Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

père pauvre qu’ils servaient et qu’ils nourrissaient. « Et Jésus allait par toute la Gaulée enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l’Évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple (23). » Aussitôt que Jésus-Christ eut pris ses disciples il commença à faire des miracles en leur présence, pour autoriser ce que saint Jean avait dit de lui. Il entrait souvent dans les synagogues pour montrer aux Juifs qu’il n’était point un séducteur ni un ennemi de Dieu, mais qu’il n’était venu en ce monde que pour suivre l’ordre et le dessein de son Père. Il ne se contentait pas de prêcher dans les synagogues, mais de plus il faisait des miracles.
3. Car, règle générale, lorsque Dieu veut faire quelque chose d’extraordinaire, et introduire dans le monde quelque établissement nouveau, il a coutume de faire des miracles, afin qu’ils soient comme un gage et une preuve de sa puissance à ceux qui doivent recevoir ses lois. Ainsi, veut-il faire l’homme, il commence par créer l’univers, et ce n’est qu’ensuite qu’il impose à l’homme la loi qu’il lui a donnée dans le paradis. De même, avant que d’imposer aucun commandement à Noé, il opère ce grand prodige par lequel il a renouvelé le monde en l’inondant durant un an sous les eaux d’un effroyable déluge, et conservé ce juste dans le naufrage de tout l’univers. C’est ainsi encore qu’il fait plusieurs miracles en faveur d’Abraham, par exemple cette grande victoire qu’il lui fit remporter sur les cinq rois ; cette plaie dont il frappa Pharaon pour sauver Sara ; et cette protection par laquelle il l’a tiré de tant de périls. Quand il a voulu aussi se rendre le législateur et le conducteur des Juifs, il leur a fait voir auparavant des prodiges et des miracles extraordinaires ; et ce n’est qu’ensuite qu’il leur a donné sa loi. C’est pour se conformer à la même conduite, que, sur le point de publier la loi sublime de l’Évangile, et d’introduire une forme de vie toute nouvelle et inconnue à tous les hommes, il l’autorise par avance par de grands miracles : comme le royaume éternel qu’il annonçait était invisible, il voulait en établir la vérité par des miracles visibles.
Mais admirez, je vous prie, la divine brièveté de l’Évangéliste, et comme, sans raconter chaque guérison en particulier, il nous fait voir en un mot une foule et comme une nuée de miracles ! « Et sa réputation s’étant répandue par toute la Syrie, ils lui présentèrent, tous ceux qui étaient malades, et qui étaient diversement affligés de maux et de douleurs, les possédés, les lunatiques, et les paralytiques, et il les guérit (24). » Vous me demanderez peut-être pourquoi Jésus-Christ n’obligeait point ces malades qu’il guérissait de croire en lui. Car il ne leur dit point ici ce qu’il dit ensuite presque à tous les autres « Croyez-vous que je vous puisse guérir ? » Il ne le fait pas encore parce qu’il n’avait pas donné de marques de sa puissance. Ce n’était pas d’ailleurs une médiocre preuve de leur foi, que de venir ainsi s’adresser à lui et de lui apporter de loin leurs malades. L’eussent-ils fait s’ils n’avaient eu une grande idée de sa puissance ? « Et une grande multitude de peuple le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d’au-delà le Jourdain (23). » Suivons aussi nous-mêmes Jésus-Christ, mes frères. Car nous ne sommes pas moins malades dans l’âme que ces peuples l’étaient dans le corps : et ce sont nos langueurs spirituelles que Jésus-Christ désire principalement de guérir, puisqu’il ne guérit les corps qu’afin de passer ensuite à la guérison des âmes ; Approchons-nous donc de lui pour lui demander, non des choses temporelles, mais le pardon de nos fautes. Et il nous le donnera sans doute si nous le lui demandons avec instance.
La réputation de Jésus-Christ n’était alors répandue que dans la Syrie ; et elle l’est maintenant par toute la terre. La seule vue de la guérison de quelques possédés faisait courir après lui les hommes de toutes parts ; et vous, après avoir vu de bien plus grands effets de sa puissance, vous ne vous mettez pas même en état de venir à lui ? Ces peuples quittaient leurs pays, leurs amis et leurs proches pour le suivre ; et vous ne voulez pas quitter même, votre maison pour aller le trouver, et pour recevoir de lui beaucoup plus que vous n’aviez quitté. Mais nous ne vous obligeons pas même à cela, quittez seulement vos mauvaises habitudes, et en demeurant chez vous avec votre famille, vous ne laisserez pas de vous sauver.
Hélas ! quand nous sentons quelque maladie dans notre corps, nous faisons tout, nous souffrons tout, nous dépensons tout, pour nous eu