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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/18

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sainte (7), et nullement contraire à la première ; qu’il était le Fils unique de Dieu, consubstantiel à son Père, et autres choses semblables, sur lesquelles tous les Évangélistes s’accordent parfaitement.
Que s’ils n’ont pas tous rapporté les mêmes circonstances de quelques miracles, et si nous en lisons quelques-unes dans les uns et quelques autres dans les autres,.il n’y a pas lieu de s’en étonner. Si un seul Évangéliste avait tout dit, c’est en vain qu’il y en aurait eu plusieurs ; et s’ils eussent tous dit des choses nouvelles et différentes, on n’aurait pu faire voir comment ils s’accordent entre eux. C’est pourquoi ils disent tous des choses communes à tous ; et chacun d’eux en dit aussi qui lui sont propres ; afin qu’il parût qu’il était nécessaire qu’il y en eût plusieurs, et afin que chacun d’eux dans ce qu’il rapporte rendît témoignage à la vérité.
3. C’est là la raison qui a porté saint Luc à écrire son évangile, « afin », dit-il, « que vous soyez persuadé de la vérité des choses que l’on vous a enseignées (Lc. 1,4) ; » c’est-à-dire, afin qu’en voyant tant de personnes vous confirmer les mêmes choses, vous n’en puissiez plus douter, et que vous en demeuriez parfaitement assuré.
Quant à saint Jean quoiqu’il supprime la cause qui l’a porté à écrire son évangile, nous apprenons néanmoins de la tradition de nos pères qu’il a eu aussi une raison particulière qui l’y a engagé. Comme les trois autres avaient eu principalement pour but d’écrire de Jésus-Christ comme homme, qu’ils s’étaient davantage arrêtés sur son humanité, et qu’il y avait à craindre que ce qui regardait la divinité ne demeurât enseveli dans le silence ; il se résolut par un mouvement particulier de Jésus-Christ à composer son évangile dans ce dessein, comme il est aisé de s’en convaincre tant par l’ensemble de son œuvre, que par ses, premières paroles. Car il ne commence pas comme les autres par la naissance temporelle ; il s’élève tout d’un coup à cette génération divine et éternelle, comme à ce qui le pressait davantage, à ce qu’il s’était proposé principalement en écrivant l’Évangile. C’est pourquoi il parle non seulement dans ce commencement, mais dans toute la suite même de soir livre, d’une manière plus grande et plus relevée que les autres.
Pour saint Matthieu, on dit qu’il écrivit à la prière des Juifs qui s’étaient convertis à la foi ; ceux-ci le conjurèrent de leur laisser par écrit les préceptes qu’il leur avait donnés de vive voix, il se rendit à leurs prières, et écrivit en hébreu son évangile. Saint Marc écrivit aussi le sien en Égypte pour satisfaire aux vœux de ses disciples. Écrivant pour les Juifs, saint Matthieu ne s’est mis en peine que de faire voir que Jésus-Christ descendait de la race d’Abraham et de David. Mais saint Luc, qui s’adresse généralement à tous les hommes, passe plus avant, et fait remonter cette génération jusqu’à Adam. Saint Matthieu commence d’abord son évangile par la généalogie de Jésus-Christ ; parce que rien ne pouvait être plus agréable aux Juifs que de leur dire que Jésus-Christ descendait d’Abraham et de David : mais saint Luc rapporte d’abord plusieurs autres choses et descend ensuite à la généalogie de Jésus-Christ.
Nous ferons donc voir l’union et la conformité de ces historiens sacrés par le consentement de toute la terre qui a reçu comme vrai ce qu’ils ont écrit, et par le témoignage même des ennemis de la vérité. Car il s’est élevé après eux plusieurs hérésies, qui ont publié des dogmes contraires à l’Évangile ; les unes ont reçu généralement tout ce que les Évangélistes ont écrit, et les autres retranchant ce qui leur déplaisait, n’ont plus eu qu’un évangile mutilé. S’il se fût trouvé quelque contradiction dans l’évangile, les hérétiques qui prêchaient des choses toutes contraires, ne l’eussent pas reçu tout entier, mais seulement ce qu’ils auraient cru leur être favorable ; et ceux qui ne le reçoivent qu’en partie, n’auraient pas pu être réfutés au moyen de cette partie ; s’ils l’ont été, c’est que tout est si lié dans l’évangile, que la moindre partie fait voir le rapport qui la joint au tout Lorsque l’on coupe une petite partie du corps d’un homme, on y trouve de la chair, des os, des nerfs, des veines, des artères et du sang, et l’on peut juger, par cette seule partie, ce que renferme tout notre corps. Il en est de même de l’Écriture. Chaque parole en contient tout l’esprit, et elle a une liaison inséparable avec tout le reste.
Que si les Évangélistes étaient contraires les uns aux autres, l’Évangile n’aurait jamais été reçu ; et il se serait détruit lui-même, selon cet oracle que nous y lisons : « Tout royaume divisé sera renversé. » (Lc. 11,17) Mais ce