Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/55

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HOMÉLIE VI.


« JÉSUS DONC ÉTANT NÉ A BETHLÉEM, QUI EST DANS LA TRIBU DE JUDA AU TEMPS DU ROI HÉRODE, DES MAGES VINRENT DE L’ORIENT A JÉRUSALEM.- ET ILS DEMANDÈRENT, OU EST LE ROI DES JUIFS QUI EST NOUVELLEMENT NÉ ? CAR NOUS AVONS VU SON ÉTOILE DANS L’ORIENT, ET NOUS SOMMES VENUS L’ADORER, ETC. » (CHAP. 2,1, JUSQU’AU VERSET 4)

ANALYSE.

  • 1. L’étoile qui apparut aux mages ne prouve pas que l’astrologie soit une science vraie, autrement comment expliquer que le Christ l’eût fait cesser ainsi que les autres prestiges des démons.
  • 2. L’étoile qui annonça la naissance du Christ n’était pas du nombre des autres étoiles.
  • 3. Pourquoi l’étoile apparut.
  • 4. C’est par l’action de la grâce que les mages, en voyant l’étoile, prirent la résolution d’adorer Jésus. – Dieu influence la volonté sans détruire le libre arbitre. – Pourquoi Jérusalem se troubla en apprenant la naissance du Christ.
  • 5. Les Juifs ne suivirent pas les mages, tant était grande leur insouciance des choses du ciel. – Ils n’avaient pas la moindre étincelle de ce feu spirituel qui détruit dans le cœur l’amour des choses du siècle.
  • 6. Contre le rire dissolu.

7 et 8. Contre les spectacles.
1. Nous avons besoin, mes frères, d’une grande attention, et de beaucoup de prières, pour expliquer toutes les difficultés qui se trouvent dans ces paroles de notre Évangile, et pour savoir qui sont ces mages, d’où ils sont venus ; qui leur a fait entreprendre ce voyage ; et quelle était cette étoile qui les a conduits.
Commençons, si vous voulez, par ce que disent sur ce sujet les ennemis de la vérité : car le démon les aveugle de telle sorte, qu’ils croient trouver dans cette histoire des armes pour combattre cette même vérité. Aussitôt, disent-ils, que Jésus-Christ fut né, il parut une étoile, ce qui est une preuve claire de la certitude et de la solidité de l’astrologie. Mais qu’y a-t-il de plus faux que ce raisonnement ? Si Jésus était né selon la loi de l’astrologie, comment l’aurait-il détruite après, en renversant l’erreur du destin, en fermant la bouche aux démons, et en détruisant toutes les illusions de cet art de prédire et de deviner ?
Comment les mages ont-ils pu aussi comprendre par cette étoile que cet enfant fût le roi des Juifs, puisque assurément il n’était pas roi de ce royaume terrestre, comme il le dit lui-même à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde ? » (Jn. 18,36) Il n’a rien eu à l’extérieur de ce qui accompagne les rois.
Il n’a point eu auprès de lui de gardes d’hommes de guerre, de chevaux, d’attelages de mules, ni d’autres choses semblables. Il a choisi une vie basse et méprisable, et il ne s’est fait suivre que de douze hommes fort pauvres.
Mais quand même les mages eussent reconnu Jésus-Christ comme un prince temporel, pourquoi le viennent-ils trouver ? Ce n’est point l’effet de l’art des astrologues de connaître par les astres ceux qui sont nés, mais de prédire, à ce qu’ils prétendent, ce qui doit arriver à l’enfant, en observant quelle était la disposition des étoiles au moment de sa naissance. Cependant les mages ne s’étaient point trouvés auprès de la mère pour remarquer le point de son accouchement. Ils n’avaient point su le temps auquel était né Jésus-Christ, pour que cette connaissance fût le fondement des prédictions qu’ils auraient pu faire pour l’avenir. Au contraire, après avoir vu luire longtemps auparavant une étoile dans leur pays, ils viennent pour voir celui qui était né, ce qui surprend encore plus que tout le reste.
Car quelle raison les pouvait porter à ce voyage ? Quel bien espéraient-ils en venant de si loin adorer un roi ? Quand ce prince eût dû un jour être leur roi, cette raison n’aurait pas