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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/598

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une personne, consacrée à Dieu, commet un crime contre la pureté, le péché alors est monté à son comble.
Vous voyez donc combien il se trouve dans un seul péché de degrés différents, puisqu’il change lorsqu’on le considère ou avant la Loi, ou après la Loi, ou dans une personne consacrée à Dieu, ou dans un laïque, ou dans un riche, ou dans un pauvre, ou dans un catéchumène, ou dans un fidèle. On doit aussi beaucoup considérer la lumière et l’instruction de celui qui le commet : « Car, celui qui connaît la volonté de son maître et ne la fait pas, sera beaucoup châtié ». (Lc. 12,47) Et celui qui pèche après tant d’exemples, s’attire une bien plus grande punition. C’est pourquoi Dieu dit : « Et vous-mêmes qui avez vu ces exemples, vous n’avez point fait pénitence, quoique vous ayez reçu tant de grâces ». (Sag. 4) Aussi, entre les reproches que Jésus-Christ fait à Jérusalem, il lui dit « Combien de fois ai-je voulu rassembler vos enfants et vous ne l’avez pas voulu » ?
C’est encore un bien plus grand crime de pécher lorsqu’on est dans le plaisir et dans les délices, comme on le voit par l’exemple du mauvais riche et du Lazare. Le lieu quelquefois change le crime qui est commis, et Jésus-Christ marque lui-même cette circonstance, lorsqu’il dit aux Juifs : « Vous avez tué Zacharie entre le temple et l’autel ». La qualité des péchés par elle-même leur donne aussi quelque différence : « Vous avez », dit Dieu, « tué vos fils et vos filles : et ce crime est plus insupportable que toutes les fornications et que toutes les abominations que vous avez faites ». Et encore : « Il n’est pas étonnant que quelqu’un soit surpris à voler, lorsqu’il vole pour soutenir sa vie épuisée par la faim ». (Prov. 6,30)
Le péché change aussi selon les personnes contre qui on l’a commis : « Si quelqu’un pèche contre un homme », dit l’Écriture « on priera pour lui ; mais si c’est contre Dieu même qu’il pèche, qui osera offrir pour lui prières » ? (1Sa. 2) Le péché s’augmente encore lorsqu’on devient plus méchant que ceux qui s’étaient signalés par leurs excès comme Dieu le reproche dans Ézéchiel : « Vous n’avez pas même gardé la justice d’un païen et d’un infidèle (Ez. 16,20) » ; ou lorsque l’exemple des autres ne nous sert pas : « Elle a vu sa sœur », dit Dieu, « et elle a paru juste lorsqu’on l’a comparée avec elle ». (Id)
Le crime devient encore plus grand lorsqu’on le commet après avoir reçu de plus grandes grâces de Dieu. C’est ce que Jésus-Christ dit lui-même : « Si on avait fait dans Tyr et dans Sidon les mêmes miracles, il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence. C’est pourquoi Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement un jour » (Mt. 11,23) Remarquez donc, mes frères, avec quelle exactitude Dieu examine nos péchés, et que tous ceux qui commettent le même crime n’en sont pas punis également : lorsque nous avons une fois abusé de la miséricorde de Dieu, et que nous nous sommes rendus inutiles à nous-mêmes cette bonté qu’il avait pour nous, nous nous attirons un bien plus grand supplice. Saint Paul le marque clairement, lorsqu’il dit : « Mais vous, au contraire, par votre dureté et par l’impénitence de votre cœur, vous vous amassez un trésor de colère ». (Rom. 2,5)
Comprenons ces vérités, mes frères, et ne nous scandalisons de rien de ce qui arrive dans ce monde. Que l’un soit riche et l’autre pauvre ; que l’un soit heureux, l’autre malheureux, abandonnons tout à la providence, à la sagesse incompréhensible de Dieu, et ne nous exposons point sur cette mer périlleuse des raisonnements humains, où nous ne trouverons que des tempêtes et des écueils. Appliquons-nous avec soin à la vertu, fuyons le vice avec horreur pour jouir un jour des biens que Dieu nous promet par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui gloire au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.