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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/63

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l’un et l’autre sexe, et pour souiller vos yeux par la vue de ces impuretés.
Ne dites point que celle qui paraît de la sorte est une femme prostituée. Car c’est toujours une femme, et qu’elle soit libre ou esclave, son déshonneur est celui du sexe et de la nature. S’il n’y avait point de mal en cela, pourquoi vous retireriez-vous, si cela vous arrivait dans une rue ? Pourquoi vous emporteriez-vous contre celle qui commettrait cette infamie ? Est-ce que ce qui blesse l’honnêteté lorsqu’on est seul, ne la blesse plus lorsqu’on est plusieurs ensemble ? Cette pensée n’est-elle pas ridicule, et entièrement extravagante ? Il vaudrait mieux couvrir tout son visage de boue, que de souiller sa vue par ces spectacles honteux. Car la boue blesse moins les yeux du corps, que la vile de cette femme impudique ne blesse ceux de l’âme.
Souvenez-vous d’où est venue d’abord la nudité dans le premier homme, et appréhendez la cause de cet état si honteux. Qu’est-ce qui causa cette nudité, sinon la désobéissance d’Adam, et l’inspiration du démon ? Tant il est vrai que c’est le démon qui s’est plu d’abord à mettre les hommes dans cet état ! Mais nos premiers pères se voyant nus rougirent au moins de leur nudité : et vous autres vous vous en glorifiez ; et « vous mettez votre gloire dans votre confusion (Phil. 3,13) », selon la parole de l’Apôtre. De quels yeux vous regardera votre femme, lorsque vous revenez de ces lieux impurs ? comment vous recevra-t-elle ? comment vous parlera-t-elle, après que vous avez fait cet outrage à son sexe, et que la vue d’une prostituée vous a peut-être rendu son esclave par une détestable passion ?
Si vous vous affligez lorsque je vous parle de la sorte, je bénirai Dieu de la grâce qu’il vous fait. Car « qui peut me donner plus de joie, » comme disait saint Paul, « que celui qui s’attriste par ce que je dis ? » (2Cor. 2,2)Ne cessez donc point de pleurer et de soupirer de ces désordres, puisque la douleur que vous en ressentirez sera le commencement de votre conversion. C’est pour cette raison que je vous ai parlé avec plus de force ; j’ai voulu par une incision plus profonde vous guérir de la gangrène que vous communiquent ces corrupteurs publics, et vous rendre une parfaite santé. C’est ce que je vous souhaite à tous avec ces récompenses éternelles que Dieu promet à nos bonnes œuvres, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.