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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/212

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HOMÉLIE XXIV.


« TOUS CEUX QUI ME DISENT : SEIGNEUR, SEIGNEUR, N’ENTRERONT PAS DANS LE ROYAUME DES CIEUX, MAIS CELUI-LÀ SEUL Y ENTRERA QUI FAIT LA VOLONTÉ DE MON PÈRE QUI EST DANS LE CIEL. » (CHAP. 7,21, JUSQU’AU VERSET 28)

ANALYSE.

  • 1. La volonté du Fils n’est pas autre que celle du Père. – L’opération des miracles ne sert de rien sans la vertu à celui qui les fait.
  • 2. Prérogative de la vertu.
  • 3. Nul ne peut nuire à l’homme vertueux. Les méchants endurent beaucoup de maux.
  • 4. Que la malice est toujours faible et timide, et la vertu forte et courageuse. Que ceux qui persécutent les bons les rendent illustres et se perdent eux-mêmes.


1. Pourquoi Jésus-Christ n’a-t-il pas dit : Celui qui fait ma Volonté ? Parce qu’il fallait d’abord se contenter de faire admettre la volonté du Père. C’était déjà même beaucoup, vu la faiblesse des hommes. Au reste, qui dit la volonté du Père dit la volonté du Fils, puisque la volonté du Fils n’est jamais différente de celle du Père. Il me semble que Jésus-Christ attaque ici particulièrement les Juifs, qui mettaient toute leur religion dans la spéculation et dans la doctrine, sans se mettre en peine de purifier leurs mœurs. C’est pourquoi saint Paul leur fait ce reproche : « Vous portez le nom de juif, vous vous reposez sur la loi ; vous vous glorifiez des faveurs que Dieu vous a faites, vous connaissez sa volonté. »(Rom. 2,17) Mais cette connaissance de la volonté de Dieu ne vous sert de rien, si vous n’y joignez la pratique des bonnes œuvres, et le règlement de votre vie. Jésus-Christ ne s’arrête pas là, et il dit quelque chose de plus fort. « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en votre nom ? n’avons-nous pas chassé les démons en votre nom ? et n’avons-nous pas fait plusieurs miracles en votre nom (22) ? non seulement, dit-il, celui qui ayant la foi néglige les mœurs, sera chassé du royaume : mais quand même un homme, avec une telle foi, ferait de grands miracles, si en même temps sa vie n’est pure, il sera exclu du ciel. « Car plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas e prophétisé en votre nom ? » Remarquez qu’il commence, quoique d’une manière couverte, à parler en Dieu, et qu’après avoir achevé ce long discours, il déclare enfin qu’il est juge. Il avait déjà montré que les pécheurs seraient infailliblement punis ; mais il fait voir ici quel serait Celui qui les punirait. Il ne dit pas néanmoins absolument : C’est moi, mais « plusieurs en ce jour-là me diront : Seigneur, Seigneur », ce qui est en effet la même chose. Car s’il n’était pas le juge, comment leur dirait-il : « Et alors je leur dirai hautement je ne vous ai jamais connus : retirez-vous de moi ? » « Je ne vous ai jamais connus », non seulement à ce moment que je vous juge, mais lors même que vous faisiez des miracles, C’est pourquoi il disait à ses disciples : « Ne vous réjouissez pas de ce que les démons « vous sont assujettis ; mais de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. » (Luc. 10,20) Et il ne les exhorte partout qu’à régler leurs mœurs. Car lorsqu’un homme vit bien et dans l’éloignement du vice, il est impossible qu’il soit rejeté de Dieu. Quand même il serait dans quelque erreur, Dieu lui fera bientôt connaître sa vérité.
Quelques-uns croient que ceux qui diront alors à Jésus-Christ : « Qu’ils auront fait plusieurs miracles en son nom », le diront faussement, et qu’ils mentiront, et que c’est