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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/65

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passait. Si les mages venant de la Perse purent bien trouver le lieu de sa naissance, combien plus ceux qui étaient sur les lieux mêmes pouvaient-ils s’en instruire plus aisément ?
Il se découvre donc aussitôt après sa naissance par plusieurs miracles ; mais parce qu’ils ferment les yeux pour ne pas les voir, le Sauveur se cache quelque temps, afin de se produire ensuite d’une manière plus éclatante. Ce ne seront plus alors les mages ni l’étoile, ce sera son Père même qui le révélera et l’annoncera sur le fleuve du Jourdain. Le Saint-Esprit descendra sur sa tête lorsqu’il sera baptisé, et il lui rendra témoignage par une voix qui viendra du ciel. Jean son précurseur le publiera dans toute la Judée à haute voix, et le bruit de sa prédication remplira le désert comme les lieux habités ; ses miracles lui rendront témoignage, et la terre, la mer, et toutes les créatures élèveront leurs voix pour faire connaître sa grandeur. Ce n’est pas qu’au temps même de sa naissance, il n’ait fait assez de miracles pour découvrir qui il était. En effet, pour que les Juifs ne pussent dire : Nous ne savons ni quand ni où il est né, Dieu fait venir les mages avec tout ce qui arriva alors, pour les rendre entièrement inexcusables d’avoir négligé de s’instruire de tout ce qui se passait.
2. Mais remarquez avec quelle exactitude le Prophète parle. Il ne dit pas que le Messie demeurerait dans Bethléem, mais seulement qu’il en sortirait ; ce qui marquait expressément qu’il ne ferait que naître en ce lieu.
Quelques téméraires ont osé soutenir que cette prophétie regardait Zorobabel et non Jésus-Christ. Mais quelles raisons peuvent-ils apporter, puisqu’on ne peut pas dire de Zorobabel comme de Jésus-Christ : « Qu’il soit sorti dès le « commencement des jours de l’éternité ? » (Mic. 5,2) Comment aussi cette parole serait-elle vraie : « Il sortira de Juda un Roi (Mt. 2,6) » puisque Zorobabel ne naquit point dans la Judée, mais à Babylone, circonstance à laquelle il dut même son nom, comme le savent ceux qui connaissent la langue syriaque ?
Mais, outre ces preuves, toute la suite des temps confirme assez cette prophétie. Que dit la prophétie ? Tu n’es pas la moindre entre les princes de Juda ; pourquoi ? De qui te viendra ta gloire ? De Celui qui sortira de toi. Or, de cette petite bourgade, il n’est sorti personne qui l’ait illustrée et rendue glorieuse, si ce n’est Jésus-Christ seul. Mais à présent, depuis cette naissance admirable, on vient des extrémités de la terre voir cette étable et le lieu de cette crèche. C’est ce que le Prophète marquait par ces paroles : « Vous n’êtes pas la plus petite entre les princes de Juda (Mt. 2,6) », c’est-à-dire entre les princes des tribus, ce qui comprenait Jérusalem même.
Cependant les Juifs ne donnèrent aucune attention à une affaire qui leur importait si fort. Et c’est pour cette raison que les prophéties ont moins insisté d’abord sur la grandeur de Jésus-Christ que sur les grâces qu’il devait apporter aux Juifs. Lorsqu’il était encore dans le sein de la Vierge, l’ange dit à Joseph « Vous « le nommerez Jésus, parce que ce sera lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Les mages de même ne demandent point « où était né » le Fils de Dieu, mais « le Roi des Juifs. » Et il n’est pas dit ici de Bethléem : « Il sortira de vous » le Fils de Dieu, mais « le Prince qui sera le Pasteur de mon peuple d’Israël. » Il convenait que Dieu, dans les commencements, usât de condescendance en son langage pour ne scandaliser personne, et que, pour mieux attirer les Juifs, il publiât d’abord ce qui concernait leur salut.
Aussi les premières prophéties citées par l’Évangéliste, celles qui ont rapport au temps de sa naissance, ne disent-elles rien de grand ni de sublime à son sujet ; il n’en est pas de même de celles qui regardent la période de temps où éclatent ses miracles ; celles-ci parlent beaucoup plus clairement de sa divinité. Lorsque le Prophète parle des enfants qui chantèrent dans le temple les louanges du Sauveur après les œuvres miraculeuses qu’il avait faites, il dit : « Vous avez tiré votre louange de la bouche des enfants qui étaient à la mamelle (Ps. 8,4) », mais il ajoute ensuite : « Je verrai vos cieux, qui sont les ouvrages de vos mains », pour marquer clairement qu’il est le créateur de toutes choses. De même les prophéties qui parlent de son ascension font voir son égalité avec le Père, comme on le voit par ces paroles : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite. » (Ps. 109,1) Isaïe dit aussi : « Il s’est levé afin d’être le Prince des nations, et les nations espéreront en lui. » (Is. 20,10)
Mais comment le Prophète dit-il : « Que Bethléem n’est pas la plus petite entre les principales, villes de Juda » puisqu’elle est devenue célèbre non seulement dans la Judée,