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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/206

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n’a point de fin. Ainsi la courte durée des travaux, l’éternité des couronnes, ceux-là conduisant à celles-ci, celles-ci succédant à ceux-là, voilà de quoi procurer la plus grande consolation. C’est ainsi que saint Paul appelait l’affliction « légère », non en la regardant en elle-même, mais en la considérant dans la disposition de ceux qui la souffrent, et par rapport aux biens – à venir : « Car le moment si court », dit-il, « des légères afflictions de cette vie produit en nous le poids éternel d’une gloire incomparable, ne considérant point les choses visibles, mais les invisibles. » (2Cor. 14) Si tout paraît doux et léger aux hommes, les flots au pilote, la mort et les blessures aux soldats, la rigueur de l’hiver aux laboureurs, et les plus rudes coups aux athlètes, à cause de la récompense qu’ils espèrent, quoique si vaine et si périssable : combien plus le ciel qu’on nous promet, et ces biens ineffables qui y sont, nous doivent-ils rendre comme insensibles aux maux de ce monde ? Si après cela quelqu’un croit encore que cette voie soit laborieuse, ce n’est pas qu’elle soit pénible en effet, mais c’est qu’on manque de courage.
6. Mais remarquez encore combien Jésus-Christ rend cette voie facile, en nous com mandant de ne point donner les choses saintes aux chiens et aux pourceaux, de nous garder des faux prophètes, et d’être toujours prêts à combattre. C’était même un excellent moyen de rendre cette voie aisée, que de dire, « qu’elle est étroite », parce que c’était avertir ainsi ceux qui y marchent, de se tenir toujours sur leurs gardes. Car comme lorsque saint Paul nous dit : « Nous n’avons pas à combattre « contre la chair et le sang (Eph. 6,2) », il ne prétend pas nous décourager, mais nous exciter au combat ; de même Jésus-Christ, voulant réveiller de leur assoupissement ceux qui marchaient par cette voie, leur déclare qu’elle est âpre et laborieuse.
Mais il ne se sert pas seulement de cette considération pour les rendre vigilants. Il les avertit encore que cette voie est pleine d’ennemis qui ne pensent qu’à les surprendre, et qui sont d’autant plus à craindre qu’ils se cachent davantage. Car c’est ainsi que toit tous les faux prophètes. Mais ne regardez point la difficulté de cette voie. Voyez seulement où elle se termine : et ne considérez point aussi, si celle qui lui est opposée est large et aisée, mais où elle conduit ceux qui y marchent Jésus-Christ n’a point d’autre but en tout cet que de nous encourager, comme encore lorsqu’il dit ailleurs : « Le royaume des cieux souffre violence, et les violents l’emportent. » (Mt. 11,12) Car lorsque l’athlète remarque que celui qui préside à ses combats, en admire la peine et le péril, il en devient bien plus courageux.
Ne nous laissons donc point abattre lorsqu’il nous arrive des maux. Il est vrai que la voie est étroite, et que la porte est petite, mais la ville où elles conduisent ne l’est pas ; et si nous ne devons point attendre ici de repos, nous ne devons non plus craindre là aucune misère. Mais en disant qu’il « y en a peu qui trouvent la voie étroite », il fait voir encore la lâcheté de plusieurs. Il instruit ceux qui l’écoutent à ne point s’arrêter au grand nombre de ces qui marchent dans la voie large avec un succès heureux en apparence ; mais à jeter les yeux sur ce petit nombre qui gémit et qui souffre dans la voie étroite. Car la plupart dit-il, non