirable, la déchéance de la loi, en déclarant, non pas qu’elle était sans valeur, mais qu’elle est inférieure aux nouvelles doctrines que nous tenons de l’Esprit.
« Or, ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés (24) ». Afin qu’on ne dise pas : Quel est l’homme qui est tel ? il désigne par leurs œuvres ceux qu’il a en vue, en donnant encore une fois le nom de chair aux mauvaises actions. Ils n’ont pas supprimé la chair, autrement comment vivraient-ils ? Mais ce qui est crucifié est mort et incapable d’agir. Paul nous fait le tableau de la vraie sagesse, car les désirs, quelque importuns qu’ils soient, grondent en vain. Puis donc que l’Esprit a tant de puissance, vivons avec lui, ayons assez de lui. C’est aussi le conseil que nous donne Paul quand il dit : « Vivons donc dans l’Esprit, et conduisons-nous par l’Esprit (25) », en nous conformant à ses ordres. Car tel est le sens de ces mots : « Conduisons-nous », c’est-à-dire, contentons-nous de la puissante intervention de l’Esprit, et ne recherchons pas en outre celle de la loi. Ensuite, montrant que ceux qui introduisaient la circoncision, le faisaient par ambition, il dit : « Ne nous laissons point aller à la vaine gloire, nous piquant les uns les autres, et étant envieux les uns des autres (26) ». Car l’envie naît de la vaine gloire, et de l’envie naissent des maux innombrables.