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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/104

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Mais pourquoi, me direz-vous, le Saint-Esprit paraît-il sous la forme d’une colombe ? C’est parce que la colombe est douce et pure, et le Saint-Esprit, qui est un esprit de douceur et de paix, a voulu paraître sous cette figure. Cette colombe nous fait aussi souvenir d’un fait que nous lisons dans l’Ancien Testament. Lorsque toute la terre fut inondée par le déluge, et toute la race des hommes en danger de périr, la colombe parut pour annoncer la fin du cataclysme, elle parut avec un rameau d’olivier, apportant la bonne nouvelle du rétablissement de la paix dans le monde, Or tout cela était une figure de l’avenir. Les affaires des hommes étaient alors dans une bien pire condition qu’aujourd’hui, et le châtiment qu’ils avaient mérité, plus terrible. Il y a donc pour nous, dans la réminiscence de cette antique histoire, un motif de ne pas désespérer, puisque l’issue d’un état de choses si désespéré fut une délivrance et un amendement. Mais ce qui se fit alors par le déluge des eaux, s’opère aujourd’hui comme par un déluge de grâce et de miséricorde. La colombe ne porte plus maintenant un rameau d’olivier, mais elle montre aux hommes Celui qui va les délivrer de tous leurs maux, et elle nous marque les grandes espérances que nous devons concevoir ; Elle ne fait point sortir de l’arche un seul homme pour repeupler la terre, mais elle attire toute la terre au-ciel, et au lieu d’un rameau d’olivier elle apporte aux hommes l’adoption des enfants de Dieu.
Reconnaissez, mes frères, la grandeur de ce don, et ne croyez pas que, parce que le Saint-Esprit parait ici sous cette forme, il soit en quelque chose inférieur à Jésus-Christ. Car je sais que quelques personnes disent qu’il se trouve autant de différence entre Jésus-Christ et le Saint-Esprit, qu’il y en a entre un homme et une colombe, puisque l’un a paru revêtu de notre nature, et l’autre seulement sous la forme d’une colombe. Que répondre à cela, sinon que le Fils de Dieu a pris la nature de l’homme, mais que le Saint-Esprit n’a pas pris la nature d’une colombe ? C’est pourquoi l’Évangéliste ne dit pas que le Saint-Esprit ait paru dans la nature, mais sous « la forme » d’une colombe. Et, depuis ce temps, il n’a plus paru sous cette figure. Si de là vous concluez que le Saint-Esprit est moindre que Jésus-Christ, vous pourriez dire de même que les chérubins sont autant au-dessus du Saint-Esprit, que l’aigle est au-dessus de la colombe, puisqu’ils ont souvent paru sous la figure d’un aigle. Les anges aussi seraient plus grands que le Saint-Esprit, puisque souvent ils se sont revêtus de la figure d’un homme. Mais à Dieu ne plaise, que nous ayons cette pensée ! Il y a bien de la différence entre la vérité de l’Incarnation de Jésus-Christ, et la condescendance dont Dieu se sert, pour s’accommoder à la faiblesse des hommes.
Ne soyez donc pas si peu reconnaissants envers celui qui vous comble de tant de bienfaits, et n’opposez pas une extrême ingratitude à cette source de grâces qu’il verse sur vous, pour vous rendre heureux. Car cette seule dignité d’enfants adoptifs de Dieu entraîne nécessairement la destruction de tous les maux, et l’effusion de tous les biens. C’est pour cette raison-que le baptême des Juifs finit aussitôt après, et que le nôtre commence, et qu’il arrive la même chose dans le renouvellement du baptême, que dans le changement de la Pâque. Car de même que Jésus-Christ célébra d’abord l’ancienne Pâque avant que de l’abolir et d’établir la nouvelle ; de même ici ce n’est qu’après avoir reçu le baptême judaïque qu’il le fait cesser, et qu’il commence d’ouvrir le mystère du baptême et de la grâce de son Église. Ce qu’il fera plus-tard sur la même table il le fait maintenant dans le même fleuve, il retrace l’ombre, puis immédiatement après il offre la vérité. Car la grâce du Saint-Esprit ne se trouve que dans le baptême de Jésus-Christ, et elle n’était point dans celui de Jean. C’est pour ce sujet que le Saint-Esprit, n’est descendu sur aucun de ceux que saint Jean a baptisés, mais seulement sur Celui qui nous devait donner la grâce de ce second baptême, afin que nous reconnussions, avec les choses déjà dites, que ce n’était point la pureté ni le mérite de celui qui baptisait, mais la puissance de Celui qui était baptisé qui a fait cette merveille. Ce fut donc alors qu’on vit les cieux s’ouvrir, et le Saint-Esprit descendre sur la terre. Jésus-Christ voulait nous transférer de l’ancienne alliance à la nouvelle. C’est pourquoi il ouvre ces portes célestes, et il fait descendre son Saint-Esprit pour rappeler les hommes à cette patrie divine. Et il ne les y appelle pas seulement, mais il le fait en les honorant d’une souveraine dignité, Car il nous attire en ce séjour bienheureux après nous avoir faits non anges, non archanges, mais les