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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/234

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nous autres, dont la vie est si molle et si relâchée ?
Ne considérez pas seulement que ce saint prophète est tombé, de peur que cette considération ne vous rende encore plus lâches et plus tièdes ; mais examinez avec soin ce qu’il fait pour se relever de sa chute, combien de soupirs il exhale, combien de larmes il verse, comme il s’entretient dans des sentiments de pénitence, non seulement le jour, mais même la nuit, baignant son lit de ses larmes, et cela sans jamais quitter son cilice. Si David a eu besoin de tous ces remèdes pour se purifier de son péché ; comment pourrons-nous nous sauver, nous qui commettons tant de crimes, et qui n’en avons aucun repentir ? De plus David avant son péché, avait vécu si saintement, que ses vertus passées pouvaient en quelque sorte couvrir son crime, mais nous qui n’avons rien fait, nous sommes pour ainsi dire tout nus et sans défense, et tous les coups que nous recevons nous blessent à mort.
Pour éviter ce malheur, mes frères, couvrons-nous de nos bonnes œuvres, comme d’un bouclier impénétrable, et si nous remarquons en nous quelque tache du péché, effaçons-la par nos larmes, afin qu’en recherchant la seule gloire de Dieu, nous méritions d’être heureux en cette vie et en l’autre, par ta grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXVII


« OR JÉSUS ÉTANT DANS LA MAISON DE PIERRE, VIT SA BELLE-MÈRE QUI ÉTAIT AU LIT ET AVAIT LA FIÈVRE. – IL LUI TOUCHA LA MAIN ET LA FIÈVRE LA QUITTA, ET, S’ÉTANT LEVÉE, ELLE LES SERVAIT. » (CHAP. 8,14, 15)

ANALYSE.

  • 1. Ce qu’il y a de plus miraculeux dans la guérison de la belle-mère de saint Pierre, ce n’est pas qu’elle fut guérie tout à coup, mais c’est qu’elle le fut entièrement et sans avoir besoin de convalescence.
  • 2. Ce n’étaient pas seulement les miracles que faisait le Christ qui attiraient à lui les hommes, mais sa seule vue était pleine de grâces et charmait les âmes. Speciosus forma prae filiis hominum. (Ps. 44,3) Douceur de Jésus-Christ.
  • 3. Jésus-Christ faisait ses réponses selon la pensée secrète de ceux qui l’interrogeaient.
  • 4 et 5. Exhortation. Il faut préférer le salut à toutes choses. Qu’il n’y a rien de si effroyable que la mort de l’âme. Qu’un pécheur est sans comparaison plus mort que ne sont les morts enfermés dans le tombeau.


1. Saint Marc voulant marquer la promptitude de cette guérison, ajoute ce mot, « aussitôt ; » ce que saint Matthieu ne rapporte pas, se contentant d’avoir marqué le miracle. Saint Luc dit aussi que cette femme malade pria Jésus-Christ de la guérir ; ce que saint Matthieu a omis encore. Tout cela néanmoins ne prouve pas que les Évangélistes se combattent ; mais seulement que les uns ont voulu être plus courts, et les autres, rapporter les choses plus exactement.
Mais pourquoi Jésus-Christ allait-il dans la maison de saint Pierre ? Je crois que c’était pour y manger ; et l’Évangéliste le fait assez voir, lorsqu’il dit que cette femme, après qu’elle fut guérie, « se leva et les servit. » Car Jésus-Christ allait ainsi manger chez ses disciples, comme on le voit encore par saint Matthieu, chez qui il alla, lorsqu’il l’appela pour être apôtre : ce qu’il faisait afin d’honorer ainsi ses disciples, et de les rendre plus ardents le servir.