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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/541

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HOMÉLIE LXVIII


« ÉCOUTEZ UNE AUTRE PARABOLE : UN PÈRE DE FAMILLE AYANT PLANTÉ UNE VIGNE, L’ENTOURA D’UNE HAIE, ET CREUSANT DANS LA TERRE, Y FIT UN PRESSOIR ET Y BÂTIT UNE TOUR, PUIS AYANT LOUÉ SA VIGNE À DES VIGNERONS, IL S’EN ALLA EN UN PAYS ÉLOIGNÉ. ET LE TEMPS DES VENDANGES ÉTANT PROCHE, IL ENVOYA SES SERVITEURS POUR EN RECUEILLIR LE FRUIT. MAIS LES VIGNERONS SE SAISISSANT DES SERVITEURS, BATTIRENT L’UN, TUÈRENT L’AUTRE, ET LAPIDÈRENT L’AUTRE. IL LEUR ENVOYA ENCORE D’AUTRES SERVITEURS EN PLUS GRAND NOMBRE QUE LES PREMIERS, ET ILS LES TRAITÈRENT DE MÊME. ENFIN, IL LEUR ENVOYA SON FILS, DISANT EN LUI-MÊME : ILS AURONT AU MOINS QUELQUE RESPECT POUR MON FILS. MAIS LES VIGNERONS VOYANT LE FILS, DIRENT ENTRE EUX : VOICI L’HÉRITIER, ALLONS, TUONS-LE, ET RENDONS-NOUS MAÎTRES DE SON HÉRITAGE. AINSI S’ÉTANT SAISIS DE LUI, ILS LE JETÈRENT HORS DE LA VIGNE ET LE TUÈRENT. LORS DONC QUE LE SEIGNEUR DE LA VIGNE SERA VENU, COMMENT TRAITERA-T-IL SES VIGNERONS ? ILS LUI RÉPONDIRENT : IL PERDRA CES MÉCHANTS COMME ILS LE MÉRITENT, ET LOUERA SA VIGNE A D’AUTRES VIGNERONS, QUI LUI EN RENDRONT LES FRUITS EN LEUR SAISON ». (CHAP. 21,33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 4O, 41, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Jésus fait comprendre aux Juifs qu’elle est leur ingratitude et combien ils seront punis par la parabole du propriétaire qui a planté une vigne.
  • 3-5. De l’amour des faux plaisirs de cette vie. – Description des maux que nous y souffrons. – Comparaison des gens du monde avec les religieux et les solitaires. – Éloge des moines qui vivaient dans les montagnes du voisinage d’Antioche.


1. Jésus-Christ découvre beaucoup de choses par cette parabole. Il fait voir aux Juifs avec quel soin la providence de Dieu a toujours veillé sur eux ; qu’elle n’a rien omis de tout ce qui pouvait contribuer à leur salut ; qu’ils ont toujours été portés à répandre le sang ; qu’après qu’ils ont tué si cruellement les prophètes, Dieu, au lieu de les rejeter avec horreur, leur avait envoyé son propre fils. Il leur marque encore par cette figure qu’un même Dieu était l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament : que sa mort produirait des effets admirables dans le monde ; qu’ils devaient attendre une terrible punition de l’attentat par lequel ils allaient le faire mourir sur une croix. Que les gentils seraient appelés à la connaissance du vrai Dieu, et que les Juifs cesseraient d’être son peuple. C’est pourquoi il ne leur marque toutes ces choses qu’après qu’il leur a dit cette parabole, pour leur faire mieux comprendre que leur crime était si énorme qu’il était indigne de tout pardon, puisque, malgré tout ce que Dieu avait fait pour leur salut, les publicains et les femmes de mauvaise vie s’élevaient beaucoup au-dessus d’eux dans le royaume de Dieu.
Mais considérez, mes frères, d’un côté la vigilance du maître de la vigne, et de l’autre la paresse et la lâcheté des serviteurs. Il fait lui-même la plus grande partie de ce que ces serviteurs devaient faire eux-mêmes. Il plante sa vigne, il l’environne d’une haie, et fait tout le reste. Il ne leur laisse à faire que fort peu de choses, c’est-à-dire à entretenir cette vigne et à conserver en bon état ce qui leur avait été confié. Car nous voyons par le rapport de l’Évangile que ce Maître si sage n’avait rien omis. Tout était préparé avec un soin admirable ; et cependant tant de soins et tant de préparations ont été entièrement inutiles. Lorsque les Juifs furent délivrés si divinement de l’Égypte, Dieu leur donna une loi, il leur