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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/64

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HOMÉLIE VII.


HÉRODE AYANT ASSEMBLÉ TOUS LES PRINCES DES PRÊTRES ET LES DOCTEURS DU PEUPLE, S’ENQUIT D’EUX OU DEVAIT NAÎTRE LE CHRIST. – ET ILS LUI DIRENT QUE C’ÉTAIT A BETHLÉEM DE LA TRIBU DE JUDA, SELON CE QUI A ÉTÉ ÉCRIT PAR LE PROPHÈTE : – ET VOUS, BETHLÉEM, TERRE DE JUDA, VOUS N’ÊTES PAS LA PLUS PETITE PARMI LES PRINCIPALES VILLES DE JUDA ; CAR DE VOUS SORTIRA LE PRINCE QUI SERA LE PASTEUR DE MON PEUPLE D’ISRAËL », ETC. (CHAP. 2,4, 5, 6, JUSQU’AU VERSET 12)

ANALYSE.

  • 1. Des signes qui marquèrent la venue de Jésus-Christ.
  • 2. Il sortira de Bethléem. Quelques-uns ont l’audace d’appliquer cet oracle à Zorobabel ; vive réfutation de cette erreur.
  • 3. Aveuglement et inconséquence d’Hérode.
  • 4. Sortie contre Marcion, Paul de Samozate et les Juifs.
  • 5-7. Comment on doit aller à la sainte communion. – Que les préceptes de l’Évangile sont communs à tous.- Péroraison éloquente contre les spectacles.


1. Voyez-vous, mes frères, comment tout dans cette histoire tourne à la condamnation des Juifs ? Tant qu’ils n’ont pas encore vu Jésus-Christ, tant que l’envie ne s’est pas emparée d’eux, ils rapportent fidèlement ce que les prophètes en avaient prédit ; et lorsqu’ils ont vu depuis sa gloire établie par ses miracles, l’envie dont ils ont été prévenus leur a fait trahir la vérité. Mais plus elle a rencontré d’obstacles, plus elle s’est élevée, et les persécutions n’ont servi qu’à la propager.
Cependant admirez ici un étonnant effet de la sagesse de Dieu. On voit les Juifs et ces étrangers s’instruire mutuellement les uns les autres. Les Juifs apprennent des mages qu’une étoile avait annoncé le Messie dans leur pays ; et les mages apprennent des Juifs que Celui que cette étoile annonçait, avait été longtemps auparavant prédit par les prophètes. Cette exacte information d’Hérode est cause que les uns et les autres connaissent plus clairement la vérité. Ceux même qui la combattaient sont forcés malgré eux de lire les Écritures qui la démontrent, et d’interpréter les prophéties, quoi-qu’ils ne l’aient fait qu’imparfaitement. Car après avoir dit que Jésus naîtrait dans Bethléem, et que d’elle sortirait le pasteur d’Israël, ils suppriment, pour flatter Hérode, ces paroles que le Prophète ajoute ; « Il sortira dès le commencement des jours de l’éternité. » (Mic. 5,2)
Vous me direz peut-être : Puisque le Messie devait sortir de Bethléem, pourquoi demeure-t-il dans Nazareth un peu après sa naissance, et jette-t-il ainsi quelque obscurité sur les prophéties ? Je vous réponds que ce n’était point obscurcir la vérité, mais que c’était au contraire la découvrir davantage. En effet, s’il est né à Bethléem, quoique ordinairement sa mère demeurât à Nazareth, n’est-ce pas un signe de l’action mystérieuse de la divine Providence ? C’est pourquoi il ne quitte point Bethléem aussitôt après qu’il y est né, mais il y demeure quarante jours, afin de donner à ceux qui voudraient en prendre la peine, la faculté de faire à son sujet une enquête exacte et complète.
Il y avait plusieurs raisons qui devaient porter les Juifs à cette recherche, s’ils eussent voulu s’y appliquer. Lorsque les mages arrivent, toute la ville et le roi même est frappé d’étonnement. On consulte les prophètes ; on assemble les docteurs de la loi ; sans compter beaucoup d’autres faits encore que saint Luc rapporte très-exactement, comme ce qu’il dit d’Anne, de Siméon, de Zacharie, des anges et des pasteurs, toutes choses qui pouvaient suffire à des personnes un peu curieuses, pour leur donner occasion de connaître ce qui se