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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/121

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HOMÉLIE XV


« JÉSUS VOYANT TOUT CE PEUPLE, MONTA SUR UNE MONTAGNE, ET S’ÉTANT ASSIS, SES DISCIPLES S’APPROCHÈRENT DE LUI. » (CHAP. 5,1, JUSQU’AU VERSET 17)

ANALYSE.

  • 1. L’orateur réfute les Manichéens – Ce que le Christ dit à ses disciples, il le dit à tout l’univers.
  • 2. et 3. Qu’il y a plusieurs sortes d’humilité. – De la consolation qui vient de Dieu, sa vertu.
  • 4. 5. et 6. De la justice prise dans le sens général de la vertu. – Le Fils est égal au Père.- Vous êtes le sel de la terre.
  • 7. Quelle gloire Jésus-Christ ose promettre dans l’avenir à ces pêcheurs, inconnus en leur pays durant leur vie.
  • 8. Qu’une grande vertu ne peut rester cachée. – Égalité du Père avec le Fils.
  • 9. et 10. Que tout cède à la vertu après qu’elle a cédé à la violence. – Comme on doit aimer et assister les pauvres.- Qu’on doit séparer ceux qu’on voit se battre dans les rues ; et que si on était tué en le faisant on serait martyr.


1. Considérez je vous prie, mes frères, combien Jésus-Christ méprisait l’honneur et la vaine gloire. Il ne mène point ces multitudes avec lui dans ses voyages. Lorsqu’ils ont besoin de son assistance dans leurs maux, il va lui-même parcourir leurs villes et leurs provinces. Mais lorsqu’il les voit venir en foule après lui, il demeure dans un même lieu ; et non dans une place publique, mais sur une montagne et dans un désert. Il nous apprend par cet exemple à ne rien faire par vanité, et à nous retirer du bruit et du tumulte du monde, principalement lorsque nous voulons nous appliquer à la contemplation de la Vérité, et nous entretenir des choses saintes et éternelles. « Jésus voyant tout ce peuple, monta sur une montagne, et s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui (1). » Voyez-vous leur progrès dans la vertu ? Voyez-vous comme ils sont devenus tout à coup meilleurs ? Plusieurs d’entre ce peuple désiraient de voir ses miracles, mais pour eux ils souhaitaient de lui entendre dire des vérités grandes et élevées. C’est ce qui excita le Sauveur à leur faire ce long discours. Car il ne guérissait pas seulement les corps, mais encore les âmes et, après les soins donnés à celles-ci, il revenait à ceux-là. Il diversifiait ainsi les grâces Qu’il répandait sur les hommes, et il mêlait à la prédication de sa parole les guérisons miraculeuses des corps pour fermer la bouche à l’insolence des hérétiques et pour montrer, par le soin qu’il témoignait de l’une et l’autre de ces deux substances qui composent l’homme, qu’il était le créateur de l’une et de l’autre. C’est la raison pour laquelle sa providence partageait si souvent ses grâces tantôt au corps et tantôt à l’âme, comme il le témoigne même en cet endroit. « Et ouvrant sa bouche, il les enseignait (2). » Pourquoi l’Évangile marque-t-il cette circonstance, « et ouvrant sa bouche » ? C’est pour nous apprendre que Jésus-Christ n’instruisait pas seulement les hommes par ses paroles, mais par son silence. Il les enseignait quelques fois en leur parlant, et il leur parlait aussi quelquefois par la voix de ses œuvres, et par l’exemple de sa sainte vie. Mais, parce qu’il est dit que Jésus-Christ enseignait ses apôtres, il ne faut pas croire qu’il ne parlât qu’à eux seuls. II enseignait en eux généralement tous les hommes. Comme cette foule était composée de gens du peuple, âmes grossières et rampantes, le Sauveur, plaçant devant lui le chœur de ses disciples, leur adresse à eux directement ses discours, mais en leur parlant il n’oublie pas cette multitude qui avait un extrême besoin de sa parole ; seulement il fait en sorte que l’enseignement de la divine sagesse soit pour elle sans fatigue. C’est ce que saint Luc fait entendre lorsqu’il dit que Jésus-Christ adressa son discours à ses apôtres ; et saint Matthieu marque la même chose en disant que « ses disciples s’approchèrent de lui, et qu’il « les enseignait. » C’était un meilleur moyen pour exciter leur attention que s’il se fût adressé à tous.
Mais que leur dit-il d’abord, et quels sont les fondements de la nouvelle doctrine ? Écoutons attentivement ces divins oracles. S’ils ont