Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous viendra sans doute, qui vous sera présent, qui vous assistera dans vos combats, et qui vous rendra tout facile. C’est pourquoi il nous commande de prier, et il nous promet de nous exaucer. Il ne veut pas que ces prières soient froides et lâches, mais ferventes et continuelles. C’est ce qu’il marque par ce mot : « cherchez. » Celui qui cherche une chose, bannit les autres de son esprit, il ne s’occupe que de ce qu’il cherche, et il ne pense à rien de tout le reste. Ils comprennent ce que je dis, ceux qui ont perdu leur or ou des esclaves, et qui les cherchent.
Cet autre mot « frappez », montre l’ardeur avec laquelle nous devons prier, et quelle doit être la ferveur de notre oraison. Ne vous découragez donc pas, et ne témoignez pas moins de zèle pour la vertu, que vous n’en montrez pour rechercher de l’or. Cet or, vous n’êtes pas assuré, en le cherchant, de le trouver, et néanmoins dans cette incertitude vous ne laissez pas de renverser tout, et vous n’épargnez aucune peine. Ici, au contraire, vous êtes assuré de trouver ce que vous cherchez, et vous ne montrez pas la moindre partie de cette ardeur que vous avez pour les richesses. Que si vous ne recevez pas d’abord ce que vous voulez, ne vous découragez pas. C’est pour cela que Jésus-Christ dit : « frappez », afin de vous apprendre que s’il ne vous ouvre pas du premier coup la porte, vous ne devez pas en être surpris, mais attendre humblement qu’il vous ouvre. Si vous ne voulez pas m’en croire, croyez au moins Jésus-Christ, qui fait ce raisonnement : « Quel est parmi vous le père qui donne une pierre à son fils, lorsqu’il lui demande du pain (9) ? – Ou s’il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent (10) ? » Lorsque vous pressez trop les hommes vous leur devenez importun ; mais Dieu se fâche contre vous, si vous ne le pressez avec instance. Que si vous l’importunez par vos prières, quoiqu’il diffère à vous accorder vos demandes, soyez sûr néanmoins qu’il le fera. Il ne tient la porte fermée qu’afin de vous exciter davantage à frapper ; et s’il diffère à vous exaucer, c’est afin que vous le priiez avec plus d’instance. Soyez donc ferme et persévérant dans la prière, et vous serez exaucé. C’est pour que vous ne disiez pas : Mais si je prie et que je ne reçoive rien ? que Jésus-Christ fait le raisonnement que nous venons de voir, afin que cette vue de la conduite ordinaire de tous les hommes vous établisse dans une ferme confiance. II vous apprend en même temps non seulement que vous devez prier, mais encore ce que vous devez demander : « Quel est parmi vous », dit-il, « le père qui donne une pierre à son fils lorsqu’il lui demande du pain ? » Si vous n’êtes pas exaucé dans votre prière, c’est parce que vous demandez « une pierre », au lieu de demander « du pain. » La qualité de « fils » ne vous suffit pas pour obtenir généralement tout ce que vous désirez. Ce qui vous empêche, au contraire, d’être exaucé, c’est qu’étant fils de Dieu, vous lui demandez des choses indignes de ce que vous êtes. Ne demandez que les biens de l’esprit, et non ceux de la chair et du monde, et vous les recevrez. Voyez combien promptement Salomon reçut de Dieu ce qu’il lui avait demandé, parce que ses demandes étaient sages et raisonnables.
Il faut donc ces deux conditions dans notre prière : demander avec ardeur, et ne demander que ce qu’il faut demander. Vous voyez vous-mêmes, dit Jésus-Christ, que, bien que vous soyez pères, et que vous aimiez vos enfants, vous attendez néanmoins qu’ils vous exposent ce qu’ils désirent de vous. Lorsqu’ils vous demandent quelque chose qui peut leur nuire, vous ne les écoutez pas ; mais lorsque leurs demandes sont raisonnables, vous y consentez aussitôt. Ayez toujours cet exemple présent à l’esprit et ne cessez point de demander que vous n’ayez reçu ce que vous voulez. Ne cessez point de chercher que vous n’ayez trouvé ce que vous cherchez. Ne cessez point de frapper qu’on ne vous ait ouvert. Si vous venez à la prière dans cette disposition, et si vous dites : je ne sortirai point d’ici que je n’aie reçu ce que je demande, vous le recevrez sans doute, pourvu que vous ne demandiez rien qui soit indigne de Celui que vous priez, et qui vous soit dangereux à vous-même.
Que devez-vous donc observer dans vos demandes ? C’est de ne demander que des choses spirituelles ; c’est de pardonner à vos frères avant que de prier Dieu qu’il vous pardonne ; c’est « d’élever des mains pures et saintes, sans « colère et sans dispute. » (1Tim. 2,8) Si nous prions de la sorte, nous serons toujours exaucés. Mais hélas ! nos prières aujourd’hui sont une dérision. Elles sont plus dignes de personnes ivres que de personnes ayant leur sang-froid. D’où vient, dites-vous, que je demande à