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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/70

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femme, cessez de pécher, et vous remonterez bientôt sur ce trône où Dieu vous a mis d’a bord. Tant que vous serez l’esclave du péché l’Écriture vous renverra pour vous instruire1 non seulement à vos femmes, mais même aux plus viles d’entre les bêtes. En effet, l’Écriture ne craint pas d’envoyer l’homme quoique honoré de la raison, à l’école de la fourmi. S’il y a du désordre en cela, ce n’est pas la faute de l’Écriture, mais de l’homme qui a dégénéré de sa grandeur. C’est donc pour suivre cet exemple que nous vous rendons les disciples de vos femmes ; et si vous méprisez leurs instructions, nous vous renverrons à l’école même des bêtes ; et nous vous ferons voir combien d’animaux dans l’air, sur la mer et sur la terre, sont beaucoup plus chastes et réservés que vous n’êtes. Si cette comparaison vous fait rougir, rentrez en vous-mêmes, et que le souvenir de ce que vous êtes, que la frayeur de cet abîme de l’enfer, et de ce fleuve de feu, vous fasse renoncer pour jamais aux eaux meurtrières du théâtre. Car c’est cette eau qui précipite dans l’enfer, et qui allume ce feu qui ne s’éteindra jamais.
7. Si celui qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère, comment ne deviendra-t-il pas mille fois adultère, celui qui veut bien la voir dans cette nudité ? Le déluge autrefois ne submergea pas tant d’hommes, que ces femmes qui nagent n’en noient dans la honte. Si les eaux du déluge ont tué les corps, elles ont arrêté les dérèglements des âmes ; mais celles-ci au contraire tuent les âmes sans perdre les corps.
Lorsqu’il s’agit de l’honneur de votre ville, vous voulez l’emporter sur toute la terre, parce qu’elle est la première qui a donné aux fidèles le nom de chrétiens : et lorsqu’il s’agit de la vertu et de la modestie chrétienne, vous souffrez que les plus petits villages l’emportent sur vous.
Que voulez-vous donc que nous fassions, me direz-vous ? Irons-nous sur les montagnes pour nous faire moines ? C’est cela même que je déplore, que vous vous imaginiez qu’il faille être solitaire pour devenir chaste. Les lois que Jésus-Christ a établies sont communes à tous. Lorsqu’il dit : « Si quelqu’un voit une femme avec un mauvais désir (Mt. 5,28) », il ne le dit pas à un solitaire, mais à celui qui est engagé dans le mariage, puisque la montagne où il donnait ces divines lois n’était pleine alors que de personnes mariées.
Considérez donc par la foi ce qui se passe à ces théâtres, et renoncez pour jamais à ces spectacles diaboliques. N’accusez point la sévérité de mes paroles. Je ne vous interdis point le mariage, je ne vous empêche point de vous divertir, mais je souhaite seulement que ce soit avec modestie, et non d’une manière brutale et honteuse. Je ne vous oblige point de vous retirer dans les déserts et sur les montagnes, mais d’être modestes, réglés, humbles et charitables au milieu des villes.
Tous les préceptes de l’Évangile nous sont communs avec les religieux, excepté le mariage ; et en ce point même saint Paul veut nous égaler à eux, lorsqu’il dit : « Que ceux qui ont des femmes, soient comme s’ils n’en avaient point, parce que la figure de ce monde passe (1Cor. 7,29) ; » comme s’il disait : je ne vous commande point de fuir sur les montagnes, quoique cela serait à désirer, puisque les villes aujourd’hui imitent les crimes de Sodome et de Gomorrhe ; mais je ne l’exige point de vous. Demeurez dans votre maison avec votre femme et vos enfants ; mais ne déshonorez point votre femme, ne corrompez point vos enfants, et n’infectez point votre famille par cette peste du théâtre. N’entendez-vous pas saint Paul qui dit : « L’homme n’a point la puissance de son corps, mais c’est sa femme (1Cor. 7,4) », et qui vous impose à tous deux un devoir réciproque ? Cependant si votre femme va souvent à l’église, vous l’en accusez comme d’un crime ; et vous ne croyez pas qu’elle ait droit de vous accuser, lorsque vous passez les jours entiers au théâtre. Vous demandez à votre femme une si exacte retenue, que vous passez même au-delà des bornes, en ne lui permettant pas de sortir, lorsqu’il y aurait nécessité de le faire ; et vous croyez que pour vous, tout vous est permis. Saint Paul ne vous permet point cela néanmoins, puisqu’il donne en ceci à votre femme le même pouvoir qu’à vous : « Que l’homme », dit-il, « rende à sa femme l’honneur qu’il lui doit. » (1Cor. 7,3) Quel est le respect que vous avez pour elle, lorsque vous abandonnez à une prostituée ce qui est à elle ? Car votre corps est à votre femme. Comment lui rendez-vous l’honneur que vous lui devez, lorsque vous introduisez le tumulte et le désordre chez vous ; lorsque rapportant dans votre maison ce que vous avez fait dans la ville, vous couvrez de confusion