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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/358

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HOMÉLIE XLIV


« COMME IL PARLAIT ENCORE AU PEUPLE, SA MÈRE ET SES FRÈRES ÉTAIENT DEHORS QUI DEMANDAIENT À LUI PARLER. ET QUELQU’UN LUI DIT : VOILA VOTRE MÈRE ET VOS FRÈRES QUI SONT LÀ DEHORS ET QUI VOUS DEMANDENT. MAIS IL RÉPONDIT A CELUI QUI DISAIT CELA : QUI EST MA MÈRE ET QUI SONT MES FRÈRES ? ET ÉTENDANT SA MAIN SUR SES DISCIPLES : VOICI, DIT-IL, MA MÈRE, ET VOICI MES FRÈRES. » (CHAP. 12,46, 47, 48, 49, JUSQU’AU VERSET 10 DU CHAP. XIII)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Marie est proclamée bienheureuse pour avoir porté le Fils de Dieu dans ses entrailles, et surtout pour avoir été en tout obéissante à la volonté de Dieu.
  • 3. Parabole de la semence. Celui qui sème est sorti. – Comment celui qui est partout peut-il sortir de quelque part. – Nous ne recevons pas la semence par notre faute et non par la faute du semeur.
  • 4 et 5. Que la même mesure de vertu n’est pas exigée de tous. – Combien il est dangereux de laisser perdre les instructions que Dieu nous donne. – Que les plaisirs de la vie sont très – justement comparés à es épines. – Des maux que l’excès de la bonne chère et l’intempérance de la bouche produit en nous.


1. Jésus-Christ, mes frères, nous fait voir ici dans un exemple bien sensible combien ce que je vous disais l’autre jour est vrai, savoir que là où manque la vertu, tout le reste est inutile. Je vous disais la dernière fois que ni l’âge, ni le sexe, ni le désert, ni tous les saints exercices ne nous serviraient de rien, si nous n’avions une piété sincère dans le cœur. Aujourd’hui nous apprenons quelque chose de plus, nous apprenons qu’il ne servirait de rien d’avoir porté Jésus-Christ dans ses entrailles et de l’avoir enfanté miraculeusement comme a fait la Vierge, si l’on ne possédait en même temps la vertu. C’est là une conséquence évident ? des paroles évangéliques que nous allons expliquer. « Lorsque Jésus-Christ parlait encore au peuple, quelqu’un lui dit (46) : Voilà votre mère et vos frères qui sont là dehors, et qui vous demandent (47). Mais il lui répondit : Qui est ma mère et qui sont mes frères (48) ? » Il ne parlait pas ainsi pour désavouer sa mère, ni par la crainte qu’il eut de passer pour son fils devant les hommes. S’il avait pu rougir d’avoir Marie pour mère, il ne serait jamais descendu dans son sein. Il voulait donc nous apprendre qu’il n’eût servi de rien à la Vierge d’être mère de Jésus-Christ, si sa vie n’eût été en même temps parfaite.
Mais ce que les parents de Jésus-Christ faisaient en cette rencontre venait de l’amour propre. Ils veulent montrer devant le peuple que Jésus-Christ leur appartient ; ils n’ont pas encore de lui une juste idée, et ils viennent à contre-temps le trouver. Voyez leur vanité. Au lieu d’entrer avec les autres, et d’écouter Jésus-Christ avec un profond silence, ou d’attendre au moins à la porte qu’il eût achevé de parler, ils vont au contraire l’appeler devant tout le monde, affectant de faire paraître qu’ils avaient pouvoir de lui commander. C’est ce que marque l’Évangile par ces paroles : « Lorsqu’il parlait encore au peuple ;» comme s’il disait : N’avaient-ils point d’autre temps plus propre pour lui parler ? Ne pouvaient-ils le faire sans l’incommoder ? Qu’avaient-ils de si prêt à lui dire ? S’ils lui voulaient faire quelque question de doctrine, que ne la lui proposaient-ils en public, afin que sa réponse servît d’instruction à tout le peuple ? Si ce n’était que pour des affaires particulières, il ne fallait pas témoigner cet empressement.
Que si le Sauveur avait refusé à l’un de ses disciples la permission d’aller ensevelir son