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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/20

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de tout le monde, traités comme des esclaves, et exposés à tous les périls, a été embrassé tout d’un coup avec un profond respect par les savants et par les ignorants ; par les libres et par les esclaves ; par les gens de guerre et par les princes, en un mot par les Grecs et par les peuples les plus barbares.
5. On ne peut pas dire que ce soit la bassesse et pour ainsi dire le terre à terre de la doctrine des apôtres qui l’aient fait recevoir aussi facilement par tout le monde, puisqu’au contraire elle est infiniment puis sublime que tous les systèmes des philosophes. Ni l’idée, ni le nom même de la virginité, de la pauvreté chrétienne, du jeûne et des autres points les plus élevés de notre morale n’avaient été dans le cerveau ou sur les lèvres d’un seul parmi les sages du paganisme ; tant ils étaient éloignés de ces premiers docteurs du christianisme qui ne condamnaient pas seulement les mauvaises actions et les mauvais désirs, niais encore les regards impudiques, les paroles déshonnêtes, les ris immodérés, qui étendaient même leur sollicitude jusqu’à régler les plus petites choses, comme la contenance extérieure, la démarche, le son de la voix, et qui ont propagé par toute la terre la plante sacrée de la virginité. Ils ont inspiré aux hommes des sentiments de Dieu et des choses du ciel, que nul de tous ces sages n’avait jamais pu même soupçonner.
Et en effet, comment ces adorateurs de serpents, de monstres, et des animaux les plus vils et les plus horribles, eussent-ils été capables de comprendre ces vérités ? Cependant ces maximes si relevées que les apôtres ont annoncées, ont été reçues et embrassées avec amour par tout le genre humain ; elles fleurissent et se multiplient de jour en jour, pendant que les vaines idées de ces philosophes s’effacent tous les jours de plus en plus, et disparaissent plus facilement que des toiles d’araignées, parce que ce sont les ouvrages des démons.
Outre l’impudicité qui les déshonore, leurs écrits sont encore enveloppés de tant d’obscurités et de ténèbres, qu’on ne les peut comprendre sans un grand travail. Y a-t-il rien de plus ridicule que de remplir comme ils font, des volumes entiers, pour expliquer ce que c’est que la justice, et de noyer et faire disparaître le sujet qu’ils traitent, sous les flots débordés d’une intarissable faconde. Quand même ils auraient quelque chose de bon, cette prolixité démesurée, les rendrait inutiles pour le règlement de la vie des hommes. Car si un laboureur, ou un maçon, ou un marinier, ou quelque autre artisan que ce soit, qui gagne sa vie de son travail, voulait apprendre de ces personnes ce que c’est que la justice, il faudrait pour cela qu’il quittât son art et ses occupations les plus nécessaires ; et ainsi après avoir passé plusieurs années sans rien faire, il se trouverait que pour avoir voulu apprendre à bien vivre, il se serait mis en danger de mourir de faim.
Rien de semblable dans les préceptes de l’Évangile. Jésus-Christ nous y enseigne ce qui est juste, honnête, utile, et généralement toutes les vertus, en très peu de paroles, claires et intelligibles pour tout le monde, comme quand il dit : « Toute la loi et les prophètes consistent en ces deux commandements (Mt. 22,40) ; » c’est-à-dire, dans l’amour de Dieu et du prochain ; ou lorsqu’il nous donne cette règle : « Faites aux autres tout ce que vous voudriez qu’ils vous fissent à vous-mêmes ; car tel est le résumé de la loi et des prophètes. » (Mt. 7,12). Il n’y a point de laboureur, ni d’esclave, ni de femme si simple, ni d’enfant, ni de personne de si peu d’esprit, qui ne comprenne ces maximes sans aucune peine et cette clarté même est la marque, et comme le caractère de la vérité. C’est ce que l’expérience a fait voir. Tout le monde non seulement a compris ces règles divines, mais les a même pratiquées soit au milieu des villes, soit dans les déserts et sur le haut des montagnes. C’est là qu’on peut voir des chœurs d’anges revêtus d’un corps, et la vie du ciel fleurir sur la terre. Ce sont des pêcheurs qui nous ont appris cette divine philosophie. Ils n’ont pas eu besoin pour cela d’y élever les hommes dès leur enfance, selon la méthode de ces philosophes, et ils, n’ont pas limité l’étude de la Vertu à un certain nombre d’années ; mais ils ont prescrit des règles pour tous les âges. La manière d’instruire des philosophes n’est qu’un jeu d’enfants, au lieu que la nôtre est l’ouvrage de la vérité même. Le lieu que nos saints docteurs ont choisi pour leur école est le ciel, et Dieu même est le maître de l’art qu’ils nous ont appris, et le législateur des lois qu’ils ont promulguées. Le prix qui nous est proposé dans cette céleste académie, ce n’est pas un rameau d’olivier ou