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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/136

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fondé, sera punie pour s’être souvenue du mal, quelque réel qu’il fût. Quand même, en effet, nous aurions souffert quelque mal injustement, nous devons le pardonner à ceux qui l’ont commis. Voyez comme Notre-Seigneur exhorte et presse ceux qui ont fait quelque tort et quelque injustice, pour qu’ils se réconcilient avec ceux qu’ils ont offensés. Si tu apportes, dit-il, ton présent devant l’autel, et que là, tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, va d’abord te réconcilier avec ton frère. (Mat. 5,23-24) Il n’a pas dit : Dispose ton sacrifice et offre-le ; mais : Va te réconcilier, et après cela, offre-le. Laisse d’abord là le sacrifice, afin que la nécessité de l’offrir contraigne bon gré mal gré celui qui a contre toi un juste ressentiment, à venir se réconcilier. Voyez ensuite comment il nous exhorte à aller trouver celui qui nous a irrité : Remettez, dit-il, les dettes à vos débiteurs, afin que votre Père vous remette aussi vos fautes (Mrc. 11,25).
Car ce n’est pas une petite récompense qu’il nous a proposée : elle surpasse de beaucoup la grandeur de la bonne action. Pensons donc à tout cela, réfléchissons à la rémunération qui y est attachée, au peu de peine et d’efforts qu’il en coûte pour effacer nos fautes, et pardonnons à ceux qui ont eu des torts envers nous. Car ce que d’autres obtiennent à peine par les jeûnes, les gémissements, les prières, le sac et la cendre, et des confusions multipliées, je veux dire de faire effacer leurs péchés, il nous est donné d’y parvenir aisément sans sac, ni cendre, et sans jeûne, si seulement nous effaçons de notre cœur le ressentiment et si nous pardonnons avec sincérité à ceux qui nous ont offensés. Que le Dieu de paix et d’amour, bannissant de notre âme toute colère, toute amertume et toute irritation, daigne nous accorder d’être intimement unis ensemble comme les membres d’un même corps, afin de pouvoir, tous dans un même esprit comme d’une seule bouche et d’une seule âme, faire monter continuellement vers lui les hymnes d’actions de grâces qui lui sont dues, car c’est à lui qu’appartiennent la gloire et la puissance, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M.MALVOISIN