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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/117

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dans les flammes éternelles. » Il n’annonce d’abord que des biens ; et il commence par découvrir à ceux qui l’écoutent le royaume qu’il leur prépare dans le ciel.
2. « Or Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs. Et il leur dit : Suivez-moi et je vous ferai pécheurs d’hommes (18, 19). Et quittant aussitôt leurs filets, ils le suivirent (20). » Saint Jean décrit autrement la vocation de ces apôtres ; ce qui nous montre que ce n’est ici que leur seconde vocation, comme on le peut prouver encore par plusieurs autres circonstances. Car saint Jean marque expressément que ces deux disciples s’approchèrent de Jésus-Christ avant l’emprisonnement du saint précurseur ; et ce que saint Matthieu rapporte ici, ne s’est fait qu’après qu’on l’eût mis en prison. Saint Jean dit qu’André appela Pierre, au lieu qu’il est marqué ici que Jésus les appela tous deux. Saint Jean écrit que Jésus-Christ voyant Pierre qui venait à lui, lui dit : « Vous êtes Simon, fils de Jon. vous serez appelé Céphas, c’est-à-dire Pierre. » (Jn. 1,42) Et saint Matthieu dit qu’on l’appelait déjà de ce nom : Jésus, dit-il, « voyant Simon qui était appelé Pierre. »
On peut encore prouver la même chose par le lieu où Jésus-Christ les appelle, et par plusieurs autres circonstances ; comme aussi par leur obéissance si prompte et par le renoncement qu’ils font de tout ce qu’ils possèdent, ce qui suppose qu’ils étaient déjà suffisamment instruits. Saint Jean nous fait voir que saint André vint trouver Jésus-Christ où il logeait, et qu’il apprit de lui beaucoup de choses, au lieu qu’ici Jésus-Christ ne leur dit qu’une parole, et ils le suivent aussitôt. Il est assez vraisemblable que l’ayant déjà suivi auparavant, ils le quittèrent ensuite ; que, lorsqu’ils virent saint Jean en prison, ils s’en retournèrent exercer leur profession dans leur pays ; et que ce fut là que Jésus-Christ les trouva jetant le filet dans la mer. Lorsqu’ils voulurent le quitter d’abord, il ne les en empêcha pas, et il ne les rejeta pas pour toujours parce qu’ils l’avaient déjà abandonné. Après avoir condescendu à leur faiblesse, il revient une seconde fois à eux pour les convertir et les gagner à lui, ce qui-est le meilleur moyen de réussir dans la divine pêche des âmes.
Mais voyez la foi et la docilité des disciples. C’est pendant qu’ils jettent leurs filets, c’est au milieu de leur travail que Jésus leur parle ; or, vous savez combien la pêche est une occupation attrayante, et, à peine ont-ils entendu son ordre, qu’ils le suivent sans différer, sans hésiter. Ils ne disent point : Nous allons seulement jusqu’à la maison, pour faire les derniers adieux à nos proches. Ils quittent tout dès l’heure même et font ce qu’Élisée fit autrefois à l’égard d’Élie. C’est ainsi que Jésus-Christ exige de nous une obéissance prompte et parfaite, et qui exclut tout retard quand même les empêchements les plus forts nous retiendraient. C’est ainsi qu’un autre de ses disciples l’ayant prié de le laisser aller ensevelir son père, il le lui refusa, pour nous apprendre que de toutes les œuvres la plus nécessaire c’est de le suivre. Si, vous me dites que la promesse qu’il leur faisait était grande, je vous répondrai que je les en admire davantage, eux qui, sans avoir encore vu aucun miracle de Jésus, ne laissèrent pas d’ajouter foi à une si grande promesse et de tout quitter pour le suivre. Car ils crurent que les mêmes paroles qui avaient été comme l’hameçon qui les avait pris, leur serviraient d’un hameçon à leur tour, pour prendre et convertir un jour tous les autres hommes. Ce fut donc là la promesse qu’il fit à saint Pierre et à saint André ; car pour saint Jacques et saint Jean il ne leur promet rien de semblable, parce que l’exemple de l’obéissance de ces deux premiers leur avait déjà comme ouvert le chemin de la foi ; d’ailleurs ils avaient déjà entendu de grandes choses sur le compte du Sauveur. Mais considérez avec quelle exactitude l’Évangile nous marque leur pauvreté ! « De là s’avançant il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque avec leur père Zébédée, qui raccommodaient leurs filets ; et il les appela (21). Et aussitôt, quittant leurs filets et leur « père, ils le suivirent (22). » Ils étaient si pauvres, que ne pouvant avoir des filets neufs, ils étaient contraints de raccommoder leurs vieux pour s’en servir comme ils pourraient. Or ce n’est pas une preuve médiocre de vertu, chez ces hommes, que de supporter facilement la pauvreté, que de vivre de leur travail dans un métier légitime, que d’être unis ensemble par le lien de la charité ; que d’avoir avec eux leur